Homélies 2017 : Père Pierre Masson
Nuit de Noël - 24 décembre 2017
Dans le monde entier cette nuit on célèbre Noël. Il y a un mois j’étais à l’Ile de la Réunion. Il y avait aussi des pères-Noël à manteau rouge et barbe blanche sur des traineaux tirés par des rennes. Il y avait des sapins couverts de neige.
Noël rejoint les hommes du monde entier avec son folklore d’occident. Mais pourquoi Noël nous rejoint-il ainsi ?
Sans doute parce que l’enfant de la crèche réveille notre mémoire d’enfant, une mémoire idéalisée et réelle : celle de notre condition de créature dépendant de l’amour des autres qui peut s’abandonner dans la confiance à cet amour des autres, la mémoire de ne pas être seul ou abandonné. Et l’enfant de la crèche, qui sourit à Marie et Joseph et les bergers, fait naître notre sourire d’enfant, cette paix oubliée au cœur des soucis, des préoccupations, des épreuves de la vie. Cette mémoire demeure en nous comme un désir profond ;
Ne nous étonnons pas alors que Jésus nous dise : « Soyez semblables aux enfants » puisque lui-même l’a été. Un enfant qui se laisse aimer, un enfant sans calcul, un enfant désarmé, un enfant qui reçoit gratuitement. Dans la nuit de Noël, devant la crèche nous sommes tous cet enfant. Et avec Jésus nous retrouvons le chemin du cœur qui nous conduit à Notre Père et nous osons dire à Dieu : « Papa »
Oui, Noël réveille cet esprit d’enfance qui nous fait aimer sans calcul, pleinement totalement, avec un cœur qui vibre comme Jésus aux souffrances des hommes et capable de se donner tout entier sur la Croix dans la confiance et la fidélité au Père.
Chacun de nous est appelé en cette nuit à se retrouver humblement enfant de Dieu, enfant de la terre, enfant de la vie et frère de tous dans la tendresse qui appelle l’enfance et l’amitié qui porte les enfants vers les autres, enfant avec Jésus, d’émerveillement devant la beauté de la création capable Cet esprit d’enfance il nous faut la protéger et il nous faut protéger notre lien à Dieu et aux autres, protéger Dieu, protéger l’amour, se battre pour qu’il survive en nous et dans le monde.
Que Dieu nous donne de réveiller notre esprit d’enfance devant la vie, capable d’émerveillement devant la beauté de la création ou devant les hommes, capable de sentir et de se réjouir du beau !
5ème dim. du temps ordinaire - Année A - 5 février 2017 Mt V (13-16)
Il semble que l’ambiance générale autour de nous est morose, inquiète. Les nouvelles internationales ou nationales ne sont pas réjouissantes. L’avenir est sombre et plein d’inconnu et beaucoup d’entre nous dans leur vie familiale, leur travail ou leur vie personnelle sont aussi dans cette inquiétude, ces soucis.
C’est dans cette ambiance qu’aujourd’hui nous ouvrons nos cœurs à ces paroles de Jésus : « Vous êtes le sel de la terre…vous êtes la lumière du monde ».
Jésus ne nous donne pas le choix : « vous êtes… » Par votre foi, votre baptême. Il ne s’agit pas des autres mais de nous, de moi. Il ne s’agit pas non plus de n’importe quelle association mais de notre communauté, de l’Eglise.
Et Jésus nous donne cette responsabilité : être sel et lumière, sans quoi il manque quelque chose à la vie des hommes. : Le sel ne sert plus à rien… La lumière ne se voit plus. Jésus nous rend indispensables à la vie du monde.
Comment ?
Le sel donne du goût, du plaisir. Il empêche le pourrissement de la chair, il cicatrise, conserve. En étant sel, nous sommes alors source de joie, de bonheur, de confiance et d’espérance : nous croyons que la vie est plus forte que la mort, l’amour plus fort que la violence. Le sel de l’Evangile et de la vie de Dieu maintient l’humanité dans la joie et l’espérance et cela secrètement, discrètement comme le sel qui s’efface, se dissout.
