Homélies 2018 : Père Pierre Masson — Paroisse Saint-Jean aux portes d’Annecy

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Homélies 2018 : Père Pierre Masson

Nuit de Noël 2018

Avec vous, enfants et familles, c’est vraiment Noël ! Pas à cause des cadeaux matériels ou des repas de famille. Mais parce que Noël c’est la fête des enfants et surtout d’un enfant : Jésus. A la fois un enfant comme nous, comme vous, et un enfant unique parce qu’il vient de Dieu notre Père et qu’il est rempli de son amour. C’est lui qui dira plus tard : « Laissez les enfants venir à moi. Le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ». Il savait de quoi il parlait puisqu’il avait été petit, enfant et que le Royaume de Dieu c’est lui !

Noël fête des enfants et fête de l’esprit d’enfance. Il y a plusieurs raisons qui font que le Père avec Jésus a une préférence pour les enfants.

Le premier c’est qu’un enfant a besoin de plus grand que lui. Il est pauvre et sans l’amour des autres il ne peut pas vivre. Belle occasion pour nous rappeler le soir de Noël tout ce que nous devons aux autres ? L’enfant de la crèche mendie, réclame, cherche notre amour.

La deuxième raison de la préférence de Jésus pour les enfants c’est que le cœur a encore en eux toute sa place. Tout n’est pas devenu calculé, raisonnable comme chez les adultes. Il n’y a pas encore de barrières sociales ou idéologiques dans leurs relations avec les autres. Ils n’ont pas encore conscience des différences. Jésus restera toute sa vie un enfant : il aura l’enfant souvent demande, prier…et recevoir…les adultes se débrouillent avec leurs forces…Les enfants demandent et remercient. Jésus nous a appris à dire Notre Père et à demander. Il nous a appris à prier.

L’Esprit d’enfance c’est encore une joie de vivre dans la confiance, dans l’instant présent sans le poids du passé ou l’inquiétude de l’avenir. Un enfant laisse simplement la vie grandir en lui. Il s’offre à la vie. Il accepte de changer, de grandir.

Merci, Seigneur, de nous donner Jésus ton enfant comme chemin de vie à Noël. Garde-nous tous dans ton esprit d’enfance. Préserve-nous de devenir des adultes au cœur inquiet et sans joie. Que nous devenions comme toi Jésus des enfants en qui l’amour ne rencontre aucune barrière.

 

Dimanche 2 Décembre 2018 1er dimanche de l'Avent

Malgré les apparences c’est bien une parole de bonheur que Dieu nous adresse en ce premier dimanche de l’Avent. Oui, malgré les apparences car l’évangile nous annonce cataclysmes, terre et ciel ébranlés, jours d’angoisses. Aujourd’hui on parle de changement climatique, réchauffement de la planète, menaces nucléaires, pollution, guerre, casseurs dans les rues de Paris. Et comme dans l’évangile cela fait naitre peurs et angoisses. Ce n’est pas la fin du monde qui inquiète mais pour beaucoup la fin du mois.

Où est alors le bonheur promis par Dieu ? Redressez-vous ! Relevez la tête ! Tenez-vous debout. Le Fils de l’homme vient avec puissance. Mais comment y croire ?

Quand tout semble se détruire, il reste dans nos cœurs la confiance en la fidélité de Dieu à son alliance. Pas une confiance naïve qui ignore les problèmes…ni une confiance imaginaire qui vous ferait rêver… Mais cette confiance que nous avons en l’alliance de Dieu avec nous, et qui nous tient debout.

Confiance qui nous fait nous accrocher à ce qui tient – ce qui dure- à la vie plus forte que tout. Confiance aussi qui nous met au travail pour préserver aujourd’hui notre terre de la destruction.

