Dimanche 1er Novembre 2020 Fête de TOUSSAINT
A Toussaint : être à la hauteur !
Il y a ceux qui envisagent Toussaint, en regardant trop bas. La tête lourde, les épaules qui tombent sous le poids de l’actualité, ils regardent la mort à raz de terre. Elle rode en minuscules virus qui rusent, elle frappe, radicale, à la porte de l’école, des enchainements de mots et de gestes haineux sans écoute, sans respect, pourrissent la vie : que de folies meurtrières !
Et puis il y a ceux qui envisagent Toussaint en regardant trop haut, au zénith ! Les yeux levés au ciel, à renfort d’angelus et d’oremus, quitte à se faire bruler les yeux et demeurer immobiles sans entendre le « En Avant » des Béatitudes ! Notre défi de Toussaint : être à la bonne hauteur.
Entre le bas : à hauteur de tombes fictivement souriantes de tant de chrysanthèmes qui ne calment pas vraiment nos chagrins, et le haut « où le soleil se lève » se masquent presque les auréoles si chèrement acquises de nos saints ! Oui il s’agit, pour nous, de trouver la bonne hauteur ; celle de Jésus ! Il est le Chemin de notre Dieu, il est le chemin vers nos frères, Lui, le Dieu de nos chemins.
Alors à quoi bon regarder trop bas en se penchant et s’épanchant sur la mort, ni trop haut en rêvant trop vite un futur ! Toussaint est là et réalise la mise en chrysanthèmes de nos cimetières ! Mais le chrysanthème - lit. fleur d'Or- aux pétales ouvertes régulières et rayonnantes dessine un soleil.
Ainsi les chrysanthèmes deviennent lumière et vie, non pas signes de mort mais signes d'immortalité. Ils ne sont pas destinés à mourir sur une tombe mais bien à prolonger le jour en faisant un lien entre ciel et terre.
En ce jour de Toussaint, le chrysanthème devient signe de résurrection. Toussaint c’est donc le regard qui cherche son soleil.
Il y a une fêlure. C’est juste avant la rupture, trois minutes avant la cassure définitive ! Fêlés ! Tous des fêlés ! Je sais que ce n’est pas un compliment ! Dire de quelqu’un qu’il est fêlé c’est affirmer qu’il est un peu fou, pas à la hauteur !
Fêlés ! Tous des fêlés ! A cela la sagesse populaire répond : « Les pots fêlés sont ceux qui durent le plus. » et Michel Audiard clame : « Heureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière ! »
A partir du moment où j’accepte de me reconnaître parmi les pauvres des béatitudes de Jésus, les affamés, les artisans de paix, les doux, mais aussi parmi les persécutés ou les affligés, il me faut assumer. À chacun de laisser passer la lumière à travers les multiples fêlures de sa vie.
Une lumière imperceptible ! C’est là que l’Évangile se donne à voir : il est bien là ; repérable dans les fêlures, les blessures, les cassures et les petites choses.
Oui, l’Évangile, le vrai, celui des béatitudes, est accroché au cœur d’un enfant malade, et dans le fond des yeux de celui qui vient le visiter. Il n’est pas question en ces jours de se laisser rattraper et attacher par les sparadraps de nos multiples fêlures. Quel est le meilleur pour nous ?
D’acquiescer au « En avant ! » d’André Chouraqui pour traduire le « Bienheureux » des Béatitudes.
« En avant les pauvres de cœur ! En avant les doux ! » … au temps de la Toussaint, portons cette puissance de vie qui s’origine Dieu. Thierry Mollard osf
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