La lumière, elle aussi nous garde dans l’espérance : elle nous donne de voir loin. Mais surtout elle nous donne de voir la beauté autour de nous, la beauté de la création, la beauté des créatures, la beauté des engagements de l’homme et une beauté elle aussi cachée, discrète. Nous sommes chargés de voir et de dire ce qui est beau et bon quand autour de nous tout semble être dominé par le mal.
Et, voyant cette beauté et cette bonté, nous sommes ceux qui rendent grâces au Père pour ses dons. C’est ce que nous faisons à chaque messe : nous rendons grâce pour Jésus donné par le Père et pour ce qui est beau et bon dans notre monde.
Sel, lumière… Nous ne le sommes que dans l’amour crucifié de Jésus : le sel disparaît, se fond… L’huile brûle pour faire de la lumière. C’est la qualité de notre amour avec Jésus qui nous fait sel et lumière.
Père, donne-nous cet amour, et nous serons sel et lumière pour notre monde !
Fête de la Présentation de Jésus au Temple - 2 Février 2017
Il nous est bon en cette fête de la présentation de Jésus au Temple de nous tenir aux côtés du vieux Syméon. Avec lui, nous recevons Jésus lumière. Avec lui, nous nous réjouissons de cette lumière si longtemps et patiemment désirée. Avec lui nous contemplons dans une joie qui surpasse tout la fidélité de Dieu à ses promesses de vie et de salut.
C’est bien de la fidélité que nous parle cette fête. C’est d’abord la fidélité de ce vieillard. Toute une vie à attendre, à espérer. Nous savons bien que le temps qui passe met à mal la fidélité, on se lasse, on se décourage, on a envie de passer à autre chose quand l’espérance, n’est pas récompensée, quand il ne se passe rien ; Syméon a su durer, tenir jusqu’à l’explosion de joie, dans son cœur, au jour de la Présentation au point de tout abandonner puisqu’il se reconnaît comblé. Il est comme le psalmiste qui veille dans la nuit dans l’attente du jour et c’est la vocation des consacrés dans l’Eglise : être des veilleurs de la venue de Dieu en Jésus, avec persévérance, entêtement, espérance, fidélité. Etre la porte ouverte au Christ lumière pour le monde.
Alors la joie de Syméon est à la mesure de son attente, car c’est la joie donnée par la fidélité de Dieu. Non, Dieu n’oublie pas ses promesses de vie et de salut. On peut compter sur Lui. S’il tarde à se révéler à nous, c’est pour creuser en nos cœurs un espace suffisamment grand pour accueillir l’immensité de son amour. Il creuse en nous le désir intense et profond de sa venue. Dieu fait de nous, comme Syméon, des êtres de désir, des assoiffés, des affamés…et nous ne sommes comblés que par Jésus lui-même quand nos cœurs sont grand ouverts. Nous attendons Jésus tout au long de notre vie et chacune de ses rencontres est une source infinie de joie. Chaque jour nous pouvons faire cette expérience d’approfondir notre attente, d’attendre toujours plus et mieux de Dieu, d’attendre Jésus lui-même et sa lumière, pas seulement une petite lumière dans notre nuit mais le grand soleil de sa présence. Alors, entrons dans cette attente et ce désir sans jamais nous décourager pour connaître la joie de Syméon, c’est ce que nous rappelons le soir en priant les complies et en redisant l’action de grâces de Syméon.
Que Jésus nous garde dans la fidélité à sa promesse et nous donne la joie d’accueillir sa lumière
Noël - 25 décembre 2016 Jn I (1-18)
Nous venons d’entendre saint Jean : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu…Mais à ceux qui l’ont reçu, il donne de devenir enfants de Dieu… »
Dans la nuit de Noël déjà, on nous disait que Jésus n’avait pas trouvé de place dans la salle commune…
Mystère des visites de Dieu dans la vie des hommes : il ne s’impose pas, Il ne fait pas de bruit, Il se fait discret et humble. Il s’offre à notre accueil ; c’est justement, son humilité et sa discrétion qui nous appellent. Nous savons bien que nous avons besoin de Lui et qu’il manque quelque chose d’important dans nos vies quand nous ne lui faisons pas de la place. Tout petit et pauvre qu’il est, il apporte au monde l’amour de Dieu, son Père, un amour qui mendie le nôtre, qui attire notre cœur comme un bébé attire notre attention, un amour qui s’offre et se propose.
