Dimanche 18 décembre 2022 – Quatrième Dimanche de l’Avent

Graph'emo de la semaine !

« Les bourdons font bien plus de bruit et sont bien plus empressés que les abeilles, mais ils ne font sinon la cire et non point de miel : ainsi ceux qui s’empressent d’un souci cuisant et d’une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup, ni bien. »  S.F.S - IVD  III - Ch. X

Oui Tout homme est une histoire sacrée !

Dans l’église il y a le temps ordinaire ! Quelques 33 ou 34 semaines, soit 64% de l’année. 
Dans l’église il y a le temps particulier : Avent et Noël, Carême et Temps pascal.
Alors quand arrive Noël je me réjouis : ma curiosité m’amène à franchir le seuil des églises pour voir la crèche-de-cette-année ! Parfois il n’est même pas besoin de franchir le seuil puisque la crèche est installée à l’extérieur, petit clin d’œil aux passants, aux gens de la rue. Bien vu ! 
En tout cas chacune de ces crèches me fascine, subjugue, interpelle ! Je peux être bercé par la pastorale des santons de Provence, par la crèche d’hier celle de mes parents qui s'est enrichie régulièrement. Je suis interpellé par l’imagination des artistes ou artisans de ces crèches qui, du fond du cœur, laissent jaillir au bout de leurs doigts des compositions particulières. Elles donnent dans le fantastique, le bucolique, le moderne, le monumental, ou l’étroit et élancé. 
Comme cette crèche en trois personnages découpés dans l’aluminium ( )  Elle offre trois regards : celui précieux comme l’or, de Jésus qui regarde sur le monde, celui de Joseph, regard vif et rouge, chargé d’émotions fortes : danger et excitation qui disent le vital ! Et bien sûr celui de Marie, délicatement orange, il donne de la visibilité il attire notre attention, il met en mouvement et lumière.  
Dans l’église il y a aussi un temps ‘extraordinaire’ !
Cela transpire du livre d’or qui a été installé pendant ce temps de l’Avent au pied de la crèche de Menthon Saint Bernard ! Le livre d’or délivre des biens des mots, bave aussi de quelques maux, inattendus, irrespectueux, voire insultants pour les faiseurs de crèche ... « honteuse et sacrilège ! »
Je vois bien que toutes les crèches ne plaisent pas. Bien normal. Plaire ou ne pas plaire fait-il le critère du beau ou de la vérité ?
Bon ! Le moment de dépression passé, je reviens sur ces mots « sacrilège, honte » qui ne sont pas des mots que l’on réfléchit tous les jours ! 
Je me dis, au regard de ces crèches tellement différentes, c’est plus la fierté qui m’enthousiasme que la honte qui me cadenasse ! Remonte à ma mémoire, un directeur d’école pendant une classe de neige. Un matin avec grand fracas, il fit monter sur un tabouret, au milieu de la salle à manger, en plein petit-déjeuner, un enfant qu’il a affublé d’un panneau accroché autour du cou, stigmatisant un délit mineur qui consistât en une bataille de polochon matinale !  Pourquoi punir cet enfant, comme s’il avait fait une bataille de polochon tout seul ! L’injustice commence là dans l’injustice et l’humiliation publique ! N’est-ce pas cette injustice qui devient « honteuse et sacrilège ! »
Et puis... à l’opposé de la honte, la fierté qui n’est pas hautaine, ni n’écrase, ni ne juge, ne s’oppose pas, au contraire, à faire la paix : création, réconciliation, parfois raccommodage grossier, bref tant de gestes délicats ou plus rugueux qui reconstruisent la communauté par le don de chaque personne. 
Quant au sacrilège, qui ne manque pas de s’installer, en toutes bouches, il est assurément bon d’en parler ! Car il évoque le fait de léser, médire, corrompre, ce à quoi tel ou tel attache un grand prix et considère comme sacré ! Alors finissons-en en chantant !
« Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes ... C'est toi, le Dieu qui nous as faits, qui nous as pétris de la terre. Tout homme est une histoire sacrée ! »  P. Thierry Mollard, osfs