La peur alourdit souvent nos cœurs et nous paralyse – la confiance donne la joie et la force d’aimer. Certes il y a des raisons d’avoir peur mais notre foi peut être plus forte si elle se nourrit de la parole, de la prière et des sacrements. Et puis il s’agit aussi de détourner un peu notre regard du mal qui œuvre dans le monde et nos vies, et d’être attentif aux germes de vie déjà présents. Il ne s’agit pas d’indifférence à ceux qui souffrent, mais de rester libres et forts dans les épreuves avec ceux qui souffrent. Deux images me parlent dans ce temps de l’Avent : le brin d’herbe qui trouve un chemin pour passer dans le goudron d’une route… les potirons qui murissent sur nos tas de déchets verts. R

Regardons ce qui germe… en nous… chez nos proches… dans le monde : et parlons-en !

Souvenons-nous du cri de Jean-Paul II au soir de son élection :

N’ayez pas peur !

 

Dimanche 11 Novembre 2018                                                                                                                                              Mc 12, 38-44

           Nos regards et notre prière se portent aujourd’hui à la fois sur les pauvres veuves, celle qui nourrit le prophète Elie du peu qui lui reste avant de mourir et sa sœur celle qui donne une petite pièce au Temple de Jérusalem et sur le centième anniversaire de la fin de la guerre 14-18.

           Quels rapports, me direz-vous ? Essayons d’accueillir le message qui nous est adressé. Le centième anniversaire de la fin de la guerre nous invite à faire mémoire des millions de vie données dans cette guerre. Ce sont à la fois des millions de vie sacrifiées par les pouvoirs de l’époque et des vies données par des êtres de chair pour défendre leur pays, leur bien commun. C’est la même générosité que celle de la veuve de Sarepta.  Dans ces deux morceaux de bois qui vont lui servir à cuire le peu de farine qui lui reste, nous pourrions voir  les deux poutres de la Croix où Jésus offre sa vie et son amour pour la vie des hommes.

           La veuve de l’Evangile nous donne le même message : elle donne, nous dit l’Evangile, ce qu’elle avait pour vivre. Elle donne sa vie, elle donne plus que tous les autres. Elle annonce déjà sans le savoir, la vie donnée de Jésus sur la Croix et il se reconnait dans le don de cette femme.

           Les vies sacrifiées de 14-18 rejoignent et communient à la Croix de Jésus. Il en va de même pour toutes les victimes de la violence dans le monde, comme toutes les vies données pour le service de la vie humaine. Faire mémoire des veuves de l’Evangile ou des victimes de la Grande Guerre c’est entrer dans le goutte à goutte de l’amour au quotidien pour qu’il imprègne la terre des hommes, des gouttes d’amour de chaque vie donnée. Ce goutte à goutte de l’amour peut devenir celui de la paix. La mémoire du 11 novembre 1918 est un appel à la paix. C’est le cri de Paul VI aux nations Unies : « Plus jamais la guerre ! » ou encore cette parole d’un aumônier militaire : « Le plus beau jour de la guerre, c’est le dernier ! » La paix se construit au goutte à goutte dans des gestes, des paroles, de petites décisions et engagements quotidiens. Chaque effort de paix, de douceur, d’amour vécu au quotidien bâtit la paix et annonce le Royaume ; Il faut bien que la paix commence quelque part… Pourquoi pas en moi ? Alors refuserons-nous au prophète Elie de notre temps le pauvre repas de la paix ? Refuserons-nous au Temple de la paix notre pauvre pièce de monnaie ? Refuserons-nous d’offrir un peu de nos vies dans la guerre à la guerre pour la victoire de la paix et de l’amour ?

 

28 ème Dimanche Année B  (14 octobre 2018)

Suis moi ! Et parce qu’il ne sait plus ce qu’est le don, il va s’en aller tout triste. La joie est dans le don, François d’Assise nous l’a appris… montré… Amoureux de Dame Pauvreté il était dans la joie, la louange.

Pourquoi donc dans nos vies, cette peur de donner ? de manquer ? Sans doute que nous faisons dépendre notre vie de nos richesses matérielles ou intellectuelles ou même spirituelles ! Nous avons du mal à nous reconnaître Créature et Fils. Créatures qui ont reçu la vie gratuitement…. Et Fils dont le Père sait de quoi nous avons besoin avant même que nous l’ayons demandé. Créatures et Fils ouverts à la vie, et au don. Quelles sont mes plus grandes joies ? De donner la vie ! De la recevoir dans l’amour d’un autre.

