L'Eglise Saint-Paul de Meythet
Visite de l'église
La plaque commémorative : (à droite en entrant)
Après avoir franchi la porte médiane, nous entrons dans l’église. Le regard est captivé par la nef, par le volume et par ses courbes. Mais avant d’avancer plus loin, prenons le temps de regarder, sur le mur de droite tout près de l’entrée, la plaque commémorative qui rappelle tout d’abord la phrase de saint Jean qui a guidé la conception de l’église et son architecte Jacques Hergott : « Le Christ a planté sa tente parmi nous. » (Jean 1/14). Figurent également les dates de la pose de la première pierre (1er décembre 1996) et la date de la consécration de l’église (le 11 novembre 1998). Derrière cette plaque est scellé un parchemin retraçant l’histoire et les acteurs de cette construction.
Les douze colonnes
En avançant dans l’allée centrale, la perspective s’ouvre sur le chœur. Nous constatons que les bancs, pouvant accueillir 360 fidèles, sont entourés par douze colonnes qui représentent les douze apôtres, colonnes de l’Eglise, ou encore les douze tribus d’Israël. Les colonnes enveloppent l’assemblée qui constitue ainsi « l’ecclesia » en grec. C’est de là que vient le mot « Eglise ». Les douze colonnes prennent naissance dans le chœur de l’église, devant le Christ ressuscité qui enserre les douze colonnes de ses bras et invite ainsi les fidèles dans l’assemblée à se rassembler autour du Christ et à ne faire qu’un dans un amour fraternel.
Sur les quatre dernières colonnes, vous pouvez remarquer quatre croix de consécration qui évoquent les quatre évangélistes témoins de la Bonne Nouvelle du Christ. Chaque croix a reçu une onction d’huile Sainte par l’évêque le 11 novembre1998, jour de la consécration de l’église.
La découverte du Chœur
Devant nous, le chœur est conçu comme « une anamnèse », c'est-à-dire un élément qui nous permet de nous remémorer la vie du Christ en faisant sa profession de Foi : « Souviens-toi ! N’oublie pas ! Faites ceci en mémoire de moi ! » a dit Jésus à ses apôtres le soir du jeudi Saint. C’est ce que nous évoquons à chaque messe après la consécration. Une des formules qui correspond bien au chœur de notre église est celle-ci :
Christ est venu, Christ est né,
Christ a souffert, Christ est mort,
Christ est ressuscité, Christ est vivant,
Christ reviendra, Christ est là.
La statut de la Vierge de la Présentation : Christ est venu, Christ est né.
Cette statut en pierre blanche était présente dans l’ancienne chapelle qui a fait office d’église de 1964 à 1998. Les religieuses du monastère de Bethléem à proximité d’Aix les bains ont coloré cette Vierge dans des couleurs en harmonie avec celles de la fresque.
La Vierge debout sur le globe terrestre, porte l’enfant Jésus à bout dans bras, dans un geste de présentation et d’offrande. La tête inclinée vers l’enfant, un fin sourire illuminant son visage ; elle nous invite à accueillir le fils du Père. Ouvrir nos cœurs et nos vies à cet enfant. Telle semble être son invitation : accueillez-le et prenez-le dans vos bras !
L’enfant Jésus, quant à lui, tend les bras dans une attitude d’accord parfait avec sa mère. Ses yeux sont ouverts, son sourire radieux de bébé attend que nous nous décidions à lui tendre nos bras à notre tour.
Le Christ en croix : Christ a souffert, Christ est mort.
Ce Christ sculpté dans du chêne est l’œuvre d’un artiste parisien : Xavier Dambrine. Ce qui frappe au premier regard, ce sont les mains recroquevillées par la souffrance. Voici le témoignage de l’artiste sur son œuvre : « Mr Hergott l’architecte voulait un Christ sculpté en croix, qui soit en contraste avec un Christ peint à côté en fresque : le Christ de la résurrection. Pour ce contraste il voulait un Christ vraiment mort, non seulement en croix, mais qui soit très souffrant, parce qu’on peut représenter le Christ en croix comme ayant déjà une certaine élévation. L’idée était de faire un Christ à l’apothéose de la souffrance et de la mort. C’est pour cela qu’il est vraiment très dur … Ce Christ est très douloureux, les bras sont tendus, la tête en bas. Dans ce Christ, c’est une seule courbe qui relie le bras aux pieds. Pour cette sculpture, les bras sont rajoutés : c’est un assemblage de menuiserie néanmoins l’arbre que j’ai trouvé avait déjà sa forme, vous voyez cette courbe là, tout cela c’est le fil du bois, en fait c’est la direction. En plus il y avait une légère torsion qui correspondait à se mouvement d’enroulement.
