Catholiques 74 - septembre

Édito

"Rester en éveil et en accueil"
par Marie-Pascale Saubiez

Nous associons spontanément la rentrée avec la reprise, un retour à de l’habituel, voire à une routine après la parenthèse de l’été. Certains d’entre nous peuvent attendre cette reprise avec plus ou moins d’impatience, heureux de retrouver un certain cadre de vie, et le réseau de relations sociales qui va avec. D’autres, au contraire, voudraient prolonger le temps de l’été moins marqué par les contraintes, plus libre.
Comment regardons-nous venir ce temps de rentrée ? Heureux des retrouvailles à venir ? Impatients à l’idée de mettre en oeuvre de nouveaux projets ? Un peu inquiets devant un engrenage qui nous emmènera de rendez-vous en réunions, et encore, sans avoir le temps de souffler ?

Abordant pour la première fois la rentrée comme « retraitée », je m’interroge devant les cases noircies ou vierges de mon agenda. Je repense à ce petit pincement d’inquiétude de certaines rentrées devant tant de choses déjà programmées. Je regarde avec un peu de tournis tant de cases vides ces prochains mois. En fait, le plein comme le vide peuvent être rassurants ou angoissants selon comment on se positionne. Mais aujourd’hui, je me dis que l’enjeu est ailleurs : il faut sortir de cette dualité plein / vide, de la course des choses à faire. L’enjeu n’est pas tant de remplir, de construire et organiser le temps qui vient, que de l’accueillir. Même si je sais bien qu’il faut garder une vigilance sur l’agenda pour l’équilibre de vie et l’accomplissement de la mission. Mais la question qui m’habite est : comment accueillir ce qui vient, programmé ou non, comme un cadeau que Dieu nous donne ? Comment accueillir ce qui vient comme une occasion de lui rendre grâce, de partager avec d’autres ses merveilles, d’approfondir notre confiance en lui au coeur des difficultés ? Comment accueillir ce qui vient comme un donné, et une occasion d’aimer, et même d’aimer davantage ?

Il s’agit déjà de prendre un peu de recul par rapport à la course du temps, pour ne pas nous laisser engloutir, mais aussi pour éviter de tout survoler sans nous laisser atteindre par rien.
Dans cette perspective, des attentions simples comme écrire sur l’agenda des rendez-vous réguliers avec son Seigneur, prendre chaque jour un temps d’intimité avec lui, permet de garder une ouverture intérieure à ce qui vient et maintenir vivant le lien filial. La relecture de journée, sous l’angle « ai-je saisi les événements du jour comme occasion d’aimer davantage ? » permet d’installer et de faire grandir en nous cette attitude intérieure.
S’obliger à ne pas tout remplir en gardant quelques créneaux vides, est une attention symbolique qui donne la capacité matérielle à dire oui à l’inattendu… Chacun trouvera les petits moyens de rester en éveil et en accueil, pour vivre intensément le présent, le coeur serein de la certitude que nous sommes dans la main de Dieu, qu’il nous conduit.

Dieu nous appelle à aimer pour le faire connaître, pour faire connaître son amour infini pour chacun. C’est pourquoi il n’est pas de mission sans amour. Pour lui répondre, dans nos diverses missions comme dans la vie quotidienne, gardons au coeur ces questions : comment j’accueille ce qui m’arrive aujourd’hui, que ce soit planifié, inattendu, le fruit d’une erreur ou d’un changement inopiné de programme, que ce soit attendu ou redouté, que ça me mette le coeur en fête ou en miettes, comme un lieu où Dieu me donne quelque chose ? Comment je fais de ce qui arrive, de ce qui m’arrive, une occasion d’aimer, et d’aimer avantage ?
Belle rentrée à chacun, riche de l’amour de Dieu partagé entre nous !

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