Dimanche 17 avril 2022 – Pâques

Graph'emo de la semaine !
 

 « Qui est celui qui au jour solennel de Pâques ne se renouvelle tout entier par des saints attachements et des résolutions de mieux faire, voyant Notre Seigneur tout renouvelé en sa Résurrection ?!

(Sermons 21 novembre 1619 )
 

 Une semaine qui fait signe. 

Quel signe ? Un tablier, un drap, une pierre !   Que cette semaine sainte est chargée en symboles. Ces signes de reconnaissance nous montrent et nous rendent sensibles ce qui ne l'est pas à priori. Puis ils réunissent : tout symbole inclut ou exclut.
Permettez-moi cette anecdote. C'était à l'heure, où, une année nous nous rassemblions pour préparer la semaine sainte. Un des prêtres présents était récalcitrant : " Pourquoi inventer des signes, il suffit d'utiliser les signes qui nous sont donnés par la liturgie. C'est écrit en rouge dans les rubriques ! Et c'est bien suffisant !" Pourtant comme dit François de Sales « Hé oui, nous sommes au temps qu'il faut travailler." Oui je me répète (la dernière FP disait le même chose...) nous sommes au temps qu'il faut travailler, retrouver du sens, au-delà du convenu et du rituel : avec Dieu, co-créateur !
Ceci dit ce brave prêtre remaltraitant, quelque part, n'avait pas tort : effectivement le Jeudi Saint propose les signes du pain et du vin, et de l'eau pour le lavement. Le Vendredi, la croix culmine ! Le samedi la foi, le feu, la lumière, l'eau jalonnent la Vigile pascale et à Pâques le cierge pascal se dresse incontournable ! Et tous ces signes de la semaine sainte que nous vivons sont clairs. En tout cas ils rejoignent le concret de notre vie, dans l'alternance nuit-jour, hiver- printemps, eau, dans la place donnée à l'eau, au feu, au pain et au vin... qui émaillent notre quotidien et habitent notre manière de vivre.
Il est pourtant possible que le symbole peine à « mettre ensemble » comme l'indique la racine grecque. Il est quasi naturel de considérer l'eau comme source et rivière, mer et torrents, une eau nécessaire pour la vie : la fleur en a besoin, l'enfant à naître baigne dans l'eau... Mais comment cette eau précieuse devient don de Dieu ? Comment cette eau détruit pour mieux reconstruire, et qu'elle est le symbole d'une humanité nouvelle ?
Pour cette semaine les signes premiers s'accompagnent volontiers de symboles seconds qui ne les gommeront pas ! Pourvu que notre regard soit celui du chercheur, de l'ouvreur, du créatif, des signes nouveaux nous ouvriront au mystère.  
Jeudi...
Je vous propose l'un des 383 mots de l'évangile "linge" : ce linge que Jésus noue comme un tablier ! Il est rare que le tablier demeure sur la personne qui a fait le repas lorsqu'on passe à table ! Sauf ce soir de Cène, où le tablier l'emporte sur toutes tenues, car ce qui importe c'est le service : ce travail qui met l'autre à hauteur et à l'honneur !  Il arrive aussi que le tablier serve à se protéger, soi-même et son prochain, et ainsi, éloigner le malheur et le danger.
Vendredi...
Je vous propose le drap. Ce serait facile de dire que Jésus à cette heure se retrouve en de beaux draps ! Je pense plutôt à ce fameux drap qui enveloppait un mystérieux jeune homme suivant Jésus dans le jardin de Gethsémani. "Lorsque qu'on voulut le saisir il lâcha son drap, et se sauva tout nu." (Mc 14 :51-52).
Je pense au vêtement de Jésus supplicié, tiré au sort pour ne pas être déchiré en deux, contrairement au rideau du temple qui lui se déchira du haut jusqu'en bas. Je pense encore au linceul demeuré seul dans le tombeau et à cet homme de blanc vêtu à côté du tombeau ! 
Samedi...
Je butte sur une pierre. Solide. Pierre en travers du chemin ? Tout à la fois pierre d'achoppement et pierre angulaire ! Elle aurait dû être roulée fermant le tombeau comme elle ferme les puits au fil de la bible dans l'attente de son ouverture pour nourrir le troupeau. Le puits de la résurrection est toujours ouvert ...  Ouvert est le tombeau, pas moyen d'y demeurer mais toujours, nous voilà poussés à être éveillés et debout sur le chemin !   
Dimanche...
Je vous propose un réveil. Il s'agit de tenir debout ! Un cri nous échappe : Il est Ressuscité Alléluia !
P. Thierry Mollard osfs