Homélies anciennes
omélie du Père Pierre Masson - 6ème dimanche de Pâques - 1er mai 2016
Jn XIV (23-29)
Nous sommes proches de l’Ascension… et dès aujourd’hui la liturgie porte notre regard vers l’Eglise, le Corps du Christ, sa présence de ressuscité dans la vie des hommes. Après avoir contemplé Jésus ressuscité, nous contemplons les signes de sa présence dans la vie des hommes. Jésus n’est plus physiquement présent parmi nous mais il l’est toujours par son Esprit dans l’Eglise.
L'Eglise ? C’est d’abord pour nous ce dimanche cette ville dont parle l’Apocalypse. Une ville où réside la gloire de Dieu, où Dieu est présent par sa lumière et sa beauté. Elle est belle, cette ville-Eglise au-delà de ses laideurs. Il y a en elle la beauté de Dieu. Et surtout cette ville est ouverte aux quatre horizons : il y a dans ses murailles des portes ouvertes pour accueillir tous les hommes et pour sortir à la rencontre de tous les hommes, des portes de miséricorde pour venir puiser la miséricorde et pour aller la partager. Elle est l’Eglise que Dieu veut, celle qu’Il nous donne. Elle cache un puits de miséricorde…L’Eglise, en qui Jésus est présent, c’est aussi cette Eglise qui accepte de renoncer à des pratiques importantes pour mieux accueillir, c’est la première Eglise que l’Esprit Saint vient bousculer en lui apportant de nouveaux fidèles qui ne viennent pas du Judaïsme comme les autres et qui n’ont donc pas besoin de circoncision. L’Esprit apprend à l’Eglise à accueillir les païens pour ce qu’ils sont, dans une nouvelle simplicité, car le Christ se rencontre dans la simplicité de l’amour.
L’Eglise, enfin, c’est le lieu de la paix du Christ, la paix, pas seulement par l’absence de violence mais la paix du cœur dans la joie d’aimer et d’être aimé…La paix qu’on trouve dans la paix avec Jésus et avec les autres. L’Eglise a reçu le trésor de la Paix à partager, à donner, à faire vivre. Une ville ouverte, un accueil large et le lieu de la paix.
L’Eglise que nous contemplons ainsi c’est nous dans le sacrement de l’Eucharistie et elle sera demain ,si nous le voulons, ce que nous vivrons avec nos frères et entre nous. L’Eglise que nous contemplons est celle que nous fait vivre Jésus ressuscité pour être présent à tous les hommes. Nous ne sommes pas encore cette Eglise mais nous y sommes appelés. Le Christ nous la donne à vivre, l’Esprit n’attend que notre réponse pour l’offrir aux hommes.
Contemplons cette Eglise voulue par le Christ et laissons l’Esprit-Saint donner son visage et son corps à notre Eglise d’aujourd’hui.
Deux images nous aideront à entrer dans le mystère de l’Eglise : la première c’est l’huitre. Comme le dit un poème, c’est rugueux,
Homélie du Père Pierre Masson - 5ème dimanche - Dimanche de la santé - 7 février 2016
Lc V (1-11)
Quand l’équipe santé a préparé cette célébration, nous avons été bien étonnés par les textes que nous venons d’entendre (Isaïe 6,1-8 ; 1 co 15,1-41 ; Lc 5, 1-11).
Qu’ont-ils à voir avec la journée de la santé ? Comment peuvent-ils éclairer cette journée de la santé ?
Regardons-les d’un peu plus prés. Tous les trois nous présentent quelqu’un en situation de fragilité, de pauvreté, d’échec : Isaïe pécheur aux lèvres impures qui dit : « Malheur à moi… » Paul, l’avorton, le dernier des Apôtres ; Pierre en échec de sa pêche et qui se sent petit devant Jésus.
Tous les trois vivent quelque chose de l’expérience que font les malades : sentiment d’échec, d’inutilité, sentiment d’être « punis » par Dieu, par la vie, par le sort, sentiment de n’être plus rien, seul, isolé…
Mais chacun peut aussi se sentir approché par le Seigneur. Isaïe est envoyé après avoir été purifié…Les malades aussi sont envoyés par Dieu : ils nous disent notre fragilité et nous ouvrent ainsi à Dieu et aux autres. Fragiles, nous avons besoin de Dieu et des autres. C’est le message qu’ils nous donnent, et les soignants, les accompagnants sont comme Isaïe : envoyés au nom du Seigneur, messagers d’amour.
Paul, l’avorton, nous rappelle que la présence du Christ ressuscité n’est pas réservée à quelques- uns, choisis, privilégiés. Elle est pour tous : Paul, l’avorton a reçu la révélation, a vécu la rencontre du Ressuscité. Les malades sont eux aussi appelés à faire la rencontre du Ressuscité et nous, les bien-portants, nous sommes auprès d’eux témoins de Jésus vivant. Nous sommes tous des « avortons » à qui Jésus montre son amour.
Enfin, Pierre fait une belle expérience : celle de l’échec et celle de la confiance, deux expériences de maladie. Pour Pierre : échec de sa pêche et confiance en Jésus : « Sur ta parole je vais jeter le filet… »
Malades, nous sommes appelés à la confiance et les bien-portants qui accompagnent ont pour mission de faire renaître la confiance et la paix de Jésus.
Ainsi, la Parole de Dieu nous dit que Jésus et son Père sont proches et sauveurs dans la maladie.
Homélie du Père Pierre Masson - Présentation du Seigneur - 2 février 2016
Lc II ( 22-40)
Aujourd’hui nous célébrons l’offrande que Marie fait de son Fils, Jésus. Elle obéit à la tradition qui veut que le premier-né soit consacré au Seigneur. A travers ce geste, elle anticipe l’offrande de lui-même que Jésus fera sur la Croix, ce qui accomplit toute l’offrande d’amour qu’il a faite au don de sa vie à tous ceux et celles qu’il rencontrait, à chacun, à chacune il a donné son amour.
Ce geste de la présentation vient nous rappeler que notre vie est un don de Dieu et qu’elle est appelée à être donnée. Notre vie ne nous appartient qu’en étant donnée, offerte comme celle de Jésus. C’est bien là le cœur de l’amour : se donner et se recevoir en retour ; Vivre en se donnant.
