Dimanche 11 février 2024, 6ième dimanche du temps de l’Eglise
Carême J – 3
 Le mot qui me vient : Prier ! Prier vient du latin « precare » qui signifie demande ! « Demandez et vous recevrez ! » Cette étymologie a induit une étrange habitude de réduire la prière à la demande ! Nos prières universelles souvent sont des recueils de demandes ! Et il est facile de demander à Dieu ce que nous n’avons pas le courage de faire par nous mêmes !
Peut-on rentrer dans cette passivité, se contenter de demander en attendant que Dieu nous donne tout ce que nous lui demandons ?
Assurément pas ! C’est pour cela qu’il existe un carême, pour mettre les bouchées double, pour l’abondance : se gonfler de prière ! Il s’agit de faire quelques coupes sombres dans l’agenda pour cesser de dire je n’ai pas le temps ! Il s’agit d’abandonner la litanie facile du à-quoi-bon-prier. Attention les choses d’en haut s’effacent au fur et à mesure que le poids des jours et du temps terrasse notre regard.
Si l’évangile demande de s’enfermer dans sa chambre pour prier, ce n’est que pour nous dire que nous visons dans la prière une intimité avec Dieu : d’abord une causerie ....
Le Carême nous apprend le métier de tisserand qui nous fait étoffer notre relation avec Dieu. Parler avec lui comme on parle à un ami. Non seulement pour ‘obtenir’ mais aussi pour lui dire ce que je pense, ce que je ressens, pour lui parler de mes joies, de mes projets, de mon avenir, de mes mercis, et lui demander son avis !
Nous le sentons bien, la prière ne prétend pas sortir Dieu de son sommeil, encore moins à lui dicter nos volontés ! Mettons fin à nos palabres ou exhortations avec Dieu et entrons, avec Lui, dans la parole à bâtons rompus comme le psalmiste, dans un climat franc ou fou, brutal ou révolté, embarrassé ou apaisé mais toujours attentif et passionné !
Et si la prière ne prend pas l’allure d’un grand et long colloque faut-il l’inscrire au fil des heures, comme les moines, comme la prière du temps présent ?
Il y a au moins deux prières à ne pas oublier, le matin et le soir ; les deux s’enracinent dans le merci ! Le matin, nous rendons grâce à Dieu pour l'existence qu'il nous donne, et le remercions d’être là, à l’aujourd'hui de la vie ! Et le soir il s'agit de regarder la journée : c'est le moment de faire mémoire des diverses rencontres et actions de la journée, pour dire merci mais aussi pardon !
Et précise François de Sales, « Ressouvenez-vous, de faire toujours plusieurs retraites en la solitude de votre cœur… parmi les conversations et affaires … Que ces instants de solitude mentale ne soient pas empêchés par la multitude de ceux qui vous sont autour, car ils ne sont pas autour de votre cœur, mais autour de votre corps : que votre cœur demeure lui tout seul en la présence de Dieu seul. (I.VD. II,12)
« Il n'y a qu'une seule chose nécessaire pour bien faire l'oraison : avoir notre Seigneur entre nos bras. Cela étant, elle est toujours bien faite, de quelque façon que nous nous y prenions. » F Thierry Mollard osfs
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