« Je suis là, dit Jésus à Noël, veux-tu m’aimer ? Veux-tu me regarder ? Me sourire ? Si tu le fais, je remplirai ton cœur d’amour, de tendresse, de bonté. Tu deviendras petit comme moi, peut-être mis de côté, moins puissant et riche mais comblé d’amour et de joie. » Car, c’est la joie que Jésus bébé apporte aussi au monde. Les anges l’ont chanté : « Je vous annonce une grande joie. » Mais pas n’importe quelle joie : c’est celle qui accompagne l’amour, la joie d’aimer et d’être aimé, la joie de dire merci, de rendre grâce, de savoir que la vie nous est donnée gratuitement et fidèlement dans l’amour et que la vie dans l’amour est plus forte que les épreuves, la joie d’être libres pour l’essentiel, pour les autres, disponibles à ce qui compte.
La joie est la compagne de la pauvreté, voilà pourquoi aussi c’est aux bergers qu’est annoncée la naissance de Jésus : ils sont pauvres, disponibles, désencombrés, ouverts à la joie. La joie de Noël, c’est la lumière qui vient trouer nos ténèbres comme pour les bergers.
Car c’est encore la lumière que Jésus apporte, la lumière qui éclaire les personnes et les évènements et leur donne un sens, du prix, de la beauté.
A Noël, Dieu voit à travers Jésus la beauté cachée des élus. Il nous voit chacun, chacune, éclairés de l’amour de Jésus.
Tout ce qui est lourd, sombre, triste dans nos vies se cache derrière la beauté de l’enfant que le Père voit en nous. Et cette lumière d’amour, bien sûr, Jésus nous la confie, comme aux bergers ! Quelle belle mission ! Révéler la beauté cachée en toute vie, répandre sur tous la lumière de Dieu.
Il n’y avait pas de place… mais en nous ce soir et en ces fêtes de Noël, Jésus trouvera-t-il un peu de place pour nous apporter l’immense cadeau de son amour, de sa joie et de sa lumière.
Il est venu chez les siens… Allons-nous le recevoir ?
Viens, Jésus, viens reposer dans la crèche de nos cœurs.
11 novembre 2016 - St-Martin
En ce moment, l’Eglise vit les derniers jours de l’année de la miséricorde voulue par le Pape François. Une année pour nous unir à l’amour sans mesure de Dieu pour les hommes, une année pour mettre un peu de cet amour dans nos relations. Et, en ce 11 novembre où nous prions pour la paix et où nous honorons ceux qui ont donné leur vie pour un monde meilleur, ce message d’amour de Jésus est important. L’année de la miséricorde nous a redit que nous n’étions pas condamnés à la violence, à la guerre, à la compétition, à la haine, au rejet de l’autre, toutes ces formes d’égoïsme et d’orgueil qui nous divisent, qui nous font du mal, qui apportent la mort.
Non ! Nous sommes faits pour la solidarité, la fraternité, la douceur, la justice, toutes ces formes de générosité qui font vivre, qui apportent du bonheur, qui respectent les autres.
Saint Martin, que l’Eglise fête aujourd’hui, en est un exemple, un chemin, un guide. Tourné vers Dieu, il vit le partage, la charité, en coupant son manteau pour un pauvre. Et ce n’est pas pour rien que l’Evangile d’aujourd’hui, c’est Jésus présent dans ceux qui ont faim, qui sont malades, en prison, nus et à qui on montre de l’amour, de la miséricorde.
Ce chemin d’amour est chemin de paix pour le monde. Notre monde a besoin de nouveaux combattants, de nouveaux soldats, des combattants de la paix, de la justice, de l’entraide. Il y en a déjà beaucoup… Il peut y en avoir encore plus. C’est ce que nous pouvons demander dans notre prière : qu’une armée de frères se rassemble et que nous y prenions notre place !
Que saint Martin, soldat, nous engage dans l’amour !
