14 EME DIMANCHE ORDINAIRE 2022 — Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz

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14 EME DIMANCHE ORDINAIRE 2022

Retrouvez l'homélie du Père CHASSE de ce 3 juillet

Ce mercredi 29 juin, nous avons rencontré le P. Yves Le Saux, notre futur évêque. La soixantaine, il arrive du diocèse du Mans, il a passé beaucoup de temps à Paray le Monial. Et y a trouvé sa devise épiscopale « Jésus doux et humble de cœur ». Il sera installé chez nous le 21 août prochain à St Maurice à Annecy.

Un peu avant, le 23 juin, je me suis rappelé ce 23 juin 1991, le jour où j’ai été ordonné prêtre. J’ai reçu l’étole et la chasuble, comme un habit de fête, dans la joie de mes 30 ans… et aussi comme un habit de travail, pour aller dans la vigne du Seigneur. Je repense à ce chant qu’on reprend parfois : « Comme le Christ, savoir dresser la table, comme lui, nouer le tablier, se lever chaque jour et servir par amour, comme Lui »

Comme lui, Jésus, quand il envoyait ses 72 disciples : prêts à en découdre, prêts à partir, le tablier aux reins. Ils étaient au taquet, comme nous, mes jeunes confrères et moi dans ces premières années, comme vous peut-être !

Mais dès le début, Jésus a dit : attention, les ouvriers ne sont pas assez nombreux. Nous le savions nous aussi à l’époque, déjà. C’est encore vrai aujourd’hui. C’est vrai à toutes les époques : les ouvriers manquent toujours à l’appel.

Regardez, a dit Jésus un jour aux disciples : les champs sont blancs pour la moisson ». Cette terre a été bonne ; le grain a pu y germer. Vous en doutez ? Il ne faut pas douter de la terre des hommes et des femmes : ce n’est pas une friche, un terrain vague, ce n’est pas un tas d’ordure, ni une déchetterie. C’est une terre où Dieu a labouré et où il a semé. Maintenant il faut moissonner. Moissonner, ça veut dire quoi : ça veut dire d’abord ouvrir les yeux et regarder ces champs tout autour ; regarder la vie partout où elle germe et grandit…

Jésus savait voir la vie, partout, même en ses traces les plus infimes. Il la devinait enfouie dans le cœur des gens qu’il croisait. Il la voyait chez les païens, chez les étrangers, comme cette femme cananéenne qu’on avait accusée et qu’on voulait mettre à mort ; il la voyait encore chez cette femme veuve qui mettait des petites pièces en offrande, au Temple. Il la voyait cachée, chez le collecteur d’impôt Zachée, qui était mal vu et qui se planquait du monde. Et il l’a toujours mise en valeur. Et on en parle encore aujourd’hui.

La vie il la voit chez nous… ici. Dans notre paroisse, où il y a des hommes et des femmes qui passent, et qui attendent sûrement qu’on leur fasse signe…

Mais ici aussi, les ouvriers toujours aussi peu nombreux ! Jésus nous dit : Priez donc le maître de la moisson. Et puis il dit aussi : Allez ! Je vous envoie… Prier, et puis aller. D’un seul tenant. La prière et la mission. Pas de prière qui nous laisse à la maison sur le canapé. Et pas de mission qui ne commence par la prière.

Le maître de la moisson attend qu’on prie et en même temps, il nous fait aimer et désirer la prière ; il nous fait désirer lui parler et lui confier nos efforts pour son Royaume. Il nous fait désirer voir grandir les autres, voir grandir leur foi, voir grandir leur témoignage.

Il nous met en ce moment sur un chemin de synodalité qui va peut-être changer des choses à l’avenir. Et nous avons été quelques-uns sur la paroisse à réfléchir à cela. Nous attendons une belle moisson de ce synode.

Mais : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales…

Hé oui : n’oublions pas que nous n’allons pas vers la tranquillité, ou vers l’insouciance ? sûrement pas. Nous allons … comme des agneaux au milieu des loups ; nous ne partons pas avec nos super pouvoirs, qui pousseraient les autres à croire… grâce à nos super liturgies, nos super sacrements ou nos super homélies. Non. Comme des agneaux, c’est à dire dans une certaine faiblesse, pas avec beaucoup de moyens ; avec en nous la joie, un témoignage de paix, et surtout ne quittant jamais le berger des yeux. Comme des agneaux, quoi.

Dans l’évangile, les 72 disciples sont partis et ils reviennent tout joyeux. Ils racontent comment ils ont pu guérir, faire face aux pires démons. Il est étonnant ce décalage entre leur faiblesse au départ, leur manque de moyens et puis les bienfaits qu’ils ont obtenus. Ce décalage, il est important, il est voulu : la faiblesse des moyens, et pourtant l’abondance de la moisson. Ce n’est pas leur puissance, ce n’est pas leur mental à toute épreuve qui a permis cela. Jésus les a vraiment envoyés comme ils sont, sans rien.  C’est assez extrême cette affaire-là, je trouve. Et cela met en question ce qui fait ma vie habituelle. L’anticipation, l’imagination, le contrôle : ce n’est pas la priorité. Les disciples partent en ne s’appuyant que sur la confiance qu’ils ont en Jésus. En revenant, ils auront découvert que l’essentiel est venu de Dieu, que tout venait de lui.

Maintenant, il ne s’agit pas de revivre à l’identique l’aventure des disciples, mais de faire l’expérience qu’au cœur de nos vies actuelles, et au cœur de nos communautés que Dieu est toujours devant.  Le moment serait bon pour nous ces jours-ci de regarder tout ce qui ne vient pas de nous, ce qui nous dépasse et qui rend finalement la vie plus belle que celle qui serait née de nos propres forces.

Moissonneurs, ou travailleurs dans la vigne, nous n’avons pas à nous inquiéter : le Christ nous envoie avec sa joie, sa présence à nos côtés, sa grâce : si on peut dire, nous sommes « grâcement » payés…. Nous pouvons rendre grâce. Et inviter les uns et les autres autour de nous à prendre eux aussi le tablier. Amen.