Il est vrai que c’est toujours plus difficile à vivre dans ce monde où comme le dit la chanson :  Tout s’achète et tout se vend.

Il nous faut la force d’amour et de foi en Jésus pour vivre dans le don comme lui : tout laisser - tout quitter – sur la croix pour tout recevoir… Et cet amour suprême nous est offert en partage : Jésus nous y fait participer si nous le voulons. Une seule chose nous manquera toujours, entrer dans la joie du Don. Que le seigneur nous y appelle !

 

10ème dimanche Année B    (10 juin 2018 )                                                                                                                          Mc 3, 20-35

Ce matin j’ai reçu un jeune couple. Très croyant l’un et l’autre. Leur mariage à l’Eglise étonne leur entourage amical, familial, professionnel. On ne comprend pas. Ils viennent d’avoir un premier enfant : on leur a conseillé l’avortement…Ils allaient perdre leur liberté avec cet enfant…
Nous en faisons tous l’expérience : il n’est pas facile de vivre notre foi dans la société d’aujourd’hui. Les chrétiens sont vus comme des attardés d’un autre temps ou bien des ennemis du progrès. Dans les familles, au travail, les loisirs ou le voisinage il n’est pas facile de témoigner et peu à peu nous nous laissons tous influencer par les facilités du monde ambiant et notre foi s’anesthésie. La Parole de Dieu aujourd’hui nous dit que cette situation n’est pas nouvelle. Elle habite l’humanité depuis ses origines : Adam et Eve, sous la pression du serpent, choisissent de vivre leur vie sans Dieu…Dans l’Evangile Jésus est même vu comme quelqu’un qui a perdu la tête et son message est aussitôt disqualifié, on le traite même de Satan. Et Paul a connu aussi cette situation à Corinthe et il encourage aujourd’hui les Corinthiens à rester solides, fidèles dans la foi au Christ ressuscité.
« Ne perdons pas courage, nous avons une demeure dans les cieux. Attachons-nous aux vraies valeurs, qui ne se voient pas et qui sont éternelles. » Cette fidélité n’est possible que par la grâce, la force et la présence de Dieu puisées dans la prière. Nous ne pouvons être disciples que par l’écoute de la Parole de Dieu…comme les disciples qui se rassemblent autour de Jésus. C’est Lui, le chemin, la vérité et la vie. Quand Adam et Eve se divisent, Jésus rassemble par sa Parole. Une parole qu’on laisse descendre en soi, nous habiter et qui nous devient familière. Nous ne pouvons être disciples et témoins qu’en nous aidant à discerner les chemins de l’Evangile. Il nous faut réfléchir et chercher ensemble puisque les comportements évangéliques ne sont plus évidents dans un monde complexe.
Il faut surtout nous rappeler que nous sommes disciples de ce Dieu qui cherche l’homme : « Adam où es-tu ? Pourquoi te caches-tu ? Reviens ! »

 

  Jeudi saint       (29 mars 2018)                                                                                                         
Jn 13, 1-15

Pourquoi les pieds ? Pourquoi pas comme le suggère Pierre les mains et la tête ? bien sûr nous savons que c’est le geste de l’esclave qui lave les pieds de celui qui a voyagé parce qu’ils sont chargés de la poussière du chemin mais ils peuvent avoir un sens plus grand pour notre vie.

Les pieds justement sont ceux qui nous permettent de marcher.

Dans la liturgie de ce soir, les pieds vont permettre au peuple de sortir de l’esclavage de l’Egypte pour marcher vers la Terre Promise. Pour aller loin en montagne on prend soin de ses pieds. Et le peuple d’Israël est appelé à aller loin, à marcher longtemps pour entrer dans la Terre Promise, pour grandir en humanité. En lavant les pieds de ses disciples Jésus les prépare peut-être à la longue marche de la vie, à la longue marche à sa suite, à la longue marche vers le Royaume. Il les prépare à marcher jour après jour, à répondre à son appel : « Viens, suis-moi. »

La foi est une question de marche. La marche des disciples c’est aussi la mission : « Va, va vers tes frères leur apporter la Bonne Nouvelle. » En lavant les pieds des disciples Jésus les prépare à la mission, à aller vers leurs frères, à quitter les terres connues pour se risquer à la rencontre et à l’inconnu. « Va, allez ! » nous dit Jésus. Donnez votre vie pour vos frères.