32 ème dim. du temps ordinaire - Année C - 6 novembre 2016
Au temps de l’Evangile, comme pour nous aujourd’hui, il n’était pas facile de croire à la résurrection des morts. Les Sadducéens qui interrogent Jésus en sont les témoins. Et s’il est une parole de notre profession de foi difficile à dire en vérité est bien celle qui dit : « Je crois en la résurrection de la chair. »
Quelques réflexions peuvent nous aider à entrer dans ce mystère :
La première réflexion est de nous rappeler que notre vie, et notre vie avec Dieu, est le fruit de son amour, de l’alliance qu’il conclut avec nous. La résurrection nous ouvre à un Dieu de vie, un Dieu qui donne, qui aime, qui fait vivre. Ce n’est pas moi qui vis, c’est Dieu qui me fait vivre. Cet amour, cette alliance, nous les recevons à notre baptême. Dieu s’est alors engagé envers nous dans l’amour. Et la résurrection est le fruit de cet engagement. Dieu ne peut pas renier son engagement, sa promesse, au moment de la mort. Comme pour Jésus, il nous donne de traverser la mort pour rester en alliance avec Lui et Lui avec nous. Que serait cet amour qui nous laisserait tomber dans le néant ! Osons croire que Dieu a besoin de nous vivants pour nous aimer. Bien sûr, nous ne savons pas comment se passe la résurrection, ce qu’est la vie éternelle. Nous savons seulement que nous y sommes dans l’amour, la joie, la lumière, la paix.
Une deuxième réflexion nous est donnée dans la première lecture : la foi en la résurrection donne un sens au sacrifice de ces jeunes martyrs d’Antiochus. Ils se savent entre les mains de Dieu. Ils se mettent entre ses mains. La foi en la résurrection nourrit et fortifie leur fidélité à Dieu. Il en va de même pour nous. La promesse de vie éternelle donnée par Jésus donne sens à notre vie terrestre, à notre quotidien : une lumière venue de l’avenir éclaire et embellit notre aujourd’hui, notre présent. Nous sommes dans une vie reçue de l’amour du Père et nous croyons en sa fidélité. Nous recevrons cette vie demain pour l’éternité. S’il n’y a pas de vie éternelle, ma vie présente n’a plus de sens. Plus rien n’a d’importance ! Mais la foi en la résurrection donne à notre vie une dimension plus grande, plus profonde, plus belle, au-delà de ce que nous pouvons imaginer, à la mesure de Dieu.
Dieu est le Dieu des vivants et non le Dieu des morts. Il nous invite à recevoir chaque jour sa vie. Il nous fait espérer pour les défunts. Il nous fait croire en son amour. Il nous rend fidèles. Béni soit-il !
28ème dim. du temps ordinaire - Année C - 23 octobre 2016
Luc XVIII (9-14)
Nous sommes encore dans l’année de la miséricorde. Nous approchons de son terme. L’Evangile d’aujourd’hui nous replonge dans le mystère, la beauté, et en même temps l’étonnement de la miséricorde. Laissons-nous bousculer par cette parabole de Jésus. Car ce pharisien a quelque chose de beau et de grand, de saint, de pur. Qui pourrait accomplir ce qu’il accomplit dans sa pratique religieuse ? Et il en rajoute même sur ce que la règle lui demande : il jeûne deux jours de plus et il donne plus en offrande. Il a donc quelques raisons d’être content de lui devant le Seigneur, surtout qu’il ne s’en attribue pas le mérite puisqu’il rend grâce à Dieu. Il ne demande rien, il n’attend rien de Dieu.
Quelle différence avec le publicain qui se frappe la poitrine et demande la pitié du Seigneur pour ses péchés. Remarquons que sa prière est bien plus brève que celle du pharisien. Il ne fait pas la liste de ses péchés… Il se reconnaît pécheur ! Il demande « pitié », pardon.
Notre étonnement, c’est que Jésus semble donner raison non au juste, au publicain, mais au pharisien ! Mais, est-ce si étonnant ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que le salut ? Qu’est-ce que la foi ? C’est entrer en relation avec Dieu et il semble bien que le pécheur se soit ouvert à la miséricorde de Dieu, il a ouvert sa personne, son cœur à l’amour de Dieu : « Prends pitié du pécheur que je suis ! » Le publicain a besoin de la miséricorde, de la tendresse, de la pitié de Dieu. Le pharisien n’a pas besoin de Dieu, il compte sur ses propres forces. Il compte ce qu’il fait de bien. Voilà qui nous éclaire sur notre foi : Est-ce poser des actes méritoires ? Ou bien est-ce aimer le Seigneur et se laisser aimer par Lui ?
