Dimanche 24/12/2023 - 4ème Dimanche de l'Avent — Année B — Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz

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Dimanche 24/12/2023 - 4ème Dimanche de l'Avent — Année B

"Je vous avoue que l’une de mes grandes joies de prêtre, c’est de découvrir des choses nouvelles, des significations nouvelles dans les textes d’évangile..."

Peut-être que certains d’entre vous pensent que, nous les prêtres, à force de lire et de commenter l’évangile, nous savons tout, nous n’avons plus rien à apprendre! Eh bien, il n’en est rien, j’espère d’ailleurs que tous mes frères prêtres sont comme moi et qu’aucun d’entre eux n’est blasé, habitué en se laissant aller à une lecture et un commentaire routinier des Écritures. En tout cas, quand je découvre quelque chose de nouveau, une signification nouvelle, je suis toujours habité par une très grande joie.

Sur l’évangile d’aujourd’hui, j’ai entendu un commentaire de la pasteure Nicole Fabre sur la radio RCF. Quand elle commente l’évangile, très souvent, je trouve une perle dans ses explications et ça a été encore le cas. Elle s’est arrêtée sur la réponse de Marie à l’ange qui vient de lui annoncer qu’elle va mettre au monde un enfant : « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »

Cette réponse de Marie est curieuse et nous étonne car elle connaît bien un homme : il nous est dit qu’elle est fiancée à Joseph. Mais voilà : ils sont juste fiancés. Ils n’habitent pas ensemble. Il ne peut pas être question d’un enfant à ce stade. Donc… comment cela va-t-il être possible ?

La pasteure Nicole ajoutait - et ça je ne l’avais jamais entendu – qu’on pourrait entendre autrement  « plus finement » disait-elle la réponse de Marie. Sa question : « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » pourrait aussi vouloir dire : « je ne connais pas d’homme qui soit capable d’être le père d’un tel fils ! »

Et comme elle a raison de dire cela, Marie ! En effet, quel père pourrait être capable de donner la vie à un fils quand on entend ce que l’ange dit de lui ? Tu lui donneras le nom de Jésus, c’est à dire littéralement Dieu sauve. Il sera grand, c’est l’attribut même de Dieu. Il sera appelé Fils du Très-Haut, on va loin dans le lien qui l’unit à Dieu. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin…

Bref, il sera le Messie envoyé par Dieu que tout Israël attend. Et Marie a bien compris que c’est le début d’une incroyable histoire… tellement nouvelle, et qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer ; une histoire dans laquelle Dieu lui-même va prendre les choses en main. Alors, dans ces conditions, comment s’étonner ? Marie se sent complètement dépassée : mais où est-ce que ça va mener ? et comment ça va se passer ? Et quel homme pourra être le père d’un tel enfant ? Quand Dieu appelle des personnes pour travailler à son royaume, il ne voit pas les choses comme nous les voyons : les capacités, les diplômes, les moyens… Je te bénis Père, car tu as caché tout cela aux sages et aux savants, dira Jésus bientôt. Ne soyons pas surpris d’être sollicités pour un service ou l’autre dans l’Église ou la société. Et croyons qu’en toute chose, nos vies sont dans les mains de Dieu.

Si je regarde du côté de Joseph, il me semble qu’il a compris exactement la même chose. C’est dans l’évangile de Matthieu cette fois ; il nous est dit que, lorsque Joseph apprend que Marie est enceinte, il décide de la renvoyer en secret. S’il prend cette décision, ce n’est pas parce qu’il a un doute sur la moralité de Marie, pas du tout. Il a compris autre chose. Il réalise qu’il n’y a plus de place pour lui dans ce destin qui est celui de Marie, dans ses affaires avec Dieu. Joseph décide donc de se retirer sur la pointe des pieds pour ne pas faire obstacle au projet de Dieu qui a confié une grande mission à celle dont il est pourtant épris, amoureux. Tant pis… Il va s’effacer… jusqu’à un songe qu’il fait : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie ton épouse.  

Et nous voilà par Marie et par Joseph provoqués nous-mêmes dans l’attente de Noël.

Pour le dire en deux mots :

Nous sommes provoqués à l’humilité. Il fait bon se sentir tout petits, quand c’est Dieu qui mène la danse. Croyons-le : Dieu n’a rien à faire avec les puissants, et les superbes et les riches ni avec ceux qui croient savoir d’avance et ceux qui veulent tout maîtriser. Sachons-le : notre Dieu nous surprendra toujours. Demandons lui juste la foi et la confiance pour ne pas être tenté de lui dire non. La vraie attente du sauveur est une attente humble qui fait de la place pour de l’inattendu. Voilà le vrai berceau où Jésus va naître : loin de la salle commune, dans une humble mangeoire d’animaux. Le vrai berceau où Jésus veut naître demain, c'est l’humble berceau de notre cœur. Amen

P. Gilles Chassé

Avec ces précisions, nous comprenons un peu mieux le sens des paroles que nous disons quand nous proclamons notre foi à propos de la divinité de Jésus dans la version longue du Credo : Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, de même nature que le Père ; et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.

C’est pour cela qu’il faut refuser toutes les présentations de Jésus qui font de lui un homme extraordinaire. Jésus n’a pas été seulement un prophète plus grand que tous les autres prophètes. Jésus n’a pas été seulement un témoin de l’amour vivant l’amour mieux que tous les hommes. Jésus n’a pas été seulement un sage donnant des leçons de vie qui devraient tous nous inspirer. Toutes ces présentations qui ont peut-être un peu moins de succès maintenant mais qui ont foisonné dans les années 70 ratatinent le mystère de la foi. Si Jésus n’est qu’un homme, même s’il est un homme extraordinaire, nous ne sommes pas sauvés. Vous savez ce n’est pas un hasard si on s’est mis à compter les années à partir de cet événement de Noël, parce qu’il marque un tournant décisif dans l’histoire des hommes, c’est bien vrai, il y a un avant Jésus-Christ et un après Jésus-Christ, mais pour cela, encore faut-il ne pas ratatiner le mystère et laisser au Fils de Dieu la possibilité de déployer la puissance de son amour salvateur.