Et puis, nous le savons, on ne marche pas longtemps sans nourriture, sans ravitaillement. Pour suivre Jésus et vivre la mission pas besoin d’un énorme sac à dos rempli de victuailles : un peu de pain et un peu de vin suffisent surtout s’ils sont chargés d’amour. Et c’est justement ce que Jésus nous donne en ce soir où il prépare nos pieds à marcher derrière lui et à aller vivre la mission. Un peu de pain et de vin pour le suivre dans son amour crucifié et sa résurrection. Un peu de pain et de vin pour aimer nos frères jusqu’à leur consacrer nos vies.

Nos pieds, c’est enfin ce qui nous relie à la terre. Et en les lavant Jésus vient rendre belle notre humanité puisqu’elle ressemble à la sienne. Purifiée et lavée elle est comme la sienne remplie de l’amour du Père. Le Jeudi-Saint, Jésus lave nos pieds pour embellir nos vies.

Pourquoi les pieds ? Parce que Jésus en a besoin. Alors, pas seulement les pieds mais les mains et la tête et le cœur pour nous mettre en marche à sa suite pour faire de nous des messagers de la Bonne Nouvelle. Qu’Il nous donne des pieds de disciples et d’apôtres.

 

  5ème dimanche de Carême     (18 mars 2018)                                                                                                                         Jn 12, 20-33

La liturgie de ce jour peut nous sembler bien loin de la journée de réflexion et de partage du CCFD. Mais, retenons la convergence de l’annonce par Jérémie d’une alliance nouvelle et le thème de cette année du CCFD : " tisser des liens".

Jérémie nous invite à accueillir une alliance nouvelle de Dieu avec nous : une alliance du cœur, une alliance intérieure. « Je mettrai ma Loi au fond de leur cœur ! » Je mettrai une loi au fond de leur cœur, une alliance d’amour et une alliance universelle qui nous emmène au-delà de nos préoccupations individuelles. Ce message d’amour attend de nous une conversion profonde, exigeante dont nous ne sommes pas capables par nous-mêmes. Ce ne peut être qu’un don de l’Esprit auquel nous nous offrons le plus pleinement possible. Qui peut en effet sans l’aide de l’Esprit suivre Jésus, le grain qui meurt ? C’est pourtant ce qu’il attend de nous : « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur…Dirais-je : Père, délivre-moi ? Non. Père, glorifie ton nom ! ».

Cette alliance se conjugue avec la parole qui l’accompagne : « Ils seront mon peuple, je serai leur Dieu. »

Pour nous aujourd’hui cette annonce va au-delà de notre vie en Eglise. Le peuple de Dieu c’est l’humanité, l’humanité en devenir de fraternité, d’unité, d’amour et de solidarité. Dans ce peuple, on ne peut abandonner le frère à sa détresse…le disciple de Jésus ne peut sans problème accepter que tant d’hommes et de femmes, tant d’enfants dans le monde et autour de nous souffrent du manque de l’élémentaire pour vivre.

Aujourd’hui le CCFD nous appelle à tisser des liens, à faire alliance pour un monde nouveau, avec Dieu, avec tous nos frères. Il nous invite à faire alliance pour un monde nouveau, avec Dieu, avec tous nos frères. Il nous invite à travailler pas seulement contre la faim dans le monde mais pour le développement des peuples. Ne l’oublions pas : il ne suffit pas de nourrir mais de permettre à l’autre de se nourrir. L’alliance du Seigneur avec nous va jusque-là : que Dieu soit glorifié en l’homme comme Il l’a été en Jésus. Et cela exige de nous un engagement politique et économique autant que spirituel. Agir pour que des conditions de vie dignes soient offertes à tous, pas seulement comme un geste fraternel mais comme un droit.