A l’aube de sa vie, Jésus est marqué de ce don, il inaugure sa vie comme un don et remarquez comment en retour il fait naître le don : Syméon ne peut que s’offrir à Dieu en voyant Jésus : « Tu peux laisser ton serviteur… »
La vie consacrée dans l’Eglise témoigne de cet appel à se donner à Dieu et aux autres à la suite du Christ. Dans les trois vœux de pauvreté, chasteté, obéissance, les consacrés offrent leur vie pour la gloire de Dieu, la mission de l’Eglise, le salut du monde, le service des hommes. Pauvres pour aimer comme le Christ en renonçant à toute richesse ; chastes comme le Christ renonçant à tout pouvoir sur les autres ; obéissant comme le Christ en renonçant à leur volonté propre. Offerts pour la vie de leurs frères. Tous les baptisés sont appelés à vivre ces vœux. Ils sont au cœur de l’Evangile et de la vie du Christ. Les consacrés sont appelés à témoigner d’une une manière radicale. C’est pourquoi en cette fin de l’année de la vie consacrée nous rendons grâce pour leur présence dans l’Eglise, pour la parole de vie que Dieu nous adresse à travers eux et nous unissons notre prière à celle du Pape pour qu’il y ait de nombreux consacrés. L’Eglise et le monde en ont besoin.
Ne nous contentons pas de quelques colombes et de deux tourterelles. Avec les consacrés offrons notre vie pour que la lumière du Christ brille dans le monde. C’est justement ce que nous faisons dans la messe.
Homélie du Père Pierre Masson - 4ème dimanche - 31 janvier 2016
Lc IV (21-30)
En cette année de la miséricorde, c’est avec un cœur nouveau que nous pouvons entendre l’hymne à la charité de saint Paul … des paroles que nous connaissons sans doute tous assez bien, tellement elles sont souvent choisies par les fiancés pour la célébration de leur mariage. Mais ces paroles sont pour nous tous en raison de notre baptême et de notre foi.
Paul commence par nous donner l’amour comme chemin, le plus beau et le plus grand, de sainteté et de vie de foi. Il s’adresse à des Corinthiens qui veulent vivre le meilleur et qui se disputent pour savoir quelle est la meilleure manière d’être croyant. Paul leur indique ce qui est au cœur de la foi et de la vie chrétienne : l’amour !
Puis, Paul nous dit que là où il n’y a pas d’amour, il manque l’essentiel ! Il peut tout y avoir, on peut vivre les choses les plus belles et les plus grandes, sans amour, il manque l’essentiel ! … Et on peut ajouter : il n’y a pas de bonheur ni de joie.
J’ai rencontré, cette semaine, une mère de famille qui, il y a quelques mois, était prête à abandonner sa famille … Elle était remplie de reproches contre son mari, ses enfants, sa famille. Tout lui pesait ! Rien n’avait de beauté, de joie, de sens …
Aujourd’hui, ses enfants et son mari n’ont pas changé … mais elle, elle a changé ! Par la prière, la rencontre et l’aide des autres, par la grâce de Dieu surtout, son cœur s’est ouvert à l’amour. Tout ce qui était lourd – pénible – sans goût est devenu léger et joyeux. Elle s’étonne elle-même de cette transformation et de ses conséquences sur les autres : moins de tensions dans les relations familiales, plus de douceur et de tendresse. Si je n’ai pas la charité, dit Paul, je ne suis rien …
Enfin, vous l’avez entendu, Paul nous dit ce que c’est qu’aimer concrètement : la patience, le service, l’humilité, la générosité, le pardon, la confiance, l’acceptation de la souffrance. Nous vivons tous un peu de ces attitudes selon les circonstances … Parfois par nécessité … Paul nous invite à choisir d’aimer ainsi, d’aimer comme le Christ … comme Dieu !
Choisir … le vouloir … s’y engager vraiment … et demander la grâce, la force, la joie … quand cela devient difficile !
L’Evangile ajoute encore une autre dimension à l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres : ne pas nous installer dans la routine, mais rester ouverts à la nouveauté de l’autre ; ne pas m’enfermer dans ce que je connais ou ce que je sais, rester capable d’émerveillement.
Récemment, j’ai rencontré une personne âgée assez handicapée par la vieillesse. Je lui demandais comment elle faisait pour assumer son quotidien ? Je l’ai entendu me répondre avec des yeux brillants de joie : « Mon mari m’aime. Je peux compter sur lui … » Elle recevait ainsi, chaque jour, comme un cadeau l’amour de son mari.
Demandons au Seigneur la joie et la force d’aimer comme Lui … et de nous remplir humblement de son amour à Lui pour nous !
Homélie de la Fête de la Sainte Famille 2015
Au lendemain de Noël, l’Eglise nous donne de fêter la Saint Famille. Ce petit enfant Jésus a eu une mère et il a grandi avec un père dans une famille humaine, avec ses joies et ses peines.
L’Evangile d’aujourd’hui nous parle d’un moment difficile dans les relations de Jésus et de ses parents, moment d’incompréhension, d’inquiétudes, de questionnement. Voilà quelque chose de réconfortant pour nos familles… La sainteté n’empêche pas le travail d’ajustement des uns et des autres dans les relations familiales. Il ne s’agit pas de croire que tout est simple et facile, comme on nous l’a laissé croire quand on parlait de la Sainte Famille… Non ! Il s’agit de croire que l’amour, le dialogue, le respect de chacun, peut l’emporter sur la colère, les reproches, les incompréhensions et les haines familiales. Et c’est bien ce que nous dit cet épisode de la vie de Jésus : nos relations passent par la mort et la résurrection à la suite de Jésus. Avez-vous remarqué que Jésus échappe à ses parents durant trois jours : c’est le temps qu’il passera au tombeau après la Passion. C’est au bout de ces trois jours que les Apôtres le retrouveront vivant, comme Marie et Joseph à Jérusalem. C’est aussi la même incompréhension qui habite l’esprit et le cœur des Apôtres et de Marie et Joseph. Cette épreuve, nous la vivons dans toutes nos relations : dans le couple, avec les enfants, avec nos parents, les uns avec les autres. Nous ne nous connaissons pas de manière parfaite et définitive. Nous nous découvrons les uns, les autres. C’est à force d’amour, de confiance, de respect de l’autre, c’est l’écoute, le dialogue, jour après jour qui nous donnent de nous connaître et de vivre en communion. Sans cesse nous nous faisons une image de l’autre comme de Dieu et nous les enfermons dans cette image. Chacun, pourtant a sa part de mystère comme Jésus et c’est ce qu’apprennent Marie et Joseph, quelque chose qui échappe à une relation particulière avec Celui que Jésus appelle son Père. Marie, Joseph, les Apôtres ont découvert une part de ce mystère dans une épreuve difficile. C’est aussi notre chemin dans nos relations mutuelles : accepter d’être bousculé dans notre connaissance de l’autre, l’aimer tel qu’il est et apprendre à le connaître.
