Dimanche 11 juin 2023  Fête de l’Eucharistie 

Une fête de la foi... colorée. 

Dimanche à la sortie de la messe, un cycliste, main sur la barrière, un pied à terre commentait le moment présent dans l'embrouillamini ambiante fait, de l’AlpsMan Xperience, triathlon sans pression, du flux des courses pour la fête des mères, des baladeurs du week-end et des impatients du dimanche midi ! C’était aussi la sortie de la messe, où la paroisse a voulu rassembler dans une même foi et espérance des jeunes venus confesser explicitement le Dieu de Jésus-Christ comme celui qui donne sens à la vie. C’est ce que nous avons fêté ce premier dimanche de juin : la profession de foi de dix jeunes qui ont fait leur la foi qui leur a été transmise. Ceux qui ont été présents savent pourquoi  ce fut une fête colorée mais aussi nuancée !
Il n’est pas rare que tel ou tel « pratiquant » habituel se morfonde, en témoigne cette question récurrente : « Mais  où sont les jeunes ? » Dimanche dernier, les jeunes auraient pu, facétieusement, rendre la monnaie de leur pièce en disant « Mais où sont les paroissiens ? » 
Beaucoup  étaient excusés à cause de nombreuses professions de foi sur le bassin annécien. Le triduum était en concurrence. Le soleil égayait les courses à pied, à vélo et autres. Sans compter la fête des mères qui augmentait le flux vers les pâtisseries. Et, de surcroît, il est toujours malicieux de mettre en avant la charité légendaire de ceux qui s’abstiennent de venir  à l’église, ce jour-là, pour laisser généreusement la place aux familles des  jeunes de la profession de foi ! Pour sûr, toutes ces excuses sont recevables dès lors qu’elles sont sincères ! Pourtant une question fondamentale demeure : quelle participation de la communauté chrétienne envisager à cette profession de foi des plus jeunes ? Qui est là au bord du chemin de foi pour transmettre et  accompagner, et pour être témoin et projeter un futur qui annonce notamment la confirmation ? 
Je ne peux m’empêcher de réfléchir à l’inconséquence de nos paroles. « Ensemble redisons notre foi !», invitation récurrente pour un « ensemble » mis en mal quand on repère les absences ! Ou encore lorsqu’au baptême le plus souvent célébré en dehors d’un rassemblement de chrétiens, le baptiseur accueille l’enfant avec artifice : «  La communauté chrétienne est heureuse de t’accueillir ! » Mais où est donc la communauté chrétienne ? 
L’institution Église est une réalité humaine avec ses débordements et ses manques. Elle peut aussi tromper et se tromper. Je vois là une raison supplémentaire pour se réformer sans cesse. La paroisse, les Églises doivent avoir sans cesse un regard critique et interrogateur sur leur propre fonctionnement. Chacun doit y prendre sa part de responsabilité et être témoin de la fidélité à la Parole de Dieu. Tiens, tiens, voilà du travail concret pour le futur CPP, Conseil Pastoral de Paroisse ! Voilà en ce qui concerne la fête nuancée !
Pour ce qui est de la fête colorée, les pigmentations ne manquent pas : 10 jeunes, 10 écharpes de supporters de leur confection, arborées par ces marcheurs de la fraternité. 10 expressions de foi aux nuances personnelles et à la tonalité du Symbole des Apôtres. Et, inoubliable, leurs regards : 10 regards de jeunes rivés, lors de la méditation de l’Evangile, sur les trois couleurs ou humeurs exprimées par trois ainés dans la foi débordants de convictions ! Ils nous avaient avertis au début de l’homélie ( ) : « Mon écharpe est verte car je suis d’un naturel optimiste : le bon côté des choses ! « Moi, mon écharpe est rouge ! Je n’ai pas peur de l’agiter, de dire ‘Non’, et même de le crier ! » « La mienne est blanche et je suis à mi-chemin entre le vert de la terre et le rouge sacré de l’homme : un point d’équilibre !
Alors un chant d’hier remonte à ma mémoire. Il chante un peuple vagabond, un peuple de vivants : 
 

« C’est Ton Eglise, vois comme elle est belle : Corps vivant de Ton Fils, animée par l’Esprit !
C’est Ton Eglise qui se renouvelle, Célébrant Ton amour, rayonnant de Ta vie ! »
 

-1- Regarde Ta maison,
C’est Toi qui l’as construite :
Un peuple vagabond,
Que Ta présence habite,
Offrant au pauvre son service
Ouvert à tous les étrangers :
Dans son action pour la justice,
Soutiens son bras, viens le guider !

-2- Regarde Tes enfants,
C’est Toi qui les rassembles :
Un peuple de vivants,
Heureux de vivre ensemble,
Se nourrissant de Ta Parole
Et partageant le même pain ;
Prends soin de lui aux heures folles
Et remets-le sur le chemin !
Extrait de « C’est ton Eglise »  Jean-Marie HADROT, septembre 2002