Je rencontre beaucoup de chrétiens méritants qui se désolent et se lamentent sur ce qu’ils ne font pas et n’arrivent pas à faire. Et cela les empêche d’aimer Jésus et leurs frères…Est-ce si important de ne pas faire tout ce que nous pourrions ? L’essentiel c’est d’aimer et de nous laisser aimer … et aimer, c’est « recevoir » de l’autre, avoir besoin de ses dons, de son amour pour être heureux. Celui qui a tout, est-il heureux s’il ne connaît pas l’amour ?
Il en est de même devant Dieu et la miséricorde n’est pas alors seulement le pardon de nos péchés mais une expérience d’amour. La miséricorde c’est ouvrir en nous la joie de connaître Jésus et son amour dans l’humilité et l’action de grâces.
29ème dim - Année C - 16 oct 2016
Luc XVIII (1-8)
Lequel d’entre nous ne fait pas l’expérience du silence de Dieu ? Silence devant le mal qui domine le monde, silence devant la souffrance, silence à nos prières, nos demandes, silence à nos besoins. Ce silence est difficile à vivre, à supporter. Il met à mal notre foi, notre confiance en Dieu et nous laisse souvent bien seuls. Il donne raison à ceux qui disent : « Si Dieu existait, il n’y aurait pas toutes ces souffrances… »
Cette épreuve du silence de Dieu traverse la Bible et habite l’expérience de foi du Peuple d’Israël. Il y a dans la prière des Psaumes des appels pressants à Dieu de rompre son silence, de parler et d’agir.
Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui nous dit qu’il sait que nous faisons cette expérience et communie à notre souffrance. N’a-t-il pas connu le silence de Dieu au jardin des Oliviers ?
Ce silence n’est-il pas aussi le nôtre devant les appels de nos frères ? Reprocher à Dieu son silence et vivre dans l’indifférence aux cris de nos frères n’est pas juste ni honnête. Nos réponses aux appels de nos frères sont réponses de Dieu. Cette veuve affrontée au silence du juge est notre sœur dans la foi et ce n’est pas par hasard que Jésus nous la donne en exemple.
Mais, ce que Jésus nous dit surtout c’est que son silence n’est pas absence ou indifférence. Dieu entend nos prières. Ce juge qui finit par répondre à la veuve nous fait regarder le Seigneur qui, lui, à l’inverse du juge ne nous laisse pas dans le silence. Jésus tourne nos cœurs vers ce que Dieu fait en nous et sur sa présence. Quand nous sommes confrontés au silence de Dieu, nous sommes aussi invités à faire mémoire de ce que Dieu a déjà fait pour nous, à ce qu’Il est dans nos vies, à ses promesses et aux signes de sa présence qui va au-delà du silence. C’est le chemin de la foi : « Trouvera-t-il la foi sur la terre ? », qui va au-delà du silence de Dieu.
Gardons-nous nos cœurs ouverts aux dons de Dieu ou bien ses dons trouvent-ils des portes fermées quand ils nous sont faits parce que ce n’est plus l’heure ou pas ce que nous avions commandé ?
La persévérance dans la prière, malgré ou au cœur du silence de Dieu est aussi un chemin d’approfondissement de notre amour pour Lui. Que serait un Dieu qui répondrait à tous nos caprices ? Ce silence apparent et momentané de Dieu creuse notre désir et le purifie. Il nous pousse, dans la foi en son amour, à reconsidérer nos demandes, à les approfondir. Il nous pousse aussi à chercher la réponse de Dieu dans l’amour, la solidarité, l’aide des autres. C’est par eux que Dieu intervient. Et devant ce silence apparent de Dieu, c’est notre foi qui est appelée à se fortifier et à s’approfondir. Non, dit un psaume, Dieu ne dort pas… Sa réponse est toujours déjà là : c’est sa Parole, c’est Jésus.
