3ème Dimanche du temps de l'église
Dimanche 23 Janvier 2022
La 'Paroles'
Ce dimanche 23 janvier 2022 nous célébrerons 'Paroles' et Fête de François de Sales !
Baptisés et communautés chrétiennes nous sommes devant le défi de la 'Paroles' ! Oui, j"écris Paroles au singulier comme un puits. Le "P" en capital exprime le côté précieux de la parole, de toutes paroles, et la ' s ' en sa terminaison retourne en pluriel ce qui est singulièrement unique !
L'invitation consiste à un approfondissement renouvelé de l'Ecriture au quotidien tout en se mettant à l'écoute amplifiée de l'autre ! II s'agit pour nous d'être curieux, attentifs, et de prêter l'oreille, jusqu'à briser le secret qui n'est qu'un bruit de silence.
Parmi les signes multiples et leurs combinaisons qui composent le langage et qui édifient
la Paroles, il en est un, discret mais non des moindre, qui a la forme graphique d'un petit
tiret. On le glisse entre deux mots, comme une coupure. Naît un nouveau mot dit
composé. Ce trait d'union sert aussi à prendre de la distance pour l'équilibre dans la vie. "Prenez vos distances !" ordonnait mon prof. d'éducation physique. Voilà une injonction qui avait l'effet de mettre de l'ordre, de se repérer dans un champ complexe. Son effet
pouvait être aussi pervers en tendant à uniformiser et indifférencier !
Le trait-d'union permet à chaque partie, aussi bien, de reprendre son indépendance ou
son autonomie que de libérer des entraves et jouer la conciliation, l'intermédiaire, la
liaison entre des personnes ou des choses.
Docteur-de-l'amour-de-Dieu ! Il ne faut pas moins que quatre tirets pour unifier, souder
et donner à cette expression une identité à Saint François de Sales ! ( François si tu nous
lis : bonne fête I) Pour lui, le trait d'union, qui devient facilement trait de coordination, de
communication, de communion... nous fait entrer dans un entre-deux, qui est interstice, seuil, accès. Un entre-deux qui élargit l'horizon, donne place à une « distance » entre deux choses ou deux lieux. Surtout l'entre-deux détourne notre regard de l'obsession d'une des deux « bornes » posées, explicites, envahissantes, jalouses : les Pôles !
Rappelons-nous comment François de Sales a habité cet entre d'eux dans le dilemme de savoir comment il pouvait être fidèle à son Père du ciel qui lui inspirait de devenir prêtre en étant fidèle à son père de la terre qui lui ne rêvait que de la robe rouge de sénateur.
L'éducation n'a-t-elle pas imposer à chacun de rentrer ou sortir, mais exclu toute possibilité de se tenir sur le seuil de la porte. Comme l'enfant qui ne veut rien perdre de ce qui se passe dedans sans renoncer à la liberté qu'il trouve dehors. La nef et la périphérie ne font qu'un dans le flot de la Paroles !
L'entre-deux attire le regard, laisse la liberté au regard pour errer, chercher ... dans l'antre
de nos vies ! Le trait d'union se considère comme voyageur et intermédiaire : voyageur
parce qu'il va vers ailleurs et intermédiaire parce qu'il est intermonde.
Pour dire la force du tiret, du trait, ou de tirer, je vous laisse avec cette pensée
salésienne, avec : « ... ces inspirations de Dieu qui nous devancent sans jamais violenter notre liberté : nous ne sommes pas 'tirés' à Dieu par des liens de fer comme les taureaux et les buffles, mais par manières d'allèchement, d'attraits délicieux et de saintes inspirations (...) La grâce est si gracieuse et saisit si gracieusement nos coeurs pour les attirer, qu'elle ne gâte rien en la liberté de notre volonté... " (TAD. 11/X11)
P. Thierry Mollards osfs
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