... à Duingt
Quelques mots d'histoire
L'église de Duingt est récente : tout début du XXème siècle. L'édifice remplace une autre église qui ne dure pas même un siècle. L'église primitive se situait au fond de l'ancien cimetière du village, très petite et d'un accès périlleux. L'inventaire que l'on en fait en 1793 est pitoyable car chaque objet y est décrit comme vétuste et délabré. A cette période, Duingt ne manque pas de lieu de culte et l'on décrit une chapelle St Hélin à Dhéré, une autre à Châteauvieux et la chapelle Ste Madeleine à la Maladière.
En 1829, le projet d'édifier une église plus vaste et située dans la partie basse du village. Une "pâture communale" se trouve en limite du marais du ruisseau d'Entrevernes, pès du lac. Dans ce projet, figure l'utilisation de matériaux récupérés lors de la démolition des édifices de Dhéré et de l'église St-Germain : bois, fers, pierres et tuiles. un radier fait de troncs de sapins consolidera les fondations. Le 15 juillet 1833, la réception des travaux est faite. Peu après apparaissent des lézardes ; une ordonnace de 1862 interdit de sonner les cloches qui font bouger des murs fissurés. Le conseil municipal fait fermer l'église qui menace ruine en juin 1899.
La déconstruction du bâtiment débute rapidement ; dès la fin, le nouvel édifice, encore plus gand, est mis en chantier sur un radier bien plus important. Il faudra deux ans pour que les fidèles puissent se rendre aux offices dans un chantier sécurisé ; pendant cette période, le culte sera assuré dans un "hangar malsain et ouvert à tous les vents", situé tout à côté. La nouvelle église, toujours en travaux, est ouverte à la dévotion populaire à la Toussaint 1901 ; elle sera inaugurée le 9 octobre 1903. Dès 1910, on observe des malfaçons : la voûte de la nef se fissure car le clocher s'enfonce dans le sol et tend à s'incliner au couchant. En 1950, un échaffaudage et des grillages sont installés dans le choeur pour prévenir les chutes de plâtre de la voûte. Un sondage effectué près du clocher en 1970 descend jusqu'à 18 mètres sans rencontrer de roche et ne ramène que des limons. Peu après l'inauguration, deux Séquoias Gigantea (ou Wellingtonia) sont plantés sur le parvis car leurs racines stabilisent et assurent le drainage du sol. Le bâtiment estt toujours sous surveillance (études de 1994) et a été restauré en 2002 par la commune.
Le contenu remarquable de l'église Saint-Germain de Duingt
Les vitraux, réalisés à Grenoble par l'entreprise Balmet, ont la particularité de représenter des paysages et les châteaux de Duingt tels que l'artiste les a observés en 1900. Le plus intriguant se situe à gauche dans le choeur. Il relate le transfert à Châteauvieux des dépouilles de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal en 1793 [Les religieuse de la Visitation, craignant l'arrivée des troupes révolutionnaires à Annecy, transportent de nuit en barque les corps des deux saints jusqu'au pavillon lacustre du château. Les soldats viendront les récupérer deux jours après pour les ramener en fanfare en ville à la demande de la population locale]. Le vitrail symétrique à droite relate la visite de saint François à sa tante qui habite le château de Dhéré.
Le chemin de croix est du même peintre Balmet, un classique du début du XXème.
Le calice de Napoléon III. Lors de la visite du couple impérial en 1860 pour fêter le rattachement de la Savoie à la France, chaque commune devait prépare des fascines de bois en vue de réaliser de grads feux de joie souhaitant ainsi la bienvenue lors de la visite nocturne du lac. Le protocole avait prévu des feux d'artifice reflétant ceux tirés à Annecy, mais le devis étant dissuasif, le préfet choisit la solution économique des bûchers. La population dunoise ayant fait un éclairage magnifique du "marolet", l'un des points culminants de la montagne du Taillefer, l'empereur témoignera de sa gratitude en offrant un calice en métal argenté qui fait partie du patrimoine du village. Cet objet, mystérieusement disparu dans les années 70 reparaît subitement vingt ans plus tard.
Une statue de la Vierge Marie, déposée sur un socle, à droite de l'entrée, près de l'escalier menant à la tribune, mérite quelques explications.
Elle vient d'Italie, où elle a été fabriquée fin XIXème siècle et elle a été restaurée par un habitant du village. Elle était auparavant dans la grotte qui surplombe le bourg. Elle est le fruit du voeu de deux marins qui se trouvaient à bord d'une barque lourdement chargée du charbon d'Entrevernes et qui, en voie de naufrage, furent sauvés in-extremis après avoir récité un dernier Ave Maria ; ils déposèrent dans l'une des grotttes du roc de Chère une statuette en bois. La statue ayant été volée, deux jeunes filles du village font installer avec le curé cette représentation de la Vierge de Lourdes dans la grotte de Duingt. Le lieu étant peu accessible, les dunois passent leur dimanche, unique jour de repos au XIXème siècle, à réaliser le chemin d'accès, l'esplanade, les degrés et la chaire métallique comme on les découvre aujourd'hui ; les stations du rosaire seront réalisées des années plus tard. Cette statue, vandalisée en 1993, sera remplacée par celle que l'on voit actuellement dans la grotte et les fragments seront restaurés avec patience. La nouvelle statue vient d'un potier de Nancy, parent d'un paroissien d'Annecy le Vieux, qui découvrit les débris de la Vierge originale alors qu'il était en promenade dominicale sur le Taillefer.
Les documents d'état-civil conservés au presbytère ont été transférés aux archives départementales de la Haute-Savoie (AD 74) ; ils peuvent être consultés sans difficulté. Le plus ancien registre est celui des mariages et il débute en 1590 ; ceux des baptêmes et sépultures datent de 1595.
Une magnifique statue de bois, du XVIème siècle, représentant le miracle de saint Hubert et qui se trouvait dans l'église primitive est actuellement au musée-château d'Annecy, où on peut l'admirer, d'autant plus qu'elle vient dêtre restaurée avec de nouvelles couleurs.
Résumé de l'histoire de l'église de Duingt, réalisé par Jean-François Paille - 2023