Confirmations de Pentecôte
Samedi 18 mai 2024
Chers frères et soeurs, c'est avec une grande joie que nous entourons aujourd'hui, veille de la Pentecôte, nos frères et soeurs qui vont recevoir le Sacrement de la Confirmation.
Dieu vous aime. Vous êtes aimés, chacun de manière unique et personnelle, de manière particulière. Le Seigneur connaît vos désirs les plus profonds de vos coeurs. Vos blessures, vos souffrances, les plus beaux désirs de vos coeurs. Il vous regarde avec une infinie tendresse et miséricorde. Par son amour, par le don de l'Esprit Saint, il veut consoler et fortifier vos coeurs.
« L'Espérance ne trompe pas, parce que l'Amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous est donné » dit saint Paul. L'Esprit Saint, c'est l'Amour de Dieu répandu dans nos coeurs.
Par son amour, il veut vous remplir de sa joie. Le don essentiel que Jésus veut donner à ses disciples, c'est la joie.
« Demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit parfaite » dit Jésus dans l'Evangile de saint Jean. La joie qui est en réalité l'Esprit Saint.
« Prier au nom de Jésus ce n’est pas demander n'importe quoi, mais demander le don essentiel que Jésus, dans le discours d'adieu, nomme la joie et que Luc nomme l'Esprit Saint, ce qui est fondamentalement la même chose. »
Il vous appelle à le suivre. Je vais, dans quelques instants, vous inviter à suivre Jésus. Plus exactement, je vais vous demander si vous voulez suivre Jésus et pour cela, encore une fois, à renoncer au péché.
Car être chrétien, vous le savez, ce n'est pas seulement croire en Dieu, ou admirer Jésus, ni trouver son enseignement intéressant. Ce n'est pas une simple adhésion à des valeurs, mais c'est être un disciple de Jésus, c'est rencontrer Jésus, c'est établir une relation avec lui et marcher à sa suite. C'est-à-dire vivre avec lui, le suivre.
Plus encore, il s'agit de le laisser transformer nos vies. Par sa mort et sa résurrection il nous invite à entrer dans une vie nouvelle.
Nous sommes invités à ouvrir nos coeurs à la vie nouvelle qu'il nous donne. C'est cela que l'Esprit Saint vient réaliser en nous.
Et pour cela il faut choisir et choisir c'est renoncer. Le Seigneur Jésus sollicite notre liberté :
« Est-ce que tu veux me suivre, venir avec moi, marcher avec moi ? »
Il ne vous demande pas si vous êtes parfait, si tout est bien réglé dans votre vie. Car en réalité, aucun de nous ne peut dire : « Tout est parfait chez moi. » Mais si nous choisissons de le suivre, si nous acceptons qu'il entre réellement dans nos vies, c’est lui qui vient perfectionner notre vie.
On reproche parfois aux chrétiens de ne pas être mieux que les autres, et c'est terriblement vrai. Mais ce n'est pas le sujet, car Jésus est venu pour les malades et les pécheurs que nous sommes tous.
Ce n'est pas parce que tout était parfait dans leur vie que les apôtres ont été appelés par Jésus. Mais en acceptant de suivre Jésus, en marchant avec lui, Jésus va lui-même régler leur vie sur la sienne. Il en va de même pour chacun de nous et l'Esprit Saint est celui qui vient réaliser cette oeuvre en nous.
Pour le dire autrement, il ne suffit pas de dire : « J'ai fait mon baptême, j'ai fait ma confirmation, j'ai fait ma première communion. » - vous n'avez rien fait - mais de laisser l'Esprit Saint transformer vos vies.
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Vous vous souvenez de l'image utilisée par Jésus : « On ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres. » A vin nouveau il faut de nouvelles outres, sinon les vieilles outres éclatent et on perd le vin nouveau.
Souvent nous voulons le vin nouveau et nous voulons garder les vieilles outres. Ce n'est pas possible.
Pour faire cette oeuvre en nous, le Seigneur a besoin de notre consentement, de notre « oui ».
Je vous invite aujourd'hui à dire au Seigneur, ou à lui dire de manière nouvelle, votre « oui ». « Oui, je veux bien que tu agisses en moi. »
D'une certaine manière, Jésus s'adresse à vous : « J'ai besoin de toi comme missionnaire, j'ai besoin de toi pour manifester mon amour à ceux qui t'entourent. »
Vous avez entendu la seconde lecture, tirée de la Lettre de saint Paul aux Galates. Il insiste sur la distinction entre les actions de la chair - impureté débauche, sorcellerie, haine, violence, jalousie - et les fruits de l'Esprit Saint - joie, paix, bienveillance, bonté, douceur, maîtrise de soi. Ce sont les fruits de l'Esprit, mais nous devons aussi choisir et donc renoncer à ce qui leur est contraire. C'est tout le sens de la question qui vous sera posée au début de la profession de foi : « Pour suivre Jésus, renoncez-vous au Mal et à tout ce qui conduit au péché ? »
Nous sommes la veille de la fête de la Pentecôte, nous venons d'entendre le récit, dans le livre des actes des apôtres, sur l'événement de la Pentecôte.
La Pentecôte est d'abord une fête juive. On y fait mémoire du don de la Loi à Moïse sur la montagne du Sinaï et de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Le matin de la Pentecôte, d'une certaine manière, se réalise ce que les prophètes de l'Ancien Testament avaient annoncé.
La loi n'est plus seulement écrite sur des tables de pierre, une loi extérieure à nous, que l'on doit respecter. Mais elle est inscrite par l'Esprit Saint dans le coeur des apôtres et des premiers disciples. « Je mettrai ma loi au fond de leur être et l'inscrirai dans leur coeur » ; « Je vous donnerai un esprit nouveau, je mettrai en vous un coeur nouveau. Je mettrai en vous un esprit nouveau. »
Voilà ce que le Seigneur veut achever en vous par le Sacrement de la Confirmation. Aimer Dieu et aimer les autres n'est plus un commandement extérieur, mais un feu brûlant dans nos coeurs.
Le matin de la Pentecôte l'Esprit Saint promis par Jésus fait irruption. Les apôtres sont libérés de la peur. L'Esprit Saint fait sortir d’eux-mêmes les apôtres et les transforme en en annonciateurs des grandeurs de Dieu, que chacun commence à comprendre dans sa propre langue. L'Esprit Saint infuse la force pour annoncer la nouveauté de l'Évangile avec audace, à voix haute, en tout temps et en tout lieu, même à contre-courant.
Jésus veut des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle, non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu.
Par le Sacrement de la Confirmation, nous sommes constitués missionnaires.
Pour conclure, je vous livre ces propos du pape François :
« La mission n'est ni une partie de ma vie, ni un ornement que je peux quitter, ni un appendice, ni un moment de l'existence. Elle est quelque chose que je ne peux pas arracher de mon être si je ne veux pas me détruire. Je suis une Mission sur cette terre et pour cela je suis dans ce monde. Je dois reconnaître que je suis comme marqué au feu pour cette mission, afin d'éclairer, de bénir, de vivifier, de soulager, de guérir, de libérer. Être avec les autres et pour les autres. »
« Marqué au feu pour la Mission » pourrait être une définition de la Confirmation.
Mgr Yves Le Saux
Evêque d’Annecy