J’ai envie de terminer par cette citation de St Exupéry : « Si tu veux aider ton frère qui a faim, tu peux lui donner un poisson, mais surtout lui apprendre à pécher et en lui donner les moyens. »  C’est ce que tente le CCFD , et nous pouvons participer par notre don aujourd’hui.

 

  5ème dimanche de carême : dimanche des scrutins   (17 mars 2018)                                                                               Jn 11, 1-54

Bien sûr, dans ce récit il y a la résurrection de Lazare, celui qui était mort depuis 3 jours et sort du tombeau. Et devant cet évènement nous sommes à la fois admiratifs et dubitatifs : c’est hors de notre connaissance, de notre expérience humaine. Alors, laissons résonner quelques paroles de ce texte pour nous rapprocher de Jésus au centre de ce récit.

 Ouvrons d’abord notre cœur à l’amitié de Jésus et de Lazare. Jésus, capable de tendresse et d’amitié, Jésus capable de pleurer devant le tombeau de son ami. Cette amitié, Jésus vous la donne, à vous, futurs baptisés. Vous l’avez touchée, sentie, devinée. Qu’elle soit votre trésor, n’en doutez jamais ! Nous, nous y sommes habitués, merci de nous la faire retrouver toute neuve !

Cette amitié (amour) donne à Jésus une espérance, une confiance folle : il ressuscitera, il vivra, la mort ne le prendra pas. Et avec cette amitié divine Jésus ose dire : « Lazare, viens dehors ! » C’est l’appel qui nous est adressé à tous : « Sors de tes ténèbres, ose entrer dans la lumière, ne reste pas enfermé sur tes habitudes, sur tes peurs, sur ton péché… Sors ! » Entends l’appel de Jésus à la vie. Vous l’avez entendu cet appel : Vous croyez que Jésus vous ouvre à la vie, à sa vie, la vie de Dieu, une vie d’amour. Vous nous invitez à vous imiter dans ce risque de la vie.

Et puis, il y a cet autre appel : « Déliez-le, laissez-le aller. » L’amour de Jésus nous délie, nous libère des liens avec le mal, avec le péché. Souvent aussi nous trainons avec nous des liens qui nous emprisonnent, des souvenirs, des remords qui nous empêchent d’être libres. Jésus nous libère.

Jésus vous libère. Jésus fait de vous et de nous tous, par le pardon, des êtres neufs et il nous envoie libérer nos frères opprimés, lutter pour la liberté de tout homme.

Alors, nous sommes tous aujourd’hui Lazare que Jésus fait vivre. Soyez dans une joie vraie et profonde d’entrer dans la vie de Jésus. Entrainez-nous derrière vous.

 

  4ème dimanche ordinaire  B     (28 février 2018)                                                                                                                   Mc 1, 21-28

Depuis toujours les hommes ont vécu dans la crainte de la toute- puissance de Dieu. Les rites religieux avaient pour but d’apaiser la colère de Dieu et de se concilier ses bonnes grâces. Le passage de la mort fait peur à beaucoup. Il est suivi du Jugement symbolisé par la balance qui pèse le bien et le mal. Et aujourd’hui encore je rencontre des chrétiens qui vivent dans la peur du jugement, du péché, de l’au-delà, de l’enfer ou du diable.

La peur est présente dans les lectures d’aujourd’hui. C’est le peuple d’Israël qui a peur de Dieu et ne veut plus l’entendre car pour eux Dieu se manifestait dans la fureur d’un volcan. Mais Dieu, Lui, veut se faire entendre, Il ne cherche pas à faire peur…alors, Il envoie des prophètes parler en son nom et ouvrir des chemins de vie.

Dans l’Evangile, c’est la peur du possédé : " Es-tu venu pour nous perdre ? " Il sait qui est Jésus : le Saint de Dieu; mais cette sainteté lui fait peur. Elle est une menace. Alors Jésus fait taire le démon  et l’expulse du possédé. Ce possédé pourra alors vivre dans la confiance, en paix, avec Dieu et ses frères.

 La peur est l’œuvre du mal et Jésus nous en libère.

