Dimanche 4 juin 2023 Fête de la Trinité
De Pâques à la Trinité ?
Le chemin de la Trinité est abstrait, c’est entendu. Mais il est aussi concret et expérimental.
On dit parfois « À Pâques ou à la Trinité», pour envisager un avenir lointain et incertain ou simplement un « no future. » Au Bénin, j’ai découvert une autre leçon : ‘n kua sin teru’ c’est intraduisible, du style « à tout à l’heure, à demain ou à plus tard » mais avec la certitude qu’il y aura un lendemain !
Celles et ceux qui vont participer, ce dimanche, à un des offices religieux de l’une des 38 paroisses de Haute-Savoie, vont entendre cet appel : « Soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix... saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix. » (2 Co 13, 11-13)
Avec les beaux jours et la chaleur, les rues, les pistes, les courses font affluer autant de paires d’oreilles que de pieds. Ces paroles pourraient parfaitement résonner au « minaret ( )» des églises pour être entendues par tous. Cela ferait une variante exceptionnelle au carillon, bourdonnement ou autre sonnaille des cloches !
Cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous ! Je ne connais pas grand monde qui ne souhaiterait pas cette trilogie féconde : perfection-encouragement-accord ! Ce ne sont pas des mots en l’air !
Il y a quelques mois en répondant à la question : « Que représente pour vous l’Ermitage Saint Germain », ce lieu privilégié de la paroisse où le mot se tait et laisse l’avantage au silence, nous avons osé créer un nuage de mots !
Des mots, des mots... Une amie professeur des écoles me parlait un jour du « mur de mots » de sa classe. A chaque fois que les écoliers rencontrent un mot difficile, ils l’ajoutent au mur après avoir cherché les définitions dans le dictionnaire.
Noël Colombier chantait il y a quelques années : « On fait souvent des murs avec des mots alors qu’on devrait faire des ponts ! » Bien vu !
Mais c’est vrai qu’il est bien plus difficile de construire des ponts que des murs !
Pourtant le pont y met du sien en offrant généreusement sa voyelle, pour que le mur devienne l’amour ! Mais soyons conscients, il y a encore du chemin à faire. Car les murs religieux divisent, 712 km de mur de séparation entre Israël et Palestine. Car les murs politiques se jalousent partout dans le monde.
Car les murs qui enferment les autres dans un dédale d’étiquettes convenues et stigmatisantes poussent comme des champignons.
L’homme a cette faculté de s’enfermer comme un mollusque apeuré qui se réfugie dans sa coquille ! Et lorsque la peur devient harcèlement, il est contraint d’y demeurer jusqu’à mourir ! Cloîtré, non par choix d’intimité mais par contrainte. Prisonnier de pierre, de barbelés, de miradors, de mots, des hommes sont contenus pour que d’autres n’aient plus peur et n’aient plus à supporter la différence.
Construire des ponts est une autre démarche, bien plus coûteuse ! Il s’agit en effet de combler la distance qui nous sépare des autres, sans l’anéantir : se donner la chance d’une juste proximité. Le pont enjambe les obstacles et relie afin d’aller à la rencontre décisive du frère !
Dans la trilogie société-théologie-spiritualité, le pont nous fait passer d’une rive à l’autre, encourageant mobilité et changement pour une pratique autant ecclésiale que sociale du voyage vers le frère ! Une espérance que la foi chrétienne nous met au défi de faire advenir ! F Thierry Mollard, osfs.
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Aujourd’hui c’est profession de foi ?
Alors que chaque célébration dominicale nous invite à redire tous ensemble notre foi, pourquoi une profession de foi spécifique ?
Il nous faut sortir de la routine ! A force du « Notre Père » dit & redit, le Dieu Père est bien installé dans notre manière d'envisager Dieu ! Pour beaucoup, encore aujourd'hui, il est difficile d'envisager Dieu autre que comme masculin ! On se le désigne encore comme un bon papy installé dans le moelleux d’un nuage-canapé, lissant sa longue barbe blanche ! Mais qui donc est Dieu ?
A cette question, un jeune de 6e qui préparait la profession de foi parlait d’un Dieu-oreiller ! « Son Dieu-doudou » qui sécurise et avec qui il se sentait proche et heureux ! Cela peut faire sourire, mais n’est-il pas important de nous demander quelle représentation nous avons de Dieu ? Comment nous le voyons ? Comment nous le nommons ? A vous de jouer !
« Ne parle de Dieu que si on t'interroge, mais vis de telle façon qu'on t'interroge. » « Ne vous contentez donc pas lorsqu'on vous interroge vous disant : ‘qui êtes-vous ?’ de répondre comme les petits enfants au catéchisme : ‘Je suis chrétien.’ Mais vivez de telle sorte que l'on puisse ajouter qu'on a vu un homme qui aime Dieu de tout son cœur. » François de Sales. Sermon. Tome 9
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