Il faut prendre au sérieux ... le geste qui consiste à verser de l’eau sur la tête du baptisé ! — Paroisse Saint-Germain du lac

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Il faut prendre au sérieux ... le geste qui consiste à verser de l’eau sur la tête du baptisé !

Le baptême opère comme signature. Il est le geste par lequel le baptisé se trouve signé par l’eau versée sur
son corps. L’eau signe le nom du Christ (…)


« Il faut prendre au sérieux ce qui s’effectue matériellement dans le geste qui consiste à verser de l’eau sur la tête du baptisé 
Quelque chose a lieu à la surface du corps, sur la peau, sans laisser de trace visible puisque l’eau, une fois passée, n’est plus apparente. (…) On ne trouve pas ici l’idée d’une profondeur, d’une intériorité, d’une identité qu’il faudrait chercher tout au fond de nous, en des régions souterraines, et qui ferait ainsi, comme un trésor caché, ce que nous sommes. 
Le geste du baptême donne au contraire une consistance à la surface même du corps. Il en fait le lieu décisif d’une écriture comme une page sur laquelle on écrit, où on appose sa signature.
Contre toute identité des profondeurs, il y a ici le corps exposé, la surface du corps chrétien où se marque l’identité. (…) Ce qui nous empêche de penser (l’identité) comme ce qu’on détient en soi et dont on fait en terme de possession. Il faudrait plutôt dire (qu’elle) nous dépossède de nous et (…) nous expose. Elle nous situe dans un « dehors » qui est justement, paradoxalement, notre lieu le plus intime, notre intériorité, notre soi. (…)
Le rapport à soi et qu’on nomme « identité » est constitué du dehors, ce qui n’est pas soi et qui est même étranger à soi, ce qui nous vient donc d’ailleurs que de nous-mêmes. (…)
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L’identité baptismale concerne le nom et la nomination.
Il existe, en effet, un rapport étroit entre l’identité et le nom reçu auquel on peut s’identifier, si l’on entend que le nom est autre chose qu’une inscription sur un état civil. Le nom du baptême n’est pas davantage indépendant de lignées personnelles, d’histoires, de généalogies, etc. 
Il assume toute une histoire ; il la prend à sa charge, mais c’est pour y inscrire (…) un « surcroît » qui ne s’ajoute pas simplement à nos particularismes sociaux, culturels, familiaux, etc. (…) Il est en surcroît dans le sens où il fait de chacun un être en excès de toute qualification. Ainsi, le nom reçu signifie que chacun échappe à ce qui voudrait l’épingler dans une définition quelconque. 
Un nom véridique est toujours, de cette façon, comparable à ce que Paul indique à propos du Christ : il est un nom au-dessus de tout nom. C’est pourquoi, d’ailleurs, il faut soutenir que l’identité chrétienne n’est pas, à proprement parler, une identité (…) (Elle) diffère des identités qui font, par ailleurs, notre vie quotidienne et qui se construisent par identification à des images, des modèles, des idéaux, des normes, des gestes, sur le plan familial, social ou religieux. 
Le nom a pour fonction de nommer, certes, mais c’est une nomination qui crée de l’écart par rapport à ce qui veut nous assigner à une place en prétendant voir et savoir ce que nous sommes. Telle est la fonction du nom pour la constitution de l’identité : aucun nom n’est le véritable nom, c’est-à-dire que manque toujours ce qui pourrait dévoiler la vérité de notre être en nous nommant de façon adéquate. (…) 
En effet, le nom qui nous a été transmis n’est pas notre identité véritable. Le nom qui désignerait la vérité de notre être fait toujours défaut et son absence nous rend, à proprement parler, « innommable ». (…). C’est ce qu’on peut attribuer au signifiant « fils » ou « fille » lorsque, bibliquement, c’est Dieu lui-même qui nomme et qui signe de son nom. Finalement, l’identité donnée par le baptême signifie que nous ne sommes jamais tout à fait à la place où nous sommes nommés et donc connus. (…) 
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Le baptême opère comme signature. Il est le geste par lequel le baptisé se trouve signé par l’eau versée sur
son corps. L’eau signe le nom du Christ (…). Ainsi, d’une part, il y a le nom reçu qui nous donne une identité
inscrite dans les identités séculières et qui est en même temps en décalage. Mais, d’autre part, au cœur de
l’identité, il y a le Dieu qui signe son propre nom sur l’existence humaine. Le baptême, en ce sens, n’a pas
pour fonction d’enseigner quelque chose, mais de signifier que quelqu’un se rend présent auprès de
quelqu’un d’autre. 
Calvin utilisait une belle image en comparant le baptême à un cachet, que l’on appose sur une lettre pour l’authentifier, donc pour indiquer un sujet de l’énonciation et non un énoncé (…). La signature n’est pas seulement le nom marqué, mais (…) une manière de dire « oui », c’est bien mon nom, je l’atteste, et je pourrai encore l’attester. On sait également que (…) signer est l’acte par lequel une présence se conjugue à une absence. Or, le corps du baptisé – disons le corps chrétien – porte une signature comme identité, c’est-à-dire une présence, une présence toujours maintenue, toujours répétée, mais à la condition qu’elle soit aussi une absence, un retrait, et donc une incapturable présence.
L’identité est trace du manque et, pour cette raison, elle est ineffaçable.
C’est en ce sens que l’eau du baptême qui ne laisse aucune trace visible marque une identité qui demeure et échappe à la prise. »       

ean-Daniel CAUSSE, Le baptême chrétien : identité et institution.