Accueillir la parole et Jésus dans la foi, c’est accueillir la réponse de Dieu à nos appels.
Que Dieu nous garde dans la foi ! C’est aujourd’hui qu’Il vient à travers l’écoute de sa Parole et de nos frères.
28ème dim. du temps ordinaire - Année C - 9 oct. 2016
Luc XVII (11,19)
Nous sommes des gens bien élevés… On nous a appris à dire : « merci » et c’est un comportement de mauvais goût de ne jamais dire merci. C’est un manque de respect, d’indifférence, d’orgueil.
L’Evangile d’aujourd’hui serait-il alors une leçon de politesse ? Une invitation à dire « merci » ? Ce serait réduire la Parole de Dieu à quelque chose de bien utile mis aussi de bien banal.
Remarquons plutôt dans le récit un changement de vocabulaire entre le début et la fin : il est question de purification, de guérison. Les 10 n’ont-ils pas été guéris ? C’est un constat de l’œuvre de Jésus… Mais quand il s’adresse au samaritain qui est revenu, il parle autrement : « Ta foi t’a sauvé ! » Le lépreux guéri est déclaré « sauvé » par Jésus. Qu’est-ce que cela apporte à sa guérison ? Pourquoi cette expression ?
La guérison physique touche le corps, la vie sociale, puisque les lépreux étaient exclus de la société, rejetés. Et c’est important, vital. Jésus vient guérir les corps et les relations humaines. Mais Jésus nous dit que l’important pour lui c’est le cœur. « Ta foi t’a sauvé ! ». Autrement dit, en reconnaissant Celui qui l’a guéri et en rendant grâces « Tu entres dans une vie nouvelle, une relation nouvelle avec Jésus, avec Dieu. Ta vie humaine s’ouvre à la communion de cœur avec le Père et Jésus et le Père. Tu entres dans l’amour de Dieu. Tu sors de toi pour t’ouvrir à Dieu et à son amour. »
Ce qui fait la différence entre les 9 guéris et le samaritain sauvé, c’est que le samaritain s’est ouvert à l’amour de Jésus. Il n’est pas que « guéri ». Il est guéri par l’amour de Jésus.
C’est un chemin pour nous. Qu’attendons-nous du Seigneur ? Que lui-demandons-nous ? Est-ce que notre désir va jusqu’à une relation d’amour avec Lui, jusqu’à la joie d’être « sauvé » ? Ou bien en restons-nous à des attentes limitées à notre humanité, notre confort, notre bien-être ? Même si tout cela est légitime, c’est insuffisant aux yeux de Dieu. Et c’est sur ce chemin d’amour que nous découvrirons la joie de rendre grâces et de louer le Seigneur. Pas seulement pour ce qu’Il fait, mais pour ce qu’Il est dans nos vies, pour le salut intérieur qu’Il nous donne.
L’important, c’est d’aimer et être aimé. Ouvrons nos cœurs au salut offert par Jésus, à son amour et rendons grâce pour cet amour. C'est le sens de notre Eucharistie : l’action de grâce.
Homélie pour l’au-revoir à Martine Letourneur….. 1er septembre 2016
Restez en tenue de service….
Martine, que nous accompagnons aujourd’hui de notre prière, a été comme l’image vivante de cette parole de Jésus…
" Restez en tenue de service."
Comme beaucoup de femmes, de mères ou de sœurs, sa vie a été un service humble et quotidien de Georges dans la discrétion et la joie. Et nous rendons grâce pour ce service, ce témoignage qu’elle nous a donné car, dans la personne de Georges, c’est le ministère de l’Eglise qu’elle a servi. Elle est ainsi une figure de toutes les petites mains qui servent nos communautés.
Nous rendons grâce au Seigneur de l’avoir mise sur notre route et d’avoir partagé avec elle.
Heureuse la servante que tu as été Martine !
