L'écologie intégrale
L’écologie intégrale, qu’est-ce que c’est ?
C’est un terme employé par le pape dans son encyclique Laudato si’ pour indiquer que si nous parlons d’écologie, il s’agit de voir large et de tenir compte de tout.
C’est prendre conscience que tout est lié, que tout se tient : l’humain et la nature, l’économie et la politique, le local et l’international, les religions et les sciences… C’est réaliser qu’oublier le bien commun, exploiter inconsidérément les ressources naturelles, dégrader les conditions de travail, la qualité relationnelle, les cadres de vie, faire passer la logique du profit avant le respect de l’homme… et le fragile équilibre de la vie se brise : nous en mesurons de plus en plus les dégâts.
Depuis les premiers néo-ruraux des années 70, jeunes citadins en quête d’une vie plus saine, plus proche de la nature, hors d’un système qui apparaissait déjà vide de sens et destructeur (voir le rapport du Club de Rome, 1972 : Halte à la croissance), du chemin a été parcouru. Pionniers idéalistes, ils expérimentaient les premiers panneaux solaires, cultivaient leur potager selon les nouvelles règles du jardinage biologique, fabriquaient des tommes de chèvre, filaient et teignaient la laine, faisaient parfois l’école à la maison pour leurs enfants, limitaient leurs déplacements et tous les achats de consommation superflus. Regardés comme des marginaux, beaucoup sont revenus dans le rang ; d’autres comme Pierre Rabhi et sa fille sont devenus modèles et porte-parole d’une autre manière de vivre, celle justement que le pape soutient et détaille dans son encyclique.
Aujourd’hui, c’est à l’échelle citoyennes que les choses bougent. Les consciences s’éveillent et des initiatives voient le jour pour une vie plus simple et plus respectueuse de l’environnement (circuits courts, permaculture), plus éthique et équitable (monnaies locales, finance solidaire, commerce équitable). On crée des associations pour mettre en commun les savoirs et pour agir (supermarché coopératif, village qui s’organise autour de projets créateurs de lien social et producteurs de produits bio diversifiés, reconversion de friches urbaines en maraîchage, villes qui visent à l’autonomie alimentaire ou énergétique).
Des livres paraissent pour aider à construire ce monde de demain dans différents domaines. Le titre Méditer puis agir (collection : Je passe à l’acte) met bien en évidence la nécessité de se sentir relié à un tout qui donne le sens et la direction d’une vie plus juste et plus solidaire.
Bien sûr, ce sont des expériences isolées, mais elles montrent que c’est possible, que les mentalités évoluent et qu’un projet politique mobilisateur peut voir le jour si les autorités sont partie prenante.
Deux modèles de société, encore inégaux en force, se font face. Des scientifiques disent que nous n’arriverons pas à éviter la catastrophe mondiale. Alors Qu’est-ce qu’on attend ? (Titre d’un film sur une initiative collective). Les résistances sont fortes à tous les échelons : nos inerties, notre confort, l’énergie et l’engagement que demandent les fonctionnements participatifs, les intérêts financiers de tous les acteurs du système, la difficulté à penser autrement.
D’où l’importance de l’éducation, de l’enseignement des nouvelles disciplines comme l’agroécologie, les énergies renouvelables, d’autres modèles économiques.
Nous sommes attendus dans un basculement complet de nos mentalités ; et le pape y contribue grandement avec Laudato si’, encourageant toutes les personnes de bonne volonté et d’autant plus les chrétiens à se mettre en marche. Quelle joie : nos nuits sont enceintes (Elena Lacida, économiste).
(Anne Bielawski-Jacquet
Equipe de Megève)