Dimanche 13 novembre 2022 - 33ème dimanche du Temps de l’Eglise
Graph'emo de la semaine !
Toute embarquée que vous êtes sur les vagues et parmi les vents, dites à Notre-Seigneur : O Dieu, c'est pour vous que je vogue et navigue, soyez mon guide et mon nocher. Et puis consolez- vous que, quand nous serons au port, les douceurs que nous y aurons, effaceront les travaux pris pour y aller. Or, nous y allons parmi tous ces orages, pourvu que nous ayons le cœur droit, l'intention bonne, le courage ferme, l'œil en Dieu. Que si la force de la tempête nous émeut et nous fait un peu tourner la tête, ne nous étonnons point, mais reprenons haleine et nous animons à mieux faire. XIV. 374
On ne fera pas un monde différent avec des gens indifférents.
(Arundhati Roy, écrivaine et militante indienne. )
Tour du monde, tour d'un monde !
Au 13 novembre, on a fermé les résidences secondaires pour l’hiver. Certaines se réouvriront-elles, quelques jours, à Noël ? Peut-être ! Le moment est donc propice à prendre du recul quant aux réalités du tourisme qui incite au tour du monde, et qui à cette heure-ci passent de l’été à l’hiver. Les réalités du tourisme ? Oui cette expression correspond parfaitement à la pastorale du tourisme : PRTL, Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs ! L'occasion ici de faire d'un monde !
C'est inattendu, j'en convient, l’Évangile nous fait surprendre les disciples vrais touristes au Temple de Jérusalem ! Ce dimanche ils admirent les belles pierres et les ex-voto et savent apprécier la beauté du temple de Jérusalem.
C’est une Bonne Nouvelle, que des hommes s’ouvrent à la beauté, à la poésie des pierres et au travail bien fait. Ici s’enracinent l’amour de notre monde que Dieu nous a confié ainsi que l’action de grâce, qui aboutit tôt ou tard à l’émerveillement même de Dieu.
Cette semaine quelques 25 acteurs de la PRTL étaient à la Roche-sur-Foron, pour redire avec conviction que le tourisme ne nous fait pas tourner en rond aux portes de l’enfer !
Bien sûr, c’est vrai, le tourisme, certains aiment, d’autres, pas ! « Gare aux monchus » écrivent certains, en graffiti, sur un mur, dans les virages qui séparent Talloires le Bourg de l’Ermitage Saint-Germain, des lieux touristiques. Cette mise en garde ne contredit-elle pas la vertu de l’accueil sur notre rive ? « Gare ! » prévient d'un danger, ou d’une menace. « Monchu » désigne un « Monsieur de la ville ! » un touriste qui se fait remarquer par son accoutrement, ses gaffes, son air conquérant ...
Alors on peut défendre l’idée que trop de tourisme tue le tourisme ! On peut privilégier la qualité de l’accueil au détriment de la quantité des touristes ! Mais nous ne pouvons pas perdre de vue que le tourisme fait partie intégrante de la pastorale de l’Eglise. Rien de ce que vit l’homme n’est étranger à Dieu.
La PRTL, elle a mon âge ! Pas si vieille que ça ! Elle se fait une place dans l’organigramme de l’Eglise, en France dès 1950.
Le dépliant de la pastorale des réalités touristiques et de loisirs titrent : « Donner une âme au temps libre ! » C’est raccord avec l’Évangile de la visitation, celle de Marie à Elisabeth, celle de toutes les visites rendues au frère, celle de toutes les rencontres impromptues, inattendues, sur les routes de Galilée.
Depuis que l’homme est homme il est mouvement ! Que ce soit sa sortie fulgurante du jardin d’Eden en franchissant la porte qui ouvre le chemin à la rencontre de la tour, de l’arche et de mille autres espaces ; que ce soit le mouvement migratoire depuis les berceaux africains, pour une marche invasive vers l’Eurasie ou encore l’émergence de la vie qui jaillit de l’eau, ainsi que les mouvements complexes des gamètes dans le sein d’une mère qui offrent la vie ! Depuis que l’homme est homme, il est mouvement !
Être en chemin d’humanité, parier sur l’ouverture, gager sur une présence qui témoigne et qui expose, il s’agit enfin de partir, oser aller ailleurs… à la rencontre de l’autre, de son environnement, de son histoire, de son devenir, jusqu’à toucher au Tout-Autre.
Depuis 10 ans les déplacements humains sont à la hausse ! 24 millions de migrants et 1 milliard de touristes.
Pourtant, alors que les technologies ouvrent des possibles et une chance de fraternité grandissante, il devient de plus en plus difficile de voyager ! S’ouvrir à l’ailleurs et à l’autre, se protéger, de peurs, de dangers, de virus, de surconsommation, d’un trop plein de CO2 ... oui nous faisons l’expérience d’être entre la marteau et l’enclume ? Coincé ici, les touristes se mettent à rêver d’un ailleurs, tout comme les autochtones rêvent d’un ailleurs pour les touristes ! P. Thierry Mollard, osfs
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