Dimanche 11 décembre 2022 – Troisième Dimanche de l’Avent
Gr aph'emo de la semaine !
Il faut avoir un cœur de longue haleine ; les grands desseins ne se font qu'à force de patience et de longueur de temps ; les choses qui croissent en un jour se perdent en un autre. XII. 339
Prenez la file d’attente !
 Nous avons eu la chance, adolescents, d’avoir bénéficié d’éducateurs qui nous ont pas interdit de sortir en ville, au contraire : « Allez-vous balader, dans la ville, tout seul. » Alors chacun a pris le temps d’observer, tous sens aux aguets, comme assis sur un banc public. Oui j’étais invité à me balader ici et là, sans plan, juste comme cela, gratuitement, en me laissant errer en curiosité ! Au retour, nos reportages ont été d’une étonnante richesse. Subitement la patience était devenue un jeu, nous sentions qu’elle avait donné du fruit !
Habituellement ce n’est pas vraiment avec cette patience-là que nous arpentons la ville ou la vie ! Nous sommes davantage en mode guerrier, ayant le plus grand mal à supporter et endurer ce qui nous semble adversité que l’on ne souhaite que dépasser au plus vite !
Franchement, comment réagissons-nous dans la file d’attente ou lorsqu’un appel aboutit à un message minable qui nous dit en boucle : « Patientez, votre correspondant va vous prendre ! » Que disons-nous quand l’ordinateur est devenu si lent ou lorsqu’à table, fourchette à la main, on attend le conjoint qui n’arrive pas ou l’enfant scotché
à son jeu vidéo. Même à l’église il arrive de râler quand le curé, décidemment trop bavard, ne tient pas compte du rôti qui est au four ! Stoppés au « rouge » du croisement alterné, voilà que nous distillons invectives, râlements, soupirs comme ces feux modernes chiffrent trop lentement les minutes qui libéreront le ‘vert’ !
On se plaint que les choses ne vont pas assez vite, on se lamente aussi quand tout va trop vite. Impatience quand tu me tiens !
La patience est compagne de l’attente ! Elle consiste à se tenir debout, prêt au prochain pas, sans pour autant se fatiguer ou s’énerver ! C’est cette conviction qui a permis aux ébénistes du moyen-âge de créer des stalles, avec des « patiences » genre de petits sièges fixés sous la banquette. Ainsi les moines, à l’office de la nuit, prennent appui sur elles lorsqu'ils se tiennent debout leur siège relevé.
Nous sommes passés du banc public, aux stalles qui interpellent sur notre vie intérieure !
Dans les deux cas nous sommes attelés à cultiver un nouveau rapport au temps. Et si nous envisagions le temps d’attente comme une expérience humaine, non un temps perdu mais un temps sauvé et honoré ?
Et si l’attente devenait source de promesses, de germinations et de conspirations. Et si, simplement déjà, nous saisissions l’occasion de se détendre. Les derniers mots, je les laisse à François de Sales : « On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même ... Dans le régime des âmes, il faut une tasse de science, un baril de prudence et un océan de patience. » P. Thierry Mollard, osfs
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