La fresque d’Arcabas « Dans la lumière du Ressuscité » :
Christ est ressuscité, Christ est vivant
C’est ainsi, qu’aidé de deux assistants, il commença l’exécution de sa fresque pour l’achever trois semaines plus tard le 7 juillet 1998.
Lorsque le 29 novembre de la même année, devant présenter sa fresque au public, il ne put se déplacer pour raison de santé, voici le texte qu’il nous fit parvenir : « Une œuvre d’art peut plaire, comme elle peut déplaire, ou laisser indifférent. Elle ne s’adresse que peu à la raison, elle s’adresse au cœur. Aucun commentaire ne peut convaincre du contraire. Et c’est bien ainsi. Pourquoi ? Parce que le langage des mots et l’expression de la peinture sont parallèles et hétérogènes, chacun exprimant des choses que l’autre ne peut exprimer. La preuve irréfutable est qu’ils perdurent côte à côte depuis des millénaires. C’est pourquoi je ne parlerai pas de mon œuvre… »
Voici également le commentaire d’un critique d’art : « Fresque de 72 m2, Arcabas signe là une œuvre religieuse parvenue au sommet de son art, élégante dans le mouvement, appropriée dans les tons chaleureux et flamboyants des couleurs, excessive dans la beauté qui s’en dégage. C’est une peinture qui mérite que l’on prenne le temps de l’attention, de la méditation. Jésus Ressuscité est littéralement assailli par les anges qui pénètrent, pour certains, jusque dans l’espace de son intimité ; mais sa sérénité, sa majesté, sa gloire, dominent toute chose. Le message d’Arcabas est clair : Le Christianisme, avec la résurrection de Jésus, sa majestueuse force tranquille, que rien ne peut contrarier, est une œuvre de vie, de vie éternelle, pas de mort. »
Le tabernacle : Christ reviendra, Christ est là
Le tabernacle est cette petite armoire dans laquelle on stocke les hosties consacrées. Une lumière signale la présence de ces hosties. Dans notre église, le tabernacle est conçu comme lieu de la réserve eucharistique et de la présence du Christ qui vient illuminer nos vies. La Silhouette du ciboire, mise en valeur par un éclairage diffus, est embellie par l’évocation du soleil sur la porte en verre. Si vous prenez le temps de faire une petite halte d’adoration devant le tabernacle, vous serez surpris de constater que, dans le verre, sont présentes des bulles d’air. Ce n’est pas une malfaçon, mais l’expression d’une explosion : la lumière du Christ ressuscité et vivant, fait voler en éclats les ténèbres et les chaînes de la mort : il fait irruption en nos vies et réalise pour nous l’expérience de saint Paul : « Avec le Christ je suis crucifié ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2/19-20)
Le Baptistère : Christ reviendra, Christ est là
En nous approchant du baptistère, nous sommes immédiatement plongés dans un bain de lumière, rappelant une des premières dénominations du baptême dès les premiers siècles : « l’illumination ». Cependant l’eau n’est pas absente, car la vasque en verre, ronde et concave sous face est là pour recueillir l’eau qui servira aux baptêmes. En levant la tête, nous remarquons une grande verrière résumant en elle, les deux symboles de l’eau et de la lumière évoqués par l’harmonie des couleurs jaunes et bleu. Un portique lumineux amplifie encore l’éclairage. La cuve baptismale ainsi que le mobilier de l’église est l’œuvre de l’architecte décorateur Frédéric Garreau.
L’oiseau qui plane sur les fonts baptismaux n’est pas une colombe, mais il est le symbole de l’Esprit de Dieu qui plane sur les eaux, l’Esprit créateur du début de la bible (Genèse 1/2b). L’oiseau est une œuvre du sculpteur René Broissand.
