La joie dans les psaumes
La joie... dans les psaumes
La joie est présente à travers toute la Bible. Je voudrais vous proposer un petit parcours à travers les psaumes. Le psautier est LE livre de prières d'Israël et de l'Église. Il est bon de nous rappeler que Jésus, comme tout bon juif, a prié les psaumes.
Dans les psaumes, on retrouve toutes les situations que vivent les hommes et tous les sentiments qui peuvent nous animer : la révolte, le désir de vengeance, l'incompréhension, la détresse, l'appel au secours, la confiance, la contemplation, la joie, la louange...
Les psaumes nous proposent une progression spirituelle qui, à travers joies et peines de toute vie, nous mène vers la joie, la louange de Dieu et de ses bienfaits pour l'homme. Le premier mot du premier psaume est le mot « heureux » : Heureux est l'homme qui ne suit pas le conseil des impies, ni dans la voie des pécheurs ne s'arrête... mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit. (Ps 1) Le dernier psaume est un immense éclat de joie : Alléluia ! Louez Dieu dans son temple saint, louez-le pour ses actions éclatantes... Et que tout être vivant chante louange au Seigneur ! Alléluia ! (Ps 150). Entre les deux, il y a place pour toutes les situations et tous les sentiments humains. Mais toujours, le croyant s'adresse à quelqu'un, à son Dieu.
Je m'arrête, dans cet article, à la manière dont les psaumes expriment la souffrance et les épreuves et nous aident à les traverser pour rencontrer la joie. Nous pouvons regarder de plus près le psaume 22 (21), que le Christ a commencé à réciter sur la croix (Mc 15,34) : passage de l'abîme à la joie. Et aussi le psaume 130 (129) : le de profundis. Le même cheminement se retrouve dans beaucoup de psaumes.
La douleur s'exprime, souvent, par un cri. S'exprimer permet déjà de ne pas s'enfermer. « Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? J'ai beau rugir, le salut reste loin... » (Ps.22)
« Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur... » (Ps 130).
« Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions... » (Ps 137).
« Jusqu'à quand m'oublieras-tu, Seigneur ? Jusqu'à quand mettrai-je en mon âme la révolte, en mon coeur le chagrin ? » (Ps 13).
II y a un appel au secours. On sait que seul on ne s'en sortira pas. « Toi, Seigneur, ne sois pas loin ; vite à mon aide ! Sauve-moi de la gueule du lion... » (Ps 22).
« Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille soit attentive au cri de ma prière... » (Ps 130).
« Regarde, réponds-moi, mon Dieu, illumine mes yeux... » (Ps 13).
« Dieu, vite à mon secours ! Ne tarde pas... » (Ps 70).
« Souviens-toi... » (Ps 137).
« Vers toi, mon Dieu, j'appelle, mon rocher, ne sois pas sourd... » (Ps 28).
Le souvenir et le rappel de l'œuvre de Dieu ouvrent à l'expression de la confiance. « Il n'a pas dédaigné la pauvreté du pauvre, mais, invoqué par lui, il a écouté... » (Ps 22).
« Près de toi se trouve le pardon ; je compte sur sa parole ; mon âme attend plus sûrement le Seigneur qu'un veilleur n'attend l'aurore. » (Ps 130). « Je me souviens de tes hauts faits... Tu guidas comme un troupeau ton peuple par la main de Moïse et d'Aaron... » (Ps 77).
« Venez et voyez les gestes de Dieu. Que notre joie soit en lui ; les yeux sur les nations, il veille... » (Ps 66).
« Seigneur, tu es pardon et bonté, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent... » (Ps 86).
« Je me souviens des jours d'autrefois. Je me redis toutes tes œuvres... » (Ps 143).
Tout ce cheminement aboutit à l'action de grâce et ouvre à l'espérance.
« J'annoncerai ton nom à mes frères; en pleine assemblée, je te louerai... Les pauvres mangeront et seront rassasiés. Ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent. La terre entière se souviendra et reviendra au Seigneur... » (Ps 22).
« J'espère le Seigneur de toute mon âme; auprès du Seigneur est la grâce, l'abondance du rachat. » (Ps 130).
« Rendez grâce au Seigneur, car il est bon ! Éternel est son amour ! » (Ps 18). « Que tout être vivant chante louange au Seigneur ! » (Ps 150).
Les psaumes nous donnent une leçon de vie et de prière. Ils nous indiquent un cheminement à suivre pour que nous puissions vivre et traverser nos épreuves vers plus de vie. En voici, me semble-t-il, les principales étapes.
D'abord reconnaître notre souffrance et les sentiments qui les accompagnent, y compris la révolte. Les nommer et les dire à quelqu'un, à Dieu. Cela permettra que ces souffrances ne nous renferment pas sur nous-mêmes et ne nous écrasent pas ; elles nous font entrer en relation. Les dire, les met, en quelque sorte, face à nous-mêmes. Je ne m'identifie pas à ma souffrance ; elle n'est qu'une partie de moi-même.
Savoir appeler à l'aide - sortir de l'isolement : nous avons besoin du médecin, de l'infirmier, de la famille, d'amis... La souffrance qu'on ne peut éviter, il faut la « porter ensemble ». On a souvent peur de demander, peur de déranger. Il faut dépasser cela.
S'ouvrir à l'espérance. Pour ne pas nous enfermer dans notre souffrance, nous avons besoin de voir tous les autres aspects de la vie. La vie continue : famille, amis, engagements. Sans forcer, il est important de maintenir et d'entretenir les liens. Nous verrons alors qu'il y a de belles choses qui se réalisent autour de nous et avec nous.
Les psaumes nous aident à ne pas nous sentir seul : ce qu'expriment ces cris, nous le comprenons, nous le partageons, ce sont aussi les nôtres. Nous faisons partie d'un peuple, d'une humanité, d'une Église. Avec tous ces priants, nous comprenons que Dieu ne nous abandonne jamais ; il est le fidèle, Seigneur de tendresse et de bonté, lent à la colère et plein d'amour. Comme la tendresse d'un père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint ! Son amour demeure de toujours à toujours pour ceux qui gardent son alliance (Ps 103).
Je recommande vivement le numéro spécial de la revue Prier : les psaumes. Puissent les psaumes éclairer nos situations d'épreuve et les acheminer vers la joie.
Qui sème dans les larmes moissonne en chantant ! (Ps 126).
Clément Jung (ENAD)