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Cette semaine, le Carême a évolué en germe de vie et cette semaine sainte mutera en gerbe de vie !
« Il est ressuscité ? ! »
Cri ou souffle d’un matin ! Cri admiratif ! Souffle dubitatif ?
Cette année le carême a profité d’un dispositif inattendu, la quarantaine, pour un Carême plus-plus !
Et voici que cette année, Pâques se propose sur un confinement qui dure… La question se pose : fêterons-nous Pâques à la Pentecôte, ou à la Trinité ?
Plus nous avons des fourmis dans les jambes, plus l’espace de déplacement se réduit, autour de chez soi et plus le rythme ralentit : courir, marcher, faire son jogging, sont bannis, juste la possibilité de faire quelques pas.
Et cela Pâques ne le supporte pas du tout, ni à Jérusalem, ni à Emmaüs, ni sur la grande place des nations de Pentecôte,
ni sur les chemins du monde ! Oui Pâques ne le supporte pas car quelques-uns y ont cru et ont chanté : « Place à la vie. »
« Relève-toi, sors des ténèbres, ouvre ton cœur à la lumière. Pour toi la source de la vie a jailli du fond de la nuit a jailli. »
Alors il est temps de parler de déconfinement.
- C’est pour bientôt ! disent les uns.
- Euh... ce n’est pas pour tout de suite ? Leur rétorquent les autres.
La fin du confinement s’envisage comme une mauvaise parenthèse qui se referme, comme un dû qui aurait été payé : nous sommes quittes. Et puis les médias -et nous- sommes fatigués des mêmes informations, des mêmes questions, des mêmes contradictions, des mêmes non-réponses : « Je ne sais pas, devant l’inconnu du Covid-19»
Fatigués aussi de questionner des professeurs connus et inconnus qui ont justement les traits tirés, de tant de veilles !
Ne faut-il pas, à tout prix anticiper la sortie, l’imaginer, déjà la raconter ? C’est vers qui croit tout savoir, que le micro où nos yeux se tendent ! Il faut déjà expliquer l’après ! Comme si les mots allaient devancer les faits et la fête ! Comme si les mots allaient libérer l’avenir et empêcher le rêve.
Mais bien sûr, il y aura une convalescence. Une transition entre la fin d'une maladie et le retour à la santé » un moment précieux et nécessaire pour reprendre des forces et guérir, pas seulement de la maladie, mais de nos mauvaises manières de vivre, la terre avec (ou contre) le ciel, l’économie et la vie de la cité !
Alors il est encore temps de vivre le présent, espérer et prier, accompagner et encourager, chacun avec les dons qui sont les siens. Il n’est pas « temps de passer à autre chose. »
En ce moment même, pensons aux ‘tenaces’, qui sont encore au front de la maladie : personnels hospitaliers, médecins, infirmières, infirmiers, et tous ceux qui les soutiennent avec le plus souvent générosité et créativité !
Je pense à celles et à ceux qui doivent assumer une responsabilité en ces temps troubles : notamment les responsables de la cité, les élus, les serviteurs de l’État, qui ont des nuits blanches « pour gérer » au plus juste et pour le bien commun : merci et reconnaissance à eux !
J’aime à prier avec ces brimes d’une prière eucharistique : « Inspire-nous à tout moment la parole qui convient, quand nous nous trouvons face à des frères seuls et désemparés. Donne-nous le courage du geste fraternel, quand nos frères sont démunis et opprimés. »
Pensons à celles et ceux qui ont leur élan coupé dans un projet largement mûri, je pense notamment aux futurs mariés du printemps 2020 : quelques 30 mariages attendent sur la paroisse, qu’adviendra-t-il ? Je pense aux familles qui se réjouissaient d’un baptême. Je pense aussi à vous les jeunes de la première communion qui avez investi une préparation des rencontres, une grande bonne humeur, une volonté, une belle espérance et vous allez devoir repousser cette fête à plus tard dans la jeunesse et la patience qui est la vôtre ; je pense vous.
Je pense encore à celles et ceux qui portent des projets à l’horizon de l’été 2020 et qui aujourd’hui sont dubitatifs, ébranlés dans leur conviction, ne sachant pas si ces projets vont déboucher ou être remis cause. Les bras leur en tombent ! Thierry Mollard osfs
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