SCIEZ
Un peu d’Histoire
Tirée du livre "Histoire des Communes du Chablais"
de Mr H.Baud et Mr J.Y.Mariotte
édité en 1980 aux éditions Horvath
Vers 1026, un certain Tibold reçut de l'abbaye d'Agaune une terre « dans le village de Filliez dans le fisc, (domaine) de Sciez ». C'est la première mention écrite de ces localités. Peu après sans doute s'établit à Filly un prieuré de chanoines de Saint-Maurice, transformé en abbaye avant 1191, et auquel le pape Innocent IV, en 1250, soumit la paroisse de Sciez.
En 1413, l'église de Sciez et celle de Chavanez, sa « filiale », sont donc toutes deux du patronage de l'abbaye, c’est-à-dire que celle-ci a le droit de présentation du futur desservant. A partir de 1471, on constatera que le curé ne réside pas, se contentant de toucher les revenus et faisant assurer le service divin par un vicaire qu'il rémunère. Il en sera ainsi jusqu'à l'occupation bernoise
L’occupation bernoise après une courte période de grand libéralisme, se heurta à quelques difficultés que les occupants résolurent en expulsant les religieux de Filly et en installant à Sciez un ministre, un prédicant et un diacre. Ils y demeurèrent quand le Chablais fit retour au duc de Savoie. La mission de Saint François de Sales n'aboutit pas à une conversion totale de la population. Après réinstallation du curé, celui-ci à chaque mariage ou sépulture a soin de préciser sur le registre si la cérémonie a été catholique ou protestante.
L'union des paroisses
Mgr de Granier opéra alors en 1601 la réunion des paroisses de Filly et Chavanex à celle de Sciez. Le curé d'alors, Révérend Claude de Blonay, futur préfet de la Sainte Maison de Thonon, appartenait à la famille noble originaire de Saint Paul-en-Chablais et il eut avec ses paroissiens de sérieuses difficultés provenant de la diminution des revenus de la paroisse alors qu'il touchait un traitement substantiel: 150 écus d'or italiques, soit 1600 florins ou 800 livres de France. Ce fut là l'origine d'un procès qui dura, entre curés et paroissiens, jusqu'à la Révolution. Ses successeurs accrurent sensiblement les ressources du bénéfice, dont les charges étaient du reste assez lourdes. Citons notamment, outre l'entretien d'un vicaire, « l'obligation de tenir des écoles pour l'instruction de la jeunesse ». On constate, en effet, l'existence à Sciez de « petites écoles ». dès le XVI° siècle. Au XVII° siècle, l'enseignement était donné par le vicaire de la paroisse qui eut à partir de 1695 un vicaire-régent commun avec la paroisse de Massongy. Enfin, en 1726, Louise-d'Allinges-Coudrée, chanoinesse de Remiremont, léguait à la commune de Sciez différents fonds et rentes pour l'établissement d'une école de filles.
En 1741, on commença la construction d'une nouvelle église, dont les travaux furent interrompus par l'occupation espagnole. L'antique clocher roman fut conservé ainsi que le chœur de la chapelle Sainte-Catherine, où se trouvaient, « sur des chapiteaux antiques, des têtes-consoles et l'engoulement caractéristique du XI° siècle •. Cet édifice n'eut pas une longue durée puisqu'il fallut le remplacer en 1875 par l'église actuelle
L'abbaye de Filly
Il y avait à Filly dans la première moitié du XII` siècle un prieuré de chanoines réguliers de Saint-Augustin qui fut élevé au rang d'abbaye avant 1191. Les bâtiments étaient construits à 800 m au nord-ouest du village de Filly sur les bords du Vion. L'église, dédiée à Saint-Martin, devint plus tard paroissiale.
Très rapidement, le couvent acquit des biens considérables dans toutes les localités environnantes. Par bulle du 9 septembre 1750, le pape Innocent IV lui soumit les églises de Sciez, Excenevex, Yvoire, Perrignier et Burdignin, dont le monastère devenait ainsi curé primitif et touchait les revenus sur lesquels il défrayait un desservant.
Les Barnabites à Filly
Avec l'occupation bernoise, les chanoines de Filly avaient dû quitter l'abbaye dès 1537. Celle-ci tomba en ruines, tandis qu'une partie de ses biens étaient aliénés. En 1575, ce qui en restait fut attribué par le duc Emmanuel-Philibert à l'ordre des SS. Maurice et Lazare qui, avec les diverses propriétés disponibles à Sciez et aux environs, constitua la Commanderie de FiIly
L'église
L'église de Sciez est placée sous le vocable de St Maurice capitaine de la Légion Thébéenne, martyrisé en Valais en l'an 286. A son emplacement, existait probablement une chapelle qui fut érigée en église paroissiale au 11ème siècle par les chanoines de l'Abbaye de Filly. Au cours des siècles et les vicissitudes de l'histoire aidant, l'église fut reconstruite plusieurs fois.
Le bâtiment actuel, de style gothique, a été entrepris en 1873 et terminé en 1879, sous l'impulsion du curé JORDAN.
Le clocher de l'ancienne église (qui contient deux cloches en bronze de 1662 classées monuments historiques) a été conservé; mais l'on a inversé l'orientation de l'édifice. A cette époque, Sciez comptait 1842 habitants. Le cimetière entourait l'église.
Depuis, améliorations et embellissements n'ont cessé d'être apportés :
- Une restauration de la peinture date de 1953, Théophane DELALEX étant curé.
- Les bancs, le marbre du chœur, la sonorisation le chauffage au gaz ont été réalisés peu à peu.
A remarquer, les autels latéraux (Vierge et St François de Sales), avec des scènes familiales sculptées. Il y a quelques années, un nouvelle restauration de la peinture fut faite.
Retour des cloches
Après une petite remise en beauté, les cloches de l'église sont remontées dans leur clocher lundi 14 décembre 2015 après avoir été exposées dans l'église pour la plus grande joie de tous.
Un nouvel orgue pour l'église
Le 13 août 2021, après des heures acharnées de travail, l'orgue Théodor Khun, arrivé de Suisse et remonté pièce par pièce par Mr Sylvain BOUDOUX a été bénit par le père Dieudonné NSENGIMANA, curé en présence de nombreux paroissiens.
Chapelle Notre dame de Chavanex
Au hameau de Chavanex est mentionné, dès le XIII siècle (1621) une chapelle au patronage de l'abbaye de Filly à qui était due, sans doute, son érection. Devenue paroissiale du XIV° au XVI` siècle (1598), elle fut reconstruite après 1443, consacrée le 15 mars 1471, puis tomba peu à peu en ruines.
Partiellement rasée en 1894, seul subsista le chœur qui constitue la chapelle actuelle, centre de pèlerinage.
« C’est un petit monument de plan carré, voûté d'ogives moulurées d'un rang de cavets et retombant sur des consoles sculptées en ragots hideux à têtes énormes; la pierre dont ces masques sont taillés provient de la carrière voisine de Praille.
A la clé de voûte figurent les armoiries de la famille locale de Ballaison. Le mur de façade que couronne un clocheton moderne, est percé d'une porte en cintre brisé, aux arêtes amorties en chanfrein qu'encadrent deux petites baies carrées, à l'instar des chapelles rurales de la montagne savoyarde ».