Ainsi la peur nous ferme à la relation, à la confiance, à l’amour, à la rencontre. L’autre devient une menace, un danger dont on se protège. Même Dieu nous fait peur. Jésus n’a jamais eu peur de la rencontre. Il a toujours aimé pour sauver et faire vivre. Il nous apprend à prier en disant avec lui : « Père » et il nous fait demander la vie de Dieu, son Esprit en partage.

Au moment de la Passion, ce n’est pas de son Père qu’il a peur : « Ta volonté et non la mienne…entre tes mains je remets mon esprit. » Il s’abandonne dans un excès de confiance à l’amour du Père.

La peur de Dieu nous paralyse et nous empêche de prier avec confiance. Combien de fois j’ai entendu dire : « Je n’arrive pas à prier … »  et après un cheminement on découvre qu’il y a cachée en nous la peur de s’offrir à Dieu.

Souvenons-nous des paroles de Jean-Paul II : « N’ayez pas peur de Dieu, de l’Evangile, d’aimer… » et l’un des reproches les plus fréquents de Jésus à ses disciples c’est leur peur : « Pourquoi avoir peur hommes de peu de foi ? »

Devant Dieu ce n’est pas la peur qui nous anime mais la confiance et l’adoration dans la certitude que sa puissance est toujours au service de la vie et de l’amour. Il est le Dieu de la vie, même à travers la mort. Et nous pouvons nous réjouir.

« Qu’est-ce que cela veut dire ? Il commande aux esprits impurs et ils lui obéissent ! Un grand prophète s’est levé parmi nous. » Dieu seul peut nous libérer de nos peurs. Qu’Il nous donne assez de foi pour lui demander cette libération et qu’Il nous donne de vivre dans la confiance, l’abandon et la joie !

« De quoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? »

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Epiphanie : 6 janvier 2018                                                                         Mt 2, 1-12

En ce début d’année, les mages de l’Evangile nous ouvrent un chemin de vie. Ils ont vu se lever l’étoile d’un roi et les voici à Jérusalem au palais du roi Hérode. Mais ils sont renvoyés ailleurs, à Bethléem, un petit village de Judée et dans une simple maison ! Dieu est venu déjouer leur GPS : il n’est pas là où ils pensaient normalement le trouver. Ils nous découvrent un autre Dieu que celui qu’ils connaissaient. Dieu s’est caché dans un enfant. C’est à cet enfant que les mages offrent des présents royaux, des présents de grand prix. Par ces présents ils disent à l’enfant qu’il est quelqu’un de grand. Cet enfant, dont personne ne connait la naissance, est le vrai roi des Juifs, le vrai roi des hommes, le vrai roi du monde. Dieu se cache et se révèle en cet enfant comme plus tard il se révèlera dans le crucifié : à Noël, comme au calvaire, Dieu est présent en Jésus.

Pour nous aussi, Dieu se cache dans nos frères, particulièrement les plus pauvres et les plus petits. Il nous faut le regard des mages pour le découvrir. Il nous faut voir l’étoile divine qui brille en tout.

Alors, nous devenons les mages qui viennent dire à chacun : « Tu as du prix, tu es aimé. » Nos présents, ce sera notre amitié, notre pardon, notre écoute, notre fraternité, notre respect, notre estime. En chacun nous apprenons à voir le visage de Jésus. Chacun devient beau, digne d’être aimé et rencontré.

Chacun de nous a en lui cette étoile divine, chacun abrite Dieu, chacun héberge Jésus et Marie. Dans nos pauvretés et nos limites personnelles, Dieu se rend présent. Il n’est étranger à aucune situation. Notre cœur est la crèche où s’arrête l’étoile qui conduit à Dieu.

Et si nous sommes ainsi porteurs du visage de Jésus, c’est pour le révéler aux autres, l’offrir aux autres. Pour cela il nous faut être humble et plein d’amour comme à Bethléem. C’est dans la simplicité de nos relations quotidiennes que nous annonçons Jésus, roi d’amour.

En cette fête de l’Epiphanie, où Dieu nous montre en Jésus le vrai roi, regardons-nous les uns les autres comme des rois, et la lumière brillera sur la terre.

« Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. »