Ste Marie Mère de Dieu 1er janvier 2023

Bonne année 2023 : ce passage à l’an nouveau, nous allons le vivre avec la grande tradition des vœux. Je ne sais pas pour vous, mais on se demande toujours ce qu’on va pouvoir se souhaiter… afin de ne pas rester dans les banalités…

D’une manière générale et sans trop y réfléchir, on connaît les personnes, on voit le monde dans lequel nous vivons. On entend beaucoup de choses, on voit bien ce qu’il faudrait souhaiter aux autres : du mieux, du meilleur dans leur vie… pour les gens qu’on aime. Mais est-ce qu’on y croit vraiment ?

En ce jour où notre vieux pape Benoît XVI vient de nous quitter, j’ai envie de reprendre des mots qu’il avait adressé pour Noël, en 2009, commentant l’évangile des bergers. Qu’ils soient pour nous comme des vœux pour la nouvelle année.

Les bergers ont entendu ce que l’Ange leur a annoncé. Une nouvelle qui ne les a pas laissés indifférents. Car si elle est vraie, tout est changé. Si elle est vraie, elle me concerne moi aussi. Alors, comme les bergers, je dois dire moi aussi : Allez, je veux aller à Bethléem et voir la Parole qui, là, est advenue.

Ces bergers, on apprend avant tout qu’ils étaient des personnes vigilantes et que le message pouvait les rejoindre précisément parce qu’ils étaient éveillés. Nous devons nous réveiller, parce que le message est arrivé jusqu’à nous. Nous devons devenir des personnes vraiment vigilantes. Qu’est-ce que cela signifie ? La différence entre celui qui rêve et celui qui est éveillé consiste tout d’abord dans le fait que celui rêve se trouve dans un monde particulier : il est dans son monde à lui, enfermé dans ce monde du rêve qui, justement, n’est que le sien et ne le relie pas aux autres. Se réveiller signifie sortir de cet état particulier du moi et entrer dans la réalité commune (…) Les conflits dans le monde, les difficultés relationnelles proviennent du fait que nous sommes enfermés dans nos propres intérêts et dans nos opinions personnelles, dans notre minuscule monde intérieur. (…) Réveillez-vous, nous dit l’Évangile. Venez dehors (…) Se réveiller signifie ainsi développer sa sensibilité pour Dieu, pour voir les signes silencieux par lesquels il veut nous guider, les multiples indices de sa présence. (… Car) dans toute âme, en chacun, est présente (…) l’attente de Dieu et la capacité de le rencontrer. Pour obtenir cette vigilance, cet éveil à l’essentiel, nous allons prier, pour nous-mêmes et pour les autres. Et j’ajoute, nous souhaiter de bons vœux pour une bonne sensibilité à Dieu. Osons souhaiter cela à nos voisins…

L’Évangile nous raconte que les bergers se dirent l’un à l’autre : « Allons jusqu’à Bethléem … Ils y allèrent, sans délai » (Lc 2, 15ss). « Il se hâtèrent » dit littéralement le texte grec. Ce qui leur avait été annoncé était si important (…) Bien sûr, la curiosité les poussait aussi, mais surtout la fébrilité liée à la grande réalité qui leur avait été annoncée précisément à eux, des petits et des hommes apparemment insignifiants. Ils se pressèrent, sans hésitation.

Dans notre vie ordinaire, il n’en va pas ainsi. La majorité des gens ne considère pas comme prioritaires les affaires de Dieu, celles-ci ne nous pressent pas immédiatement. Et nous aussi, bien souvent, nous les renvoyons à plus tard. Avant tout nous faisons ce qui, ici et maintenant, apparaît urgent. Dans la liste des priorités, Dieu se retrouve souvent presqu’à la dernière place. Il sera toujours temps – pense-t-on – de s’en préoccuper. L’Évangile nous dit : Dieu a la plus grande priorité. Si quelque chose dans notre vie mérite urgence, c’est seulement la cause de Dieu. (…) C’est précisément cela que nous enseignent les bergers. Nous voulons apprendre d’eux à ne pas nous laisser écraser par toutes les choses urgentes de la vie quotidienne. Nous voulons apprendre d’eux la liberté intérieure de mettre au second plan les autres occupations – pour importantes qu’elles soient – pour nous approcher de Dieu, pour le laisser entrer dans notre vie et dans notre temps. Le temps consacré à Dieu et, à partir de Lui, à notre prochain n’est jamais du temps perdu. Allez ! souhaitons-nous encore que Dieu passe en priorité dans nos vies, et voyons comment faire pour cela !

Enfin, certains commentateurs de l’évangile font remarquer que ce sont les bergers les premiers, ces âmes simples, qui sont venus auprès de Jésus dans la crèche (…) Ils ajoutent : ceci va de soi. Les bergers habitaient à côté. Ils n’avaient qu’à « traverser » (cf. Lc 2, 15) comme on parcourt une courte distance pour se rendre chez les voisins. Les savants, les mages, en revanche, habitaient loin. Ils devaient parcourir un chemin long et difficile, pour arriver à Bethléem. Et ils avaient besoin d’un guide et d’indication. Eh bien, aujourd’hui encore, il y a des âmes simples et humbles qui sont toutes proches du Seigneur. Elles sont, pour ainsi dire, ses voisins et peuvent facilement aller chez Lui. Mais la majeure partie de nous, hommes modernes, vit loin de Jésus Christ, de Celui qui s’est fait homme, de Dieu qui est venu au milieu de nous. Nous vivons dans les réflexions, dans les affaires et les occupations qui nous absorbent entièrement et depuis lesquelles le chemin vers la crèche est très long. (…) Dieu doit sans cesse nous pousser et nous aider, afin que nous puissions sortir de l’enchevêtrement de nos pensées et de nos engagements et trouver le chemin qui va vers Lui. Mais il y a un chemin pour tous, (…) des signes adaptés à chacun. Il nous appelle tous, pour que nous aussi puissions dire : Allons, « traversons », allons jusqu’à Bethléem – vers ce Dieu, qui est venu à notre rencontre. Oui, Dieu s’est mis en chemin vers nous. (…) Il vient à notre rencontre. Il a parcouru la plus grande partie du chemin. Maintenant, il nous demande : Venez et voyez combien je vous aime. Venez et voyez que je suis ici. Allons ! Dépassons-nous nous-mêmes ! Faisons-nous, de mille manières, voyageurs vers Dieu en étant intérieurement en route vers Lui. Mais aussi par des chemins très concrets – dans la Liturgie de l’Église, dans le service du prochain, où le Christ m’attend.

(…) Écoutons un père de l’Église, Origène nous dire : « A quoi bon pour toi que le Christ soit venu une fois dans la chair, s’Il ne venait pas jusqu’en ton âme ? Prions pour qu’il vienne quotidiennement à nous et que nous puissions dire : je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20) »

Oui, nous voulons prier pour cela. Seigneur Jésus Christ, toi qui es né à Bethléem, viens à nous en ce début de l’année nouvelle ! Entre en moi, dans mon âme. Transforme-moi. Renouvelle-moi. Et mes vœux pour le nouvel an sont ceux-ci : que nous devenions tous et toutes des personnes vivantes, dans lesquelles ton amour se rende présent et que le monde en soit transformé. AMEN