MERCREDI DES CENDRES — Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz
Newsletter

MERCREDI DES CENDRES

Retrouvez l'homélie du Père CHASSE
Tout un programme pour vivre pleinement ce carême

« Souviens-toi : Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». Quand le prêtre prononce ces mots avant d’imposer les Cendres sur le front ou dans la main d’une personne, on a parfois des surprises : il arrive que quelqu’un d’un peu distrait arrive et quand le prêtre dit : « tu es poussière… » la personne répond « amen » et ouvre la bouche… ! Comme si les cendres devaient aller dans sa bouche. Ce n’est pas si rare ! Ça fait réfléchir. C’est sûr que les Cendres ne vont pas dans la bouche, mais sur le front ou dans la main. Le souci, c’est que très vite on les oublie. On ne les voit plus. Les cendres s’envolent vite. On va vite se laver les mains en rentrant chez nous…

Je me demande parfois si ce n’est pas là dans la bouche qu’il faudrait qu’elles aillent… pour qu’on en garde le goût longtemps, pour surtout que l’on s’en souvienne. Qu’on se rassure : on ne va pas changer pas la liturgie aujourd’hui, mais il faudrait qu’on s’en souvienne !

Sur la signification des Cendres, il faut aller lire le livre de Jonas, ce prophète que Dieu envoie prêcher à Ninive. Les gens de Ninive vivent dans le péché et Jonas est chargé de leur dire que s’ils ne se convertissent pas, Dieu va détruire la ville. Jonas commence à prêcher et le résultat est inattendu. Il est écrit : « Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre. »  (Jonas 3, 5-6). Il se leva de son trône, quitta son manteau pour mettre de la toile à sac et s’assit sur la cendre. 3 actions très importantes du roi.

Il se lève de son trône. Car le roi sur son trône, que fait-il ? Il contrôle. C’est ce qu’il aime faire : contrôler le royaume, ses sujets, ses citoyens, lui-même. Il contrôle tout. Nous, c’est ce qu’on aime aussi : contrôler. Assis sur notre petit trône, on oublie tout le reste. La seule personne qui compte, c’est nous, notre confort, ce que nous voulons pour notre vie. C’est ce que le roi assis sur son trône veut. Tout tourne autour de lui, de son confort.

Il est donc important de se lever de ce trône, où l’on sommeille tranquillement. Le carême c’est cela. C’est ce qui nous est demandé : de nous lever de ce trône sur lequel nous sommes depuis si longtemps et où nous contrôlons et où nous dormons. C’est la Parole qui vient nous détrôner. « Debout ! réveille-toi ! « Eveille toi, ô toi qui dors, et le Christ t’illuminera » (Ephésiens 5,14). Aujourd’hui frères et sœurs, Dieu nous parle. Qu’attends-tu pour bouger, pour sortir de ton sommeil, de ta petite fierté, de ton orgueil, de ces petits plaisirs qui font la loi chez toi, de ta grandeur et de ta taille, de ta santé, de ta vie morale… Ah ça oui ! on est important. Pire même : sortir de ta grandeur spirituelle (Je vais à la messe, je fais ma prière...) Tu peux être pur à tes yeux… tu n’est pas lavé de ses souillures.

La 2e chose que fait le roi de Ninive : il quitte son manteau. Son manteau royal fait d’étoffe précieuse dans lequel il existe aux yeux du monde. On a aussi besoin de faire cela : ce qui fait notre apparence, nos capacités, nos qualités, nos biens : enlève ce manteau ! Tu es né poussière… à ta naissance, tu es nu dans les bras de ta mère. Ne l’oublie pas. Il n’y a rien vraiment dont tu puisses être fier, surtout pas du manteau que tu portes. Quitte ce manteau et regarde la réalité nue de ta vie, mais regarde-la dans la lumière de Dieu.

Dans l’évangile du pharisien et le publicain (Luc 18, 9-14), le pharisien prie à voix haute : « Merci mon Dieu, car je ne suis pas comme lui là » Ce pharisien est drapé dans son manteau de sainteté. Et il critique l’autre. On sait toujours critiquer les autres, voir ce qui ne va pas bien chez eux, ce qu’ils ne font pas bien. C’est qu’ILS ne sont pas bien !! Mais cela, nous ne l’appliquons jamais à nous-mêmes… Quitte ce manteau et viens te mettre dans la présence de Dieu, nu devant lui ! Demandons à Dieu son aide : qu’il nous révèle cela. Dans notre manteau, on cache tellement de choses…
Un ami prêtre était allé au Canada. C’était l’hiver et tous les gens dans la rue étaient vêtus de noir. Il pose la question à une dame : mais pourquoi les gens sont-ils tous en noir ? Elle répond : « Père vous ne savez pas ? C’est parce que le noir, ça cache beaucoup de choses ». Ça cache les rondeurs, par exemple… ce qu’on n’aime pas montrer. On déteste montrer ça au monde. C’est pour cela qu’on aime l’hiver au Canada : on peut porter nos habits noirs, pour cacher ce qu’on veut! Voilà un deuxième appel pour ce carême : quitte ce manteau, regarde ta réalité, la réalité de ton âme, de ta conscience, en présence de Dieu. Demande-lui ce qu’il faut changer en toi !

La 3e chose : le roi se couvrit d’un sac. Ce n’est pas confortable la toile à sac : ça gratte. On préfère nos manteaux d’étoffes soyeuses, qui ne grattent pas. Aujourd’hui, prenons le sac et la cendre ! Regardons ce qui nous démange, ce qui nous irrite et ne nous laisse pas en paix : ce conflit non résolu, cette personne que je croise et à qui je ne dis pas bonjour, cette épouse à qui je ne peux pas parler sans me fâcher, ou ma sœur, mon frère… que je ne peux pas m’empêcher de critiquer… Que de choses me démangent… quand j’y repense !

Ou en suis-je ?

Si je peux vivre ces trois moments de manière vraie pendant ce carême, cela pourra aller jusqu’à tirer des larmes de mes yeux. Mais pour ensuite pouvoir danser, comme le dit le psaume (29,12) : « tu as changé mon deuil en une danse, tu as retiré le sac que je portais et tu m’as revêtu de joie. Je te louerai sans fin. »  Frères et sœurs, laissons Dieu nous revêtir lui-même ! Demandons-lui de nous rappeler ce message tout au long de ces 40 jours, afin qu’on ne l’oublie pas. Fermons les yeux un instant :

 

Merci Seigneur pour ce temps de carême, pour ce mercredi des cendres où tu nous demandes de nous lever de nos trônes, ces tours de contrôle de nos vies ; où tu nous demandes de quitter nos manteaux décevants, de toutes nos apparences, de tout ce qui ne nous laisse pas en paix, pour nous asseoir sur la cendre, sur la réalité nue de nous-même. Tu viens nous laver, nous revêtir de sainteté, nous revêtir du Christ, et danser avec nous ! Amen.