Célébration de la Parole : dimanche 23 février 2025
On parle parfois de la radicalité de l’Evangile, au sens où il nous appelle à nous transformer en profondeur : alors je trouve que celui d’aujourd’hui n’est pas mal dans le genre !
« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, à celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique… »
Dès la première lecture, le ton est donné : nous sommes un peu surpris, déstabilisés par l’attitude de David.
Saul et David sont en guerre : Saul est à portée de lance de David. Que va faire David ? La tentation est grande. Il lui suffit de donner un ordre à son serviteur et son ennemi disparaitra : mais ce Saul a été oint par le Seigneur et David respecte le Seigneur.
Au fond de son cœur, la sagesse, peut-être aussi la peur, l’emportent et il décide de lui laisser la vie sauve. Il est convaincu que le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité.
Mais revenons à l’Evangile de Luc qui nous interpelle et nous provoque chacun, aujourd’hui :
« Aimez vos ennemis, faites du bien sans rien espérer en retour… »
Jésus distingue bien ce à quoi sont appelés celles et ceux qui veulent le suivre : à faire plus que les autres : même les pécheurs aiment ceux qui les aiment, même les pécheurs font du bien à ceux qui leur en font… Alors ! Seul le désintéressement distingue la conduite des croyants et des pêcheurs.
Quelle est donc la clef de cet évangile ? La MISERICORDE DU PERE.
Elle nous est donnée sans compter et c’est elle qui peut nous mettre en mouvement.
Le psaume que nous avons entendu célèbre et illustre cette miséricorde du Père : il est un véritable hymne à la tendresse de Dieu ; Dieu nous pardonne, Dieu nous donne sa tendresse,
Dieu est lent à la colère, Dieu nous comble d’amour et de tendresse, Dieu met loin de nous nos péchés…
Cet Evangile nous appelle nous aussi à être miséricordieux, et miséricordieux comme notre Père ;
« Soyez à l’image de votre Père ».
Et ce n’est pas facile !
Pour certains, c’est peut-être même impossible ! Quand la guerre est dans notre ville, à notre porte (pensons à l’Ukraine, à Gaza, à la RDC au Soudan et dans tous les lieux de guerre…) ou quand pour une personne la blessure est trop profonde.
La 2 ème partie de l’Evangile nous interpelle sur des situations peut-être plus proches de notre quotidien, plus proches de nos relations de tous les jours : ne jugez pas, ne condamnez pas, pardonnez, donnez gratuitement …
C’est parce que nous sommes comblés de la Miséricorde du Père, de son Amour sans limite que nous pouvons à notre tour progresser sur ce chemin : nos seules forces n’y suffiraient pas.
Plutôt que le jugement, plutôt que la condamnation, nous sommes invités à aller au-delà de ce que dit l’autre, de son apparence, de ses idées, de ce qu’il fait : changeons de regard sur lui et accueillons-le dans la globalité de son être : car il est avant tout un frère ou une sœur pour moi, puisque nous sommes enfants du même Père.
Nous recevons aussi une invitation à pardonner à ceux qui nous ont fait du mal, comme Dieu lui-même nous pardonne : Dieu ne nous demande pas d’oublier le mal que l’on nous a fait, mais d’aller au-delà, de ne pas s’y enfermer : cela peut demander du temps, cela peut demander de le porter en justice selon la gravité des faits, mais cela demande assurément de le porter dans la prière et de se laisser inspirer par l’Esprit.
Ne pas juger, ne pas condamner, pardonner, ce sont bien les attitudes de Jésus avec tous les pécheurs qu’il rencontre au long des évangiles, témoignant inlassablement de la miséricorde et de la tendresse de son Père.
C’est encore aujourd’hui cette même attitude de tendresse et de miséricorde que notre Père a pour chacune et chacun d’entre nous …
Et c’est cette miséricorde et cette tendresse qu’il nous invite à diffuser autour de nous, individuellement et en communauté, en faisant un pas de plus pour vouloir le bien des autres, même de ceux qui ne nous veulent pas du bien.