Jésus ajoute : la ceinture autour des reins…
J’aurais envie de voir là les difficultés et les souffrances de Martine, sa santé fragile. Son service ne s’est pas vécu dans la facilité mais dans l’effort et elle a eu de la volonté pour tenir et servir jusque dans la fatigue des derniers temps. La ceinture autour des reins c’était la maladie. Elle peut être pour nous tous qui connaissons la souffrance un exemple et un appel. La ceinture…c’est aussi sa droiture et parfois son intransigeance sur des valeurs, des comportements.
Heureuse la servante que tu as été, Martine !
Jésus ajoute encore : Gardez votre lampe allumée.
Dans ce que nous avons connu de Martine, cette lampe peut être plusieurs choses : d’abord son sourire, son accueil, sa capacité à plaisanter, sa présence fraternelle. La lampe, c’est l’étincelle de gaité et d’humour qui brillait parfois dans ses yeux. La lampe, c’est aussi sa foi, sa fidélité au Christ et à l’Eglise. Elle en parlait peu, elle la partageait avec Georges et quelques amis mais on sentait que cette foi la tenait debout, la faisait vivre, l’animait. Sa licence de théologie n’était pas restée que dans sa tête et l’appel de Jésus à veiller dans la prière, elle y a répondu en particulier avec Georges depuis sa retraite.
Heureuse la servante que tu as été, Martine !
Son compagnonnage avec les sœurs de la Croix a porté du fruit au long de sa vie dans sa relation au Seigneur.
Martine, nous te confions au Seigneur telle que nous t’avons connue et telle que Lui, le Seigneur te connait et t’aime. Tu as ouvert ta porte au Maître de la vie. Maintenant c’est lui, Jésus qui te sert et te comble de ses bienfaits.C’est notre foi et notre espérance et notre prière.
Puissions- nous continuer à demeurer ensemble dans la communion de son amour !
Père Pierre Masson
7éme dimanche de Pâques - 1ère communion - 8 mai
Vous ne trouverez pas que c’est un peu étrange ce que nous vivons ce matin : c’est à la fois un grand moment, une étape dans la vie des jeunes, une fête familiale et à la fois un geste simple : manger un peu de pain…
Il y a comme une disproportion entre l’importance de la communion et sa simplicité. Nous dire cela ce matin, c’est reprendre conscience de ce qu’est la communion... Ce n’est pas un acte banal, un geste ordinaire, c’est un acte de foi qui dans sa simplicité nous met en relation avec plus grand que nous, plus beau, plus fort et c’est Jésus, c’est Dieu.
Il y a autre chose que fait la communion : elle nous donne une mission, une responsabilité. C’est Jésus qui nous fait confiance, qui nous regarde comme des grands. Il nous confie son amour à faire connaître. Il se confie à nous. « Je compte sur toi pour que mon amour s’étende à tous ceux que tu rencontreras, pour aimer en mon nom. » On ne peut pas aimer tout le monde sauf si c’est Jésus qui nous le demande et sauf si en aimant tout le monde je crois que c’est Jésus. Et notre amour est comme une hostie : chaque petit geste d’amitié et d’amour est plein de Jésus et rend le monde meilleur. Pas besoin de grandes choses. Il suffit d’aimer dans les petites choses.
Oui, nous croyons avec notre cœur que communier c’est devenir un avec Jésus, c’est le recevoir en nous et c’est entrer chez lui, devenir son ami.
C’est aussi devenir proches les uns des autres, devenir ensemble, devenir une famille de frères et d’amis.
En communiant nous avons en nous le même Jésus, le même Seigneur, nous sommes frères.
Cette petite hostie que nous allons recevoir fait ainsi en nous, parmi nous de grandes et belles choses. Elle vient changer notre regard, nos pensées. Jésus nous dit cela : « Que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que moi aussi je sois en eux. »
La communion, c’est donc une grande fête, un geste simple. C’est Jésus en nous.
Merci , Jésus, pour cette fête, pour ton amour. Mets la joie en nos cœurs !
L’autre image, celle d’un puits dans le désert. C’est parce qu’il y a un puits caché que le désert est habité.
C’est parce que Dieu habite l’Eglise qu’elle est précieuse et belle comme une perle. C’est parce qu’elle est un puits qu’elle illumine les déserts des hommes.
Rendons grâce pour cette Eglise que Jésus nous donne. Réjouissons-nous d’y vivre !