Rencontre avec Dominique Bréda — Liturgie

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Newsletter

Rencontre avec Dominique Bréda

Dominique Bréda est titulaire honoraire de l'orgue de l'église Saint-Léon de Nancy et responsable de l'Ecole d'Orgue Diocésaine.

La Commission de Musique Liturgique a accueilli en octobre 2022 une vingtaine de musiciens d’Église du diocèse, organistes, chantres ou choristes pour une matinée d'échanges avec Dominique Bréda, titulaire honoraire de l'orgue de l'église Saint-Léon de Nancy et responsable de l'Ecole d'Orgue Diocésaine.

Il a présenté son parcours de formation de musicien d’église, l’instrument orgue ; la fonction particulière de l'orgue et la mission de l'organiste dans la liturgie ont été ensuite largement abordées au cours de cet échange avec les participants. Voici quelques éléments abordés :

La dimension symbolique de l’orgue

S’appuyant sur le texte de la prière de bénédiction d’un orgue « […] comme cet instrument ne fournit qu’une seule musique à partir de la multitude de ses tuyaux et de la richesse de ses timbres, fais de tous les membres de ton Église, un seul peuple, le corps de ton Fils », Dominique a mis en évidence la dimension symbolique de l’orgue : les nombreux tuyaux de l’orgue sont réunis pour faire un seul instrument, de même, la liturgie rassemble les fidèles pour former un seul corps, le corps ecclésial du Christ.

Interaction, collaboration des acteurs liturgiques

Pour une liturgie célébrée pour le bien de tous et la gloire de Dieu, il est nécessaire d’une part que « chacun, ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fasse seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la chose et des normes liturgiques » (Constitution sur la liturgie, n°28) mais aussi que tous les acteurs soient en interaction. Les maitres mots sont préparation et concertation (il est souhaitable que le chantre et l’organiste participent à la préparation de la célébration et au choix des chants ; avant la célébration, un briefing chantre-organiste-prêtre est nécessaire), anticipation et respect (transmission du choix des chants plusieurs jours avant la célébration), adaptation (tout au long de la célébration). En un mot, préparer et accompagner une messe, c’est d’abord entrer en relation. Cela suppose une confiance mutuelle entre les différents acteurs.

Accompagner le chant de l'assemblée en s'ajustant au rite

La principale mission de l’organiste en liturgie est d’accompagner le chant de l’assemblée, de l’introduire et de le prolonger en s’ajustant à la durée et à l’esprit de chaque rite au cours de la célébration. Un long prélude est possible avant la procession et le chant d’entrée, mais un simple accord donné pour le sanctus est préférable car le chant de l’assemblée suit directement l’invitation du prêtre « C’est pourquoi, avec les anges et tous les saints, nous proclamons ta gloire, en chantant d’une seule voix : Saint !...» (Préface Prière eucharistique IV).

Durant la célébration, l’orgue peut intervenir selon 3 niveaux de présence : le simple soutien (ex : l’accompagnement du psaume vient en soutien de la voix du psalmiste et de l’assemblée) ; une présence plus marquée (les principaux chants) ; une présence forte (notamment pour les acclamations comme l’alléluia, les amen).

Enfin, les moments du jeu soliste sont plus spécifiquement avant le début de la célébration, pendant la préparation des dons (ancien rite de l’offertoire), après le chant de communion, et après l’envoi. Les talents d’improvisateur de l’organiste sont alors sollicités.

L’organiste est donc à la fois solitaire (en tribune, loin du reste de l’assemblée, dos à l’action liturgique) et solidaire de l’action liturgique, en connexion notamment avec le chantre / chef de cœur et le prêtre, ce qui suppose une écoute attentive et une capacité d’adaptation et d’anticipation permanente.

Anecdotes et témoignages des participants organistes

« Il arrive que je sois le dernier à sortir de l’église, voire que je termine le morceau de sortie dans le noir, l’éclairage ayant été coupé » ; « à la fin de la messe, les remerciements, voire les applaudissements des participants font chaud au cœur. » « J’ai du mal à vivre paisiblement la célébration, à m’en sentir vraiment partie prenante, lorsque je suis au clavier, accaparée par la logistique des partitions et l’anticipation du morceau suivant. » L’organiste Éric Latour fait remarquer que l’attention à l’orgue et à l’organiste est traditionnellement plus marquée lors des cultes protestants pour lesquels il est régulièrement sollicité, en Suisse.   

Pour conclure, cette matinée a fait prendre conscience que la dimension fraternelle est nécessaire voire primordiale pour tisser les liens entre les acteurs de la liturgie, notamment avec l’organiste et que cette fraternité  est à construire et mérite toute notre attention : faisons en sorte que nos organistes se sentent moins solitaires que solidaires de la communauté dont ils accompagnent et soutiennent la prière.

Marie BREGNAC, 21.10.2022

En complément : article du Père Paul Duscheneau sur le rôle de l'organiste à télécharger ici.