Voilà ce que la fugue de Jésus nous conduit à regarder et à convertir en amour nos relations trop possessives.
Que ce mystère éclaire aussi les relations entre les hommes, les pays, les groupes humains. La sainte Famille englobe toute l’humanité !
Homélie de Noël 2015
Les mots sont durs et violents : guerre, état de siège, Vigipirate, attentats, arrestations, terrorisme, perquisitions et aussi menaces de catastrophes climatiques. C’est la réalité de notre pays depuis plusieurs semaines. Ce sont des mots et des réalités qui nous inondent, même aujourd’hui jour de Noël, on nous demande d’être vigilants, méfiants. Et ces mots disent aussi la réalité de beaucoup d’hommes et de femmes et d’enfants dans le monde. Ne les oublions pas dans notre prière et notre joie de Noël.
Alors, face à ces mots et les réalités difficiles, tragiques, douloureuses qu’ils désignent, face à ces mots que vaut ce petit enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Il ne pèse pas lourd…
Il pèse le poids d’une graine, d’une semence. C’est l’image que je vous partage en ce jour de Noël : Jésus est le grain semé dans l’histoire des hommes…Un grain chargé de promesses de moissons, un grain assuré de la force de Dieu puisqu’il vient de Lui, un grain lourd d’espérance pour l’humanité et chacun de nous, un grain comme une parole lancée du fond du cœur à quelqu’un qui cherche et doute et que cette parole chargée d’amour réconforte et relève, la Parole de Dieu se fait chair, vient de nous dire saint Jean. Jésus, petit bébé de Marie, porte en lui un avenir de paix, un avenir de fraternité, un avenir d’amour et de joie, un avenir de confiance et de tendresse. Jésus porte en lui dans la mangeoire de Bethléem le royaume de Dieu promis, en marche, à venir, espéré et attendu. Et ce bébé nous appelle à la confiance, à la foi en lui, la confiance face à la peur et la méfiance de l’autre ; la foi en un monde nouveau déjà commencé en lui. Ce bébé nous appelle à regarder notre monde comme ensemencé de vie divine, à regarder la semence de vie divine dans nos cœurs et à la laisser grandir, à la protéger, à la soigner par notre attention. La vigilance ne doit pas se porter que sur les risques d’attentat, mais sur tout ce qui menace la croissance de la graine divine semée par Jésus. Il nous faut protéger ce bébé pour que son avenir soit possible dans nos cœurs et notre humanité.
Rendez-vous compte : Dieu se fait bébé pour qu’on le protège et qu’on l’aide à grandir. L’engagement de Noël : faire grandir la tendresse, la douceur, l’amitié, l’amitié, la bonté, la paix, la justice, la joie, le bonheur…tout ce que Jésus sème dans notre terre.
Ce grain de vie qu’est Jésus est plus puissant que le mal et la mort : il vient de Dieu, il est planté dans l’humanité, il meurt et ressuscite.
Qu’il nous entraîne dans l’espérance la paix, la douceur et la tendresse !
Homélie du Premier dimanche de l’Avent 2015
Luc XXI (25-28.34-36)
On ne connaît pas son nom … on ne sait d’elle que sa rencontre avec Jésus, un jour, au bord d’un puits. On l’appelle « La Samaritaine ».
C’est elle qui va nous guider vers Noël, avec sa cruche vide que Jésus va remplir de son amour et de sa Parole.
Nous aussi, nous allons vivre le temps de l’Avent comme la Samaritaine qui veut remplir sa cruche. C’est notre foi, notre cœur, notre paroisse, que nous voulons ouvrir comme un vase vide, à la Parole de Dieu. Nous voudrions vivre ce temps de l’Avent en nous offrant, chaque dimanche, à la Parole de Dieu. C’est pourquoi, nous serons guidés à la fois par le Livre de la Parole et par la cruche de la Samaritaine. Nous vous proposons, chaque dimanche de l’Avent, de prendre le temps d’un partage de l’Evangile du jour, comme nous l’avons fait aujourd’hui … Partager ce que la Parole fait naître en nous … nous nourrir de ce qu’apportent les uns et les autres, entrer en dialogue spirituel avec Jésus à travers la Parole de Dieu accueillie dans notre cœur. Et célébrer Noël comme une rencontre semblable à celle de la Samaritaine !
Mais, dès aujourd’hui … que nous dit la Parole ?
Si les verbes de l’Evangile sont au futur (ce qui arrivera demain), les évènements récents nous invitent à mettre l’Evangile au présent : n’est-ce pas aujourd’hui que les nations sont affolées et désemparées, aujourd’hui que les hommes ont peur, aujourd’hui que nos cœurs sont alourdis dans les plaisirs et les soucis de la vie ???
Les évènements sont différents, mais ce que vivent les hommes est semblable aujourd’hui à la description de l’Evangile.
Et alors ? Qu’annonce l’Evangile ? …
Que le Fils de l’Homme vient ! Le Fils de l’Homme c’est le sauveur, c’est Jésus … Il vient. Il vient à notre rencontre avec sa puissance d’amour. Il ne nous abandonne pas à la peur ni à la puissance du mal. Notre foi en Lui est source de force et d’espérance. Redressez-vous ! Relevez la tête ! Restez éveillés et priez !!!
Accueillir Jésus, prendre sa main, lui confier notre vie, c’est rester vivant – debout – dans la confiance et la Paix. Et c’est sa Parole, accueillie et partagée, qui nous ouvre à cette espérance de vie et de salut.
Tout seul, nous cherchons Jésus dans la nuit, le silence.
