Dimanche 19 mars 2023 4e dimanche de Carême
Veut-il vraiment le bonheur de tous ?
Dimanche dernier était consacré à l’eau, au puits de Jacob. Cette semaine est dédiée à la lumière ! Le 4ème dimanche de Carême, est nommé par les chrétiens « dimanche laetare » Littéralement « Réjouis-toi »
C’est comme une pause dans la continuité du Carême, un mi-temps, une lumière qui nous pénètre et nous apporte une immense joie intérieure !
Mais joie et dépression, s’amalgament au cœur de nos vie ! Le sourire sur le visage signe un bonheur, à moins que l’on y voit ironie et moquerie ! Nous pleurons, c’est connu, en larmes de joie ou douleur. Mais chaque fois cela correspond à un moment émotionnellement intense comme autant de provocations. Alors la réaction est immédiate et souvent passionnelle.
Que le chauffeur vienne à te doubler à haute vitesse répréhensible et que les « képis » se montrent pour stopper le contrevenant, vous lâchez un « Bien fait, c’est bien mérité ! »
Que l’enfant vienne à se blesser à la balançoire alors que ses parents lui demandent de mettre le couvert, la réaction tombe facétieuse : "Bien fait ! C'est le Bon Dieu qui t'a puni"… Au Bon Dieu on y croit ou pas. Mais on n’hésite pas à l’instrumentaliser ! Faut dire que nombre de pages de la bible semblent donner droit à un Dieu vengeur. Le Déluge, Sodome et Gomorrhe, et d’autres encore.
Alors on exonère Dieu en disant : « Qui aime bien, châtie bien. » Avec ce principe on n’a pas fini de souffrir de l’amour de Dieu ! Paradoxe...
Dans le monde biblique, les bonnes actions méritent gratifications sur cette terre, notamment richesses et descendance. Les malveillances qui sont fautes ou péchés, quant à elles au contraire, méritent expiations ! L’agresseur doit être dressé et l’agressé redressé. Pourtant l’Evangile met un terme à cette formule lapidaire. Qui a péché, lui ou ses parents pour qu’ils soient punis d’infirmité ? Ni lui, ni ses parents dit Jésus, (Jn 9, 3) car Dieu aime sans limite et veut le bonheur de tous, il nous veut pour la vie !
Vous avez entendu ? Il dit « Dieu aime sans limite et veut le bonheur de tous. » Une question, inquiète et déstabilisante surgit alors : « Il veut vraiment le bonheur de tous... de l’agresseur et de l’agressé ? Je replonge dans le Livre et je médite Ezéchiel : « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant – parole du Seigneur Dieu –, et non pas plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? » (Ez 18, 23) J’ai bien conscience que ces questions sont de toujours, et donc terriblement actuelles !
Pour clore cet édito d’une manière plus paisible, devenons auteur de beauté. Il est un artiste -nous montre François de Sales- peignant une personne qui avait perdu un œil, défaut que le peintre dans son portrait avait masqué. Alors les gens, toujours envieux d’authenticité disaient : ‘Mais où est donc l'autre œil ?’ Il répondait avec un souci de vérité : « Mais vous, mes amis, où est le vôtre ? Qu'ai-je à faire de reproduire un défaut en ma peinture, si je peux le couvrir sans offenser personne ? Toute la beauté de l'âme est dans son amour envers le prochain. » Allez c’est bon pour cette semaine... Bonne suite de Carême on est à mi-parcours ! Thierry Mollard osfs
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