Le mobilier liturgique
Terminons cette visite du chœur par l’autel et l’ambon conçus par Frédéric Garreau. A noter, pour les trois meubles (autel, ambon, fonts baptismaux) l’emploi de matériaux identiques : verre recuit ou sablé, joncs d’altuglass et intégration dans chaque meuble d’une source lumineuse, un plan polygonal (deux côtés pour l’ambon, huit pour l’autel, six pour le baptistère) et enfin une ouverture pour l’extrémité supérieur du mobilier évoquant l’attitude d’orant, de priant.
L’autel
Il est décoré avec le chrisme qui est le monogramme (emblème qui réunit plusieurs lettres en un seul dessin) du nom du Christ formé par l’assemblage des lettres grecques X et P.L’empereur Constantin l’aurait fait graver sur les boucliers de ses soldats et sur l’étendard impérial après sa victoire sur Maxence en 312. « Par ce signe tu vaincras ». Le chrisme figure sur de nombreux monuments et sarcophages chrétiens.
L’ambon
Lieu de la proclamation de la Parole, il est décoré avec l’alpha & l’oméga, première et dernière lettre de l’alphabet grecque. « Je suis l’Alpha et l’Oméga » dit le Seigneur Dieu. « Celui qui est, qui était et qui vient, le Tout puissant » (Apocalypse 1/8)
En sortant de l’église
Le clocher
Lorsque vous serez sur le parvis, vous pourrez vous arrêter quelques instants pour regarder le clocher, ou plus exactement le campanile, constitué de deux voiles de béton. La grosse cloche suspendue date de 1898 et provient de l’ancienne église de l’Annonciation qui se trouve près du pont de Tasset à la limite entre Cran Gevrier et Meythet. Cette cloche a été financée par les paroissiens et les municipalités de Cran et de Meythet. Lors de la construction de la nouvelle église, notre paroisse eut la joie de recevoir cette cloche en cadeau de reconnaissance et de souvenir de ce passé commun entre nos deux localités. La cloche pèse 892 kg, son diamètre de base est de 1.13 m pour une hauteur de 1.15 m. Sa note est le « fa naturel ». De nombreuses inscriptions courent tout autour de sa robe, dont celle-ci : « Je m’appelle Georgine Augustine, mon rôle principal est d’appeler à l’église. Puissent ceux qui m’entendent sonner, comprendre qu’un jour passé dans la maison du Seigneur vaut mieux que mille années dans un siècle. » Depuis le 17 décembre 2000 Georgine Augustine est accompagné de 17 nouvelles cloches. Le carillon provient des fonderies Paccard. Les ritournelles et les sonneries rythment les journées des habitants de Meythet. Les enregistrements ont été adaptés et réalisés par le Père Daniel Barrel (prêtre constructeur de cette église Saint Paul).
La façade de l’église
Vous pouvez observer que la structure des portes forme un carré et que la rosace, quant à elle, inscrit un cercle dans la façade. C’est la même symbolique qui a présidé à la conception de notre église, celle que vous avez pu découvrir sur la plaque commémorative à l’entrée : un cercle (l’assemblée) inscrit dans un carré (l’église). Dans la symbolique chrétienne, la terre est représentée par un carré (les quatre points cardinaux) et le ciel par un cercle.
Ainsi, en passant devant notre église, vous pourrez vous rappeler que la terre et le ciel sont en communion.
Silhouette de l’église et intégration dans le quartier
Découvrant l’église au cœur du quartier, nous constatons qu’elle répond bien au projet initial : « Le Christ a planté sa tente parmi nous » (jean 1/14)
Et l’architecte de l’église de s’interroger « comment signifier la spiritualité chrétienne, alors que tout le programme se veut exceptionnel, et que la hauteur n’est plus le privilège de l’église »
Ainsi dit-il « émarge l’imaginaire, l’image d’une ample toiture aux lignes courbes, portée par des poteaux extérieurs, telles les tentes des nomades ».
L’ensemble architectural de l’église évoque une tente et nous rappelle aussi que nous sommes des pèlerins sur cette terre.
Dans la lumière du Ressuscité est l’ouvrage écrit par le Père Daniel Barrel (prêtre constructeur de l’église St Paul de Meythet). L’auteur a vécu la grande aventure de la construction de l’église. Il nous fait découvrir l’histoire et l’architecture de ce bel édifice contemporain et nous propose une catéchèse sur la majestueuse fresque de la Résurrection qui illumine le chœur de l’église Saint Paul de Meythet.
134 pages en vente au presbytère au tarif de 26 €.