Avec d’autres, il se fait proche … il prend vie en notre cœur … Ensemble, nous apprendrons à nous appuyer sur Lui, à compter sur Lui pour rester debout et partager notre espérance avec ceux qui n’en ont plus. Nous apprendrons à voir ce qui germe, signes aujourd’hui de la présence de Jésus. Nous ferons ensemble l’expérience de sa présence.
Entrons donc, avec Espérance et Paix, dans ce temps de l’Avent, en laissant Jésus habiter nos cœurs et notre vie de son Amour, en nous offrant à sa Parole !
Homélie du 11 oct. 2015
Marc X (17-30)
Nous pouvons tous nous reconnaître dans cet homme qui rencontre Jésus. Il y a d’abord sa générosité, son élan vers Jésus qui le pousse à se mettre à genoux à ses pieds. Il y a aussi son désir de vie éternelle : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Et puis, il y a aussi sa difficulté à quitter ce qui lui est cher, à se dépouiller de ses richesses matérielles ou spirituelles, et sa tristesse parce qu’il est trop attaché à ses biens.
Nous lui ressemblons encore parce que, comme lui, nous pensons que la vie éternelle se gagne par des actes vertueux : Ne dit-on pas « gagner son paradis » ? C’est bien ainsi qu’il vient vers Jésus ! « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? Il est soucieux de « faire « pour « hériter » et il s’adresse à Jésus comme à un maître qui a la recette, le bon procédé : « Bon Maître ! » Jésus va l’accueillir, il l’aime … Il pose son regard d’amour sur lui comme tant d’autres fois dans l’Evangile. Il ne l’aime pas en raison de ses mérites mais parce qu’il est proche du Royaume : « Tu n’es pas loin du royaume » et à cet homme qui a fait le maximum pour obéir aux commandements Jésus dit : « Une seule chose te manque ! » Jésus sort cet homme de son passé pour l’ouvrir à l’avenir. Jésus l’appelle et lui ouvre un nouveau chemin : « Va, vends … » Jésus le détache de sa bonne conscience, de son contentement, de sa maîtrise de sa vie, pour le mettre en relation avec lui, Jésus.
Suis-moi ! Cherche donc ton trésor dans le ciel. Jésus invite non pas à gagner son paradis mais à le recevoir de l’amour de Jésus et c’est pour cela qu’il faut se dépouiller : pour recevoir. Il n’y a plus de place ! Et ce que Jésus demande, c’est ce qu’il va vivre : il se dépouille sur la Croix pour recevoir la vie de Pâques … Il faut bien se libérer de l’accessoire pour recevoir l’essentiel …
Comme la foule, nous sommes tentés de dire : c’est trop ! Qui peut être sauvé ? Et Jésus répond : « Justement ce n’est pas toi qui te sauves, c’est Dieu ! A Dieu rien n’est impossible. On n’ouvre pas soi-même la porte du Royaume, c’est Jésus qui l’ouvre pour nous faire entrer … sans billet, gratuitement, par amour, sans condition pour que l’on ait confiance en cet amour !
Homélie du Père Pierre Masson - Baptême de Jésus - 11 janvier 2015
Mc I (7-11)
En cette fête du Baptême de Jésus, nous terminons le temps de Noël.
Cette fête nous permet de revenir un peu en arrière pour reprendre conscience que ce temps de Noël est celui de la révélation que Dieu fait de Lui-même et de son amour pour nous. Le temps de Noël, c’est celui où Dieu se dit en Jésus, quand Dieu dit "je t’aime"…. » Et justement, au baptême de Jésus, Dieu vient dire « Je t’aime, tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie. »
Quelles plus belles paroles pourraient être dites par Dieu ? Quelles plus belles paroles pourrions-nous entendre et recevoir de Dieu ?
Car, depuis notre baptême qui nous a unis à Jésus c’est à nous que Dieu adresse ces paroles d’amour.
Des paroles qui résonnent fortement au cœur de notre actualité : Dieu parle d’amour et de joie et des hommes sont dans la haine et sèment la mort.
Mais, en même temps, venues de Dieu lui-même et vécues par Jésus dans notre histoire, ces paroles sont plus fortes que la violence et le mal qui habitent si souvent le cœur des hommes à commencer par notre propre cœur.
Cette colombe qui descend sur Jésus est celle de la création du monde, un monde que Deu a voulu bon et beau… C’est aussi la colombe qui annonce la fin du déluge, la fin de la domination du mal sur le monde au point de l’anéantir. La colombe est l’espérance de la vie nouvelle voulue par Dieu, une vie à l’image de Jésus tout entier donné, offert à l’amour.
Le baptême de Jésus est aussi l’entrée de Jésus dans sa mission. Juste après il affrontera le mal au désert. Son baptême le consacre pour la mission. Sa vie désormais ne sera plus celle d’un charpentier, mais d’un prophète, d’un prédicateur, il sera l’annonce du Royaume par ses guérisons et ses miracles au service des frères et enfin sa vie donnée sur la Croix.
Baptisé, Jésus met sa vie au service du Royaume voulu par son Père. Et si nous lui sommes unis dans l’accueil de l’amour du Père, nous voulons l’être aussi dans le service du royaume par notre propre vie donnée en partage.
L’actualité nous rejoint ici aussi. Que va devenir l’élan d’émotion qui s’est levé cette semaine ? Qu’allons-nous faire de tous ces désirs, ces espoirs, ces attentes qui se sont exprimés pour un vivre ensemble ?
Réjouissons-nous des prises de conscience que nous font faire ces évènements et qu’elles se traduisent au quotidien par de vrais engagements dans le respect des uns et des autres, la non-violence, la fraternité.
Croyants, nous puisons dans notre foi pour vivre ces valeurs au quotidien. Nous croyons et nous savons que l’Esprit vient à notre aide.
Le Baptême de Jésus marque l’engagement de Jésus. Suivons-le dans le dynamisme d’amour qu’il a apporté.
Homélie du Père Pierre Masson - Epiphanie - 4 janvier 2015
Aujourd’hui, le Seigneur se révèle à la terre entière, à toutes les nations et il est reconnu et adoré par les mages. Ce petit enfant de Bethléem, petit bourg éloigné, perdu dans le pays d’Israël, ce petit enfant pauvre attire à lui la terre entière.
