Réconciliation — VEA

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Réconciliation

Hymne à l'amour

RÉCONCILIATION - HYMNE À L'AMOUR

La nouvelle m’est tombée dessus, sobre et décolorée : Gaelle est décédée avant-hier à la suite de trois années de combat contre un cancer du sein.

Gaelle, c’est l’une de mes nièces, elle avait 44 ans. Son mari lui a dit tendrement : « Tu peux partir, mon amour, pars, je prendrai soin des enfants… »

Elle a poussé son dernier soupir dans ses bras. Délivrance, fin de la souffrance physique, confiance en la mort résurrection, porte vers la vie éternelle…

Gaelle laisse derrière elle trois jeunes gens magnifiques, trois garçons que je n’ai jamais rencontrés jusqu’à ce jour funeste. Mais je les ai écoutés chanter leur amour pour leur maman, « Tu es une guerrière, maman ! » … Oui, sur Utube, ils ont mis en musique leur amour pour leur maman Gaelle avec ferveur, et leur hommage est allé au plus profond de mon cœur, balayant trente-deux années de silence et d’incompréhension. J’ai éprouvé, devant tant d’amour clamé avec tant d’énergie, le besoin irrépressible d’aller dire adieu à Gaelle dans ce pays de Dordogne qu’elle aimait. La nature aux couleurs d’un automne flamboyant nous a accompagnés, Yveline et moi, le long des 700 kilomètres nous séparant du lieu de sépulture.

Trente-deux années que je n’avais pas vu mon frère aîné, plus âgé que moi de cinq ans… Désert sans joie traversé dans une nuit d’incompréhension aride et stérile…

Nos chemins se croisent malgré eux, mais nos regards s’évitent. De notre esprit nous chassons chacun la pensée de l’autre. C’est à celui qui ignorera le mieux l’existence de l’autre…

Il ne s’est pas rendu compte, quand j’ai commencé à parler mariage et qu’il a manifesté son opposition à ce mariage, qu’il empiétait sur le domaine inaliénable et sacré de ma vie privée. Il a voulu me protéger, lui qui m’avait sauvé de la noyade à Brazzaville, sans voir qu’il m’empêchait de vivre..

J’ai décidé de rompre les amarres pour vivre ma vie. Nos enfants ont fait les frais, c’est triste à mourir, de notre embrouille. Mais chacun a tracé son chemin du mieux qu’il a pu.

Je l’ai vu arriver à l’église marchant voûté avec une canne, vision d’un vieil homme que je n’aurais jamais imaginée.
En sortant de l’église et sur le chemin du cimetière, j’ai prié ma nièce Gaelle de me prêter sa force pour aller vers son père. J’ai touché son épaule, il a fait mine de se détourner. Je lui ai parlé avec douceur, il s’est rapproché. Au bord des sanglots, dans une émotion contenue, nous avons échangé des paroles de paix, longuement.

(Le 27 octobre 2021, Philippe G)