Dimanche 15 octobre 2023 - 28e dimanche du Temps de l’Eglise
Mais jusques à quand ...
Ce matin du 11 octobre je m’attèle à la rédaction la FP alors que dehors les beaux jours de l’arrière saison laissent croire à un radieux prolongement de l’été. Pourtant les jours que nous vivons ne sont ni beaux ni bons : tant le feux et l’acier s’allient pour déclarer les guerres, répandre la terreur, anéantir l’homme !
Je suis donc à mon clavier, perplexe, d’autant plus que nous venons de célébrer la fête de St Jean XXIII, l’auteur de l’encyclique « Pacem in terris » et franchement, le cœur n’est pas à la paix, à la « paix sur la terre, objet du profond désir de l'humanité de tous les temps... »
Ce dimanche, dans toutes les églises nous entendrons Isaïe « prophétiser » : « Sur cette montagne, le Seigneur fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Il essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. »
A entendre ces mots nous n’avons qu’une impatience : « Mais Seigneur quand cela va-t-il advenir, qund vas-tu essuyer tant de larmes amères par toute la terre pour redonner visage humain à l’homme défiguré ? Car enfin voilà, cette annonce nous paraît tellement lointaine et improbable ! »
Comme avec le psalmiste, monte en moi comme une rumeur qui s’essouffle « ... mais jusques à quand ? » Non je ne tairai pas ce cri dirigé vers Dieu. Peut-être est-il insolent de s’en prendre à Dieu, ainsi, mais ce cri est ma prière à ce Dieu qui m’a dit que je pouvais tout lui dire !
Mais jusques à quand, serons-nous fixés, sidérés par les feux de violence virulents ici et là : conflit et déflagration, terrorisme et pogrom, destruction et pillage. Nous en faisons des raccourcis en forme de binômes : Israël-Palestine, Ukraine-Russie, Corée du Nord - Corée du Sud... et d’autres encore. Comme s’il fallait choisir son camp ! Comme s’il fallait désigner « le coupable ». Depuis longtemps nous savons que tout conflit met face à face deux protagonistes ou plus ! Il n’y a pas que dans la cour de récréation que nous nous disons : « C’est lui qui a commencé » pour justifier tous nos gestes et sentences! A défaut d’émettre une opinion hâtive il convient toutefois d’envisager enchaînements et déchainements qui aboutissent à de telles tragédies.
S’il est incertain de prendre partie pour l’un ou pour l’autre dans un conflit par contre nous ne pouvons pas, économiser quelques prises de position, quelques repères.
Le premier étant le rejet inflexible et absolu de toutes formes de terrorisme.
« Les attaques terroristes qui frappent l’Etat d’Israël et sa population sèment la terreur bien au-delà des frontières du pays. Notre première réaction est celle d’une condamnation forte et sans hésitations de ces actions et de leurs auteurs, et du recueillement envers les victimes. » (Pax Christi)
Par ailleurs devant la violence des faits actuels dans la guerre Israël/Palestine, le conflit qui appelle une réaction, nous ne pouvons faire le choix de la vengeance. Et la voie, « ne peut être non plus la mise en œuvre d’une punition collective, de Gaza et de ses habitants aussi illégale et immorale que les assassinats auxquels elle est censée répliquer. » (Pax Christi)
A relire notre histoire, nous ne pouvons qu’humblement constater que nos sociétés ne parviennent pas à une prise de conscience sérieuse de leurs fragilités et fractures. Et enfin quel est notre avenir sans l’engagement pour la fraternité́ qui doit être l’affaire de toutes et tous.
C’est que nous rappelait récemment le pape François, à occasion de sa venue à Marseille, les 22 et 23 septembre :
« Parce qu’il s’agit de notre avenir, l’engagement pour la fraternité́ doit être l’affaire de toutes et tous. Il concerne chaque citoyen de notre pays, quel que soit son âge, son origine, sa culture, son milieu social, sa religion ou ses convictions philosophiques. C’est pourquoi nous voudrions que cet appel rejoigne les plus exclus et les plus fragiles. Qu’il rejoigne aussi les jeunes à travers les écoles, les collèges, les lycées, les centres sociaux et tous les mouvements d’éducation populaire. » F Thierry Mollard osfs
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