Non pas par sa puissance, sa richesse, sa grandeur, simplement parce qu’il est Parole de Dieu, présence de Dieu, force de Dieu, force d’amour et de vie.
Jésus attire à lui. Et cette attirance est si forte qu’elle met en marche, qu’elle permet de quitter un univers connu et confortable pour prendre la route vers l’inconnu, vers un enfant et sa mère.
Aujourd’hui encore Jésus attire, pas les foules mais celles et ceux qui cherchent un sens à leur vie, celles et ceux qui laissent parler le meilleur de leur cœur, leurs désirs profonds. Ceux-là sont attirés par la simplicité, la douceur, la force, la lumière de Jésus. Un peu partout dans notre société matérielle des gens sont ainsi attirés par Jésus.
Quant à nous, peut-être que la routine, l’habitude, le fait de vivre une foi sans trop de problèmes et de questions, tout cela risque d’émousser, d’affaiblir, de nous faire perdre le goût de Jésus et de sa rencontre.
Les mages aujourd’hui nous réveillent et nous appellent à retrouver le goût, le désir, la recherche de Jésus et de son amour. C’est une étoile qui a mis les mages en marche.
Pour notre paroisse, ce sont les décisions de Noël concernant nos églises qui nous mettent en marche.
Je ne peux pas cette année recevoir le récit des mages sans penser à nous. Nous voici aussi déplacés, mis en marche, dans la souffrance et la douleur pour certains et comme les mages nous allons vers l’inconnu. Nous sentons bien qu’il ne s’agit pas seulement de régler des questions financières mais aussi de vivre autrement notre vie de paroisse et cela dans un renouveau de foi, une vie communautaire plus vivante et plus forte. Que les mages nous gardent attirés par Jésus et prêts au détachement pour lui.
Pour leur rencontre avec Jésus, les mages ont pris de l’or, de l’encens, de la myrrhe.
De l’or, métal précieux qu’on offre pour honorer quelqu’un… signe de l’amour, du prix précieux de l’amour.
De l’encens, qui monte vers Dieu comme la prière.
De la myrrhe, qu’on mettait auprès du corps des défunts en signe d’espérance.
Ces mages portent et apportent l’amour, la prière, l’espérance. Et nous ? Allons-nous remplir nos cœurs de ces richesses ?
En ce début d’année, c’est ce que nous pouvons nous souhaiter et demander au Seigneur : de l’amour fraternel, la communion dans la prière, la confiance et l’espérance en l’avenir.
Homélie du Père Pierre Masson - Nuit de Noël - 24 décembre 2014
Pour Jésus et Marie, nous venons de l’entendre, Noël est un retour aux origines. Ils quittent Nazareth pour monter à Bethléem, la ville de David d’où est issu Joseph. C’est là, dans cette ville de David, que Marie met Jésus au monde. Jésus devient alors un commencement, un recommencement dans la longue histoire de la vie avec Dieu et de Dieu avec nous. Les anges le souligneront un peu plus tard dans la nuit : « Un sauveur vous est né dans la ville de David. »Ce retour aux sources, ce retour à nos origines pourrait être aussi pour nous ce soir un chemin de prière et de foi. Noël est un nouvel enfantement par Dieu dans la grâce et l’Esprit Saint. Notre origine, selon la Bible, c’est d’avoir été créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance. Nous savons que nous avons bien vite perdu cette ressemblance, nous oublions facilement cette filiation divine; notre péché, la vie dans le monde obscurcissent, voilent cette image de Dieu. Le Seigneur va sans cesse chercher à la restaurer. A Noël, c’est le don renouvelé de cette image à l’humanité, c’est le rappel que nous portons en nous l’image de Dieu. Dans la nuit de Noël, Jésus devient la parfaite image de Dieu et la parfaite image de l’homme voulu par Dieu. Nous retrouvons là notre vocation, notre destinée : la ressemblance à Jésus. C’est notre baptême qui revient à la lumière. C’est aussi notre enfance spirituelle qui nous est redonnée, notre enfance et sa simplicité, celle du "Notre Père". Nous avons tous des vies compliquées, remplies de calculs, de peurs, de soucis parfois de haines. L’enfant de la crèche nous donne la grâce de revenir à la simplicité de l’amour. En contemplant cet enfant nous redécouvrirons la joie de la pureté de l’amour : nous retrouvons la confiance et la liberté d’être aimés et la joie et le désir d’aimer.Jésus, dans la crèche, est notre vraie origine, relié à Dieu, donné aux hommes. C’est lui, qui, plus tard nous dira : « Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu »
et encore : « Laissez venir à moi les enfants, ne les empêchez pas, le royaume est à ceux qui leur ressemblent. »
Nous le savons tous : la vraie joie est là quand nous laissons vivre en nous notre cœur d’enfant, un cœur purifié de tout ce qui l’encombre et nous éloigne les uns des autres.
Il y a en chacun de nous une crèche de paix, de douceur, d’amour, de joie, de lumière, une crèche de Noël. Mettons-la à sa place, au cœur de nos relations, de nos sentiments, de nos regards.
Frères et Sœurs, laissez voir la crèche de Noël que Dieu a mise en votre cœur !
Homélie du Père Pierre Masson, 4ème dimanche de l’Avent B
Lc I (26-38)
A quelques jours de Noël, c’est Marie qui vient nous prendre par la main pour nous conduire à son Fils : Marie de l’Annonciation, celle dont l’humble vie se trouve soudain traversée par la visite inattendue de Dieu, la jeune fille qui se voit dépositaire de l’œuvre du salut de Dieu. Marie qui dit oui à la volonté de Dieu. Quand elle nous prend par la main, c’est pour nous faire découvrir qui est l’enfant de Bethléem qu’elle a mis au monde. C’est celui que l’ange lui a décrit : "Grand, Fils du Très-Haut, Héritier du trône de David, son règne sera sans fin. Il sera saint, ce sera le Fils de Dieu."
Pour Marie, ce sera son enfant. L’ange seul peut lui révéler ce qu’il est pour Dieu et pour les hommes. Ce sont aussi des anges dans la nuit de Noël qui révèlent que le nouveau-né est le Sauveur, le Messie.Ainsi, Marie nous fait comprendre que la grandeur et la force de Dieu se cachent dans la faiblesse, l’humilité, la simplicité de Jésus. Le Tout Puissant est un être fragile et pauvre.Nous voici alors confrontés avec Marie au mystère de Dieu et de l’homme : au mystère de Dieu qui s’incarne en Jésus, homme au milieu de nous et au mystère de tout homme qui porte en lui une dimension divine. Dieu limite volontairement et librement sa puissance dans notre humanité jusqu’à mourir sur la croix et l’homme découvre qu’il y a en lui une vocation à ressembler au Fils de Dieu.
Devant ce mystère, Marie nous aide non pas à comprendre mais à contempler et à accueillir au fond du cœur. Notre raison va tantôt dire que Dieu est tout et que nous ne sommes rien…ou bien que Dieu n’est rien et que tout dépend de nous…
C’est l’Esprit Saint promis par l’ange qui nous fait entrer dans ce mystère où l’humanité est habitée par Dieu et où Dieu s’habille de notre humanité et vient faire alliance avec elle.
Que Marie nous conduise à l’entrée de ce mystère et que l’Esprit nous y fasse entrer. Noël sera vraiment Noël !
Homélie du Père Pierre Masson - 2ème dimanche de l’Avent - Année B
Mc I (1-8)
Elles ne sont pas si fréquentes les bonnes nouvelles dans nos vies ! Au fil des jours et de l’actualité ce sont plutôt les mauvaises nouvelles qui ont la première place … Avez-vous remarqué que c’est très souvent comme ça ? On donne presque plus d’importance à ce qui ne va pas qu’à ce qui va.
Aujourd’hui commence la Bonne Nouvelle de Jésus dans l’Evangile de saint Marc. Un spécialiste savoyard traduit la "Bonne Nouvelle" par "l’Heureuse Nouvelle". Et ce commencement de l’Heureuse Nouvelle nous est donné dans ce temps de l’Avent qui précède les fêtes de Noël. Ne serait-ce pas comme une heureuse invitation à rejoindre le bon, le beau dans nos vies et dans la vie autour de nous. C’est en faisant l’effort de chercher le bon et le beau que nous ouvrirons nos cœurs à accueillir le bon et le beau que Dieu nous donne en Jésus.
Le bon et le beau, ce sont ces jeunes musulmans qui ont apporté hier soir à Ste-Geneviève une grande quantité de produits de première nécessité pour ceux qui en ont besoin : « On a le même Dieu ! Il nous faut ensemble vivre l’amour et nous mettre au service des autres… partager. »
L’heureuse nouvelle, c’est la rencontre des jeunes qui préparent leur mariage, leur partage, leur découverte de la beauté et de la grandeur de leur amour, leur joie !L’heureuse nouvelle, c’était hier soir, le Cardinal Barbarin et des chrétiens de Lyon qui apportaient la lumière à une communauté irakienne.
L’heureuse nouvelle, c’est cette personne qui m’a dit avoir vécu un moment fort de prière qui a changé son cœur et ses relations.
Il y en a beaucoup d’autres, si nous savons ouvrir les yeux et le cœur et chacun peut allonger cette liste.
Toutes ces heureuses nouvelles nous ouvrent à la première, celle qui est aux fondations, au cœur de la vie du monde : l’heureuse nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu. C’est la nouvelle proclamée par Jean-Baptiste et cette nouvelle a un pouvoir d’attraction : on vient de partout pour entendre Jean la proclamer. On se déplace… On se met en marche… pas seulement avec ses pieds, mais avec son cœur.
Cette Bonne Nouvelle, c’est aussi celle de Dieu, en Isaïe : « Consolez mon peuple. Voici votre Dieu. Comme un berger fait paître son troupeau, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent… »
N’est-ce pas une Bonne Nouvelle de nous savoir ainsi aimés de Dieu ? De savoir Dieu proche de nous, à notre attention ? Comme beaucoup de Bonnes Nouvelles, celle-là n’a pas pour nous l’importance qu’elle devrait, nous oublions de l’entendre et d’y croire.
C’est pourtant le message de Jean-Baptiste aujourd’hui : Il vient celui qui est plus puissant que moi, je ne suis rien devant Lui. C’est Lui qui sauve, c’est Lui qu’il faut aimer, prier et suivre, c’est le Christ, le Fils de Dieu qui ouvre une vie nouvelle, un monde nouveau.
Accueillez cette Bonne Nouvelle : Jésus vient dans nos vies ! ... Et ouvrez vos cœurs aux bonnes nouvelles du quotidien !
Homélie du Père Pierre Masson - 1er dimanche de l’Avent (Année B) Lc I (24-36)
C’est avec Marie que nous vous proposons ce temps de l’Avent.
Marie… qui, plus qu’elle, mieux qu’elle, a su attendre, espérer avec confiance, le cœur ouvert à l’inattendu de Dieu ?
Comme femme, comme mère, elle est déjà dans l’humanité une veilleuse, celle qui tourne tout son être vers demain, l’avenir de son enfant, de son peuple. Marie, celle qui entraîne aussi l’Eglise vers l’accomplissement des promesses de Dieu, vers la nouveauté du Royaume, vers une vie nouvelle.
C’est elle, Marie, qui nous apprend à recevoir la Parole d’aujourd’hui en ce premier dimanche.
Elle nous dit que, comme elle, Marie, Dieu nous a comblés de ses bienfaits. « Aucun don de la grâce ne vous manque…vous avez reçu toutes les richesses, celles de la connaissance de Dieu et celles de la Parole…»
Marie sera capable en son magnificat de chanter les bienfaits de Dieu pour elle et pour le monde… Et nous ? De quoi pourrions-nous rendre grâce ? En quoi Dieu nous a-t-il comblés de ses richesses ? Qu’avons-nous reçu de Lui ? Il me semble qu’entrer dans l’Avent c’est aussi faire mémoire des dons de Dieu pour mieux désirer ceux qui sont promis.
Savons-nous goûter, reconnaître, nous réjouir des dons de Dieu ?
« Je ne cesse de rendre grâce, dit saint Paul, à votre sujet ! » Que pourrions-nous attendre de l’amour de Dieu si nous ne savons pas déjà un peu combien nous en avons besoin parce que nous y avons goûté ?
Avec Marie, c’est aussi l’attente du Maître de maison que nous allons vivre, veiller… Quand je n’ai pas dormi pendant des nuits, cet appel ne me convient pas ! Je n’ai pas envie de veiller…sauf si j’attends quelqu’un, sauf si celui que j’attends est un ami, sauf si mon amitié a soif de sa venue, de sa rencontre. C’est bien ce qui habitait le cœur de Marie : l’attente de son enfant, du Sauveur, du Fils de Dieu. Veillez avec Marie et comme elle, dans l’amour et la confiance.
Une anecdote : Un ami me racontait qu’un jour il était à la campagne chez son frère. Le frère s’était absenté, l’ami restait seul avec le chien, endormi à ses pieds et soudain, le chien se dresse, les pattes sur le rebord de la fenêtre, les oreilles en avant et un petit aboiement. Peu de temps après, le maître arrivait et le chien lui faisait fête, endormi mais en éveil pour réagir à la venue de son maître. Ne serait-ce pas une image pour nos cœurs dans ce temps de l’Avent ? Sentir la venue de Jésus dans nos vies, laisser nos cœurs vibrer à cette venue… Dieu comme un ami désiré. Veiller avec Marie dans une prière de désir… Désirer Dieu, avoir soif de Lui pour remplir nos cœurs et nos vies d’amour et de paix, de joie et d’action de grâces
Que Marie ainsi nous accompagne et ouvre nos cœurs aux dons de Dieu, comme elle a ouvert le sien !
Homélie du Frère Didier Croonenberghs
messe télévisée à Gerpinnes, en Belgique Jn III (14-21) - "Le difficile chemin de renaissance"
Frères et sœurs,
dans son dialogue avec Nicodème, Jésus nous propose cette bien curieuse image. Elle fait allusion à la marche au désert, racontée dans le livre des Nombres, alors que le peuple des hébreux était attaqué par des serpents. Dieu donna alors ce remède à Moïse : celui de mettre un serpent de bronze sur un bâton, pour que quiconque le regarde soit guéri. Un serpent enroulé autour d’un mât : voilà le sigle de nombreuses organisations médicales et, avouons-le, un bien curieux symbole ! Car pourquoi le serpent, source du mal, deviendrait-il symbole de guérison ? Le mal serait-il nécessaire ? Comme si le venin était salutaire ? Le problème est-il la solution ?
Ce serpent élevé, c’est avant tout la préfiguration de la croix, c’est à dire notre humanité blessée par la convoitise, mais invitée sans cesse à renaître. Il s’agit donc de l’homme, plein et entier, que Jésus par sa croix vient sauver et relever. Pas la bonne part. Pas le côté moralement juste. Il ne sert à rien de guérir les biens portants ou d’aimer quelqu’un pour ses seules qualités. Le signe de la croix est ce rappel que ce que nous sommes peut toujours être transformé, relevé. Le serpent élevé sur la croix, c’est donc l’image de nos faiblesses lorsqu’elles s’épanouissent dans la confiance ; c’est le symbole de nos existences blessées, qui trouvent des forces dans l’espérance ou la tendresse. Le serpent élevé, c’est la convoitise, le serpent de la genèse qui n’a pas le dernier mot de notre propre histoire. Le serpent sur la croix, c’est enfin et surtout la préfiguration de la résurrection, qui nous montre que l’échec d’une histoire n’est pas la fin et peut être traversé par un chemin de renaissance.
Voilà cette nouvelle naissance que Nicodème, vous et moi, sommes invités à vivre dès aujourd’hui, dans les petits événements qui jalonnent nos vies, dans la nuit et le secret de nos histoires.
Chaque jour, nous avons en effet à renaître. Renaître signifie d’abord faire le deuil de ce que nous ne sommes plus, de nos rêves déçus, pour renaître à ce que nous sommes réellement. Renaître, naître d’en haut, ce n’est donc pas dissimuler nos serpents, cacher nos faiblesses, mais découvrir qu’elles font parties de nos histoires, elles ne sont pas le tout de ce que nous sommes. Renaître, c’est aussi et surtout s’ouvrir à la nouveauté, à ce qui arrive. Ne pas s’enfermer dans la nostalgie d’un passé ou d’une histoire. Mais lire le monde et ce qui se présente avec confiance, presque naïvement comme un petit enfant.
Voilà le difficile chemin de renaissance que propose Jésus à Nicodème.
Nicodème vient d’un mot hébreu signifiant « orient », c’est à dire là où la lumière commence à poindre… Car pour celles et ceux qui acceptent de renaître chaque jour, qui accepte de faire mourir le désir de possession et de convoitise, la vérité et la lumière seront toujours devant ! Ceux qui ont appris à renaître savent toujours prendre de la hauteur dans leurs vies, y mettre un peu d’humour. Ils ont la lucidité pour découvrir un sens toujours nouveau, y voir un horizon, de l’épaisseur, de la profondeur.
Cependant, ce chemin de renaissance nous invite à quitter nos sécurités, les protections que nous nous donnons. Car renaître, c’est toujours risquer la vie, avoir le courage d’être soi-même devant les autres. Renaître, c’est finalement couper le cordon d’un Dieu maternant pour le redécouvrir dans l’inattendu des rencontres, dans ce à quoi la Vie nous appelle réellement : le don et la gratuité, l’amour sans calcul, le risque de la liberté.
Alors, quel que soit notre âge ou notre expérience, il nous faut chaque jour naître à la vie, regarder devant, là où la lumière commence à poindre. Il ne s’agit pas de résister à nos croix et aux événements imprévus. Mais tout au contraire prendre sa vie en main pour l’élever, pour la lire avec les yeux de Dieu, Celui qui a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique.
Amen.
Frère Didier Croonenberghs
Homélie du Père Cyrille Sam - guérison d'un lépreux - 15 février 2015
Mc I (40-45) Des lépreux et des lépreuses, il en existe encore aujourd'hui. La première catégorie n’existe peut-être pas dans cette assemblée, mais la seconde catégorie doit certainement nous concerner tous.
Il y a d'abord celles et ceux atteints par cette horrible maladie et qui vivent principalement à travers tous ces pays dits pauvres. Et puis il y a tous les autres. Tous ceux et celles que nous avons enfermés, emprisonnés dans des catégories bien précises au nom de leurs différences. Ils sont là et bien nombreux. Et ces derniers, nous n'arrivons jamais à nous en débarrasser. Ils portent les noms de nos exclusions. Nous pourrions appeler cette maladie la lèpre sociale. Maladie d'autant plus surprenante que, de nos jours où tout le monde se plaît à parler de mondialisation et de communication, nous prétendons volontiers que toutes les frontières ont été abolies. Et pourtant, si nous osons regarder la réalité en face, que de frontières à nouveau tracées, que de murs à nouveau bétonnés entre les ethnies, les minorités, les nationalités, voire même entre voisins d'un même quartier. Également, frontières des avoirs et des savoirs. Un besoin de sécurité face à la peur de l'autre, de la différence.
Ainsi, en ce dimanche, saint Marc, en nous racontant la guérison du lépreux, ne nous fournit aucun détail : où ça s'est-il produit ? Quel jour ? Comment s'appelait ce malade ? … Marc sait que les précisions les plus détaillées ne pourraient convertir le sceptique. Il rédige son récit pour que je me rende compte que c'est moi le lépreux et que le Seigneur peut et veut me guérir aujourd'hui, si je l'implore.
Soudain une silhouette se profile sur la route. De son isolement où il était séquestré, un grand malade vient à la rencontre de ce guérisseur dont il a entendu parler. Il aurait pu, comme d'autres, se résigner à l'inéluctable, demeurer dans son état en soupirant : « De toutes façons il n'y a rien à faire ». Non ! Il ose tenter la démarche. Au lieu de se laisser « couler » dans son horreur, il croit que Jésus peut « le repêcher ». Se tenant à quelque distance, « il vient vers … tombe à genoux... il le supplie ... ». Oser montrer sa laideur, refuser la fatalité du destin, parier que pour Jésus, je ne suis pas un incurable : ce comportement est plus dur que l'on ne pense ! L'horreur du plus grand crime n'équivaudra jamais à l'immensité de l’amour du Christ manifesté au Golgotha. Depuis ce jour, nul désespoir n'est définitif. A la fin de l'Evangile, Judas n'aura pas ce courage et s'abîmera dans le désespoir, faute plus grave que la trahison elle-même. Soyons des hommes de confiance, Jésus n’est venu que pour nous sauver.
La lèpre, comme vous le savez, était considérée par les Juifs de l'époque comme une maladie particulièrement honteuse, la marque du péché même. Il était courant de comparer la lèpre au péché. En effet on remarque entre les deux de grandes similitudes.
L'infection de la lèpre commence sans qu'on y prête grande attention : petit bouton anodin, tache indolore. Peu à peu la tache s'agrandit, le mal infecte les alentours. On se dit que ça va passer. Le voisin vous rassure : il a eu la même chose et il en est sorti. Le chatouillement ou la souffrance s'aiguisent : on se rend chez le pharmacien, on applique un remède sans résultat. Puis un autre tout aussi inefficace. Après un temps, on prend conscience que le mal est plus grave qu'on ne pensait, la purulence s'est aggravée, la pourriture apparaît.
De la même façon, le péché débute souvent par une pensée, une action sans guère d'importance. On pressent vaguement que l'on n'agit pas bien mais, on ne fait pas beaucoup de mal, c'est pour rire, les autres en font autant.... Cependant l'infraction devient habitude : ce que l'on a fait à l'occasion, on le réitère et petit à petit cela devient une habitude, une accoutumance. Un jour vient où l'on en prend conscience : on voudrait se corriger, revenir en arrière, se débarrasser de ce penchant. Peine perdue : en dépit des bonnes résolutions, on cède et on rechute encore et encore. On est prisonnier. Ainsi l'âme se corrompt, comme rongée d'une lèpre sournoise : elle devient impure, souillée et la volonté est devenue impuissante à endiguer le flux des tentations. Et peu à peu, parce que vous êtes devenu insupportable, les autres vous mettent à l'écart, vous refusent leur compagnie, vous rejettent avec mépris, parfois vous enferment parce que vous êtes devenu dangereux.
Le lépreux est une image enlaidie de la condition humaine. Il fallait de toute urgence éloigner les lépreux de la société : aussi ces malheureux « impurs », excommuniés, étaient condamnés à la solitude où ils se regroupaient, compagnons d’infortune qui ne pouvaient circuler qu’en signalant de loin leur présence aux passants. « JE LE VEUX : SOIS PURIFIE. » La volonté de Dieu n'est pas de châtier, mais de pardonner, si hideux soit le crime, si nombreuses les rechutes. Un mot suffit ! Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux : sois purifié». À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Par ce geste de tendresse, Jésus nous révèle la profondeur du cœur de Dieu. Dieu ne supporte pas le mépris, la haine, le rejet, l'exclusion, le déni d'amour. Depuis en Jésus, Dieu a pris visage d'homme pour montrer, avec la plus grande vérité possible, que la seule image de Dieu est le visage d'un homme et d'une femme : visage où se lit la beauté de la création, la bonté du dessein du créateur, la grandeur du créé. Dieu est plein de douceur et de compassion. La réaction de Dieu devant tout être humain n'est pas la haine, la condamnation ou l'incitation à la violence. Elle est tressaillement du cœur, compassion vraie, tendresse exprimée. Elle est aussi humble et silencieuse : « Ne dis rien à personne ! »
Dieu nous a faits libres et responsables : c'est à nous aujourd’hui de nous révolter contre la lèpre et tout ce qui écrase, abîme, déchire l'humanité. Nous sommes invités à imiter Jésus, à écouter les cris des exclus, à ne pas fuir les horreurs, à reprendre contact avec les éliminés, à tendre la main. On l'a dit : si nous consacrions à la lutte contre la lèpre, le cancer, le sida, les sommes gigantesques investies dans la course aux armements, il y a longtemps que ces maux seraient extirpés.
Ne perdons cependant pas l'espoir, Jésus vient abattre les frontières, les barrières que nous avons construites. Face à l'exclu de son temps, le Christ tisse notre humanité avec le fil de l'amour. Il va au-delà des préjugés de son époque, il se laisse rencontrer par un rejeté et mieux encore, il étendit la main et le toucha.
Puissions-nous aussi, à l'exemple de Jésus, partir à la rencontre de celles et ceux que nous avons nous-mêmes enfermés dans des catégories d'exclusion pour apprendre à les découvrir, les apprécier, ou mieux encore, les aimer. Si nous y arrivons